A sept mois des élections présidentielles au Mali, les observateurs de la scène politique sont partagés entre l’incertitude et l’angoisse tant il y a péril en la demeure. Le nord et le centre échappent à tout contrôle de l’Etat central, certaines parties du sud, surtout les régions non opérationnelles menacent de boycotter les élections sans une suite favorable à leur revendication. Le gouvernement semble pris entre ces deux feux. Face à ces multiples crises et surtout à ce qui s’apparente à un aveu d’incompétence du gouvernement, IBK a deux options ; ou bien renoncer à un second mandat comme l’a fait le président Hollande, ou alors provoquer une autre crise qui pourrait déboucher sur une transition pleine d’incertitudes.
Après le report des élections régionales, locales et communales partielles, l’incertitude plane désormais sur la tenue des élections générales, tant présidentielle que législatives en 2018. Les raisons de cette incertitude sont à chercher dans celles qui sont à la base du report des élections du 17 décembre 2017, à savoir l’insécurité qui n’est plus résiduelle mais généralisée. A sept mois des élections de 2018, aucun signe ne présage d’un meilleur lendemain et sécurisé tant il y a l’inaction voire l’inertie de la part du Gouvernement. Les attaques ont doublé d’intensité et de fréquence et face à cela, le gouvernement ne semble pas presser. Le G5 Sahel qui est aujourd’hui censé être la force réactive tarde à être véritablement opérationnel, alors qu’il y a une réelle course contre la montre pour sécuriser au mieux les zones de turbulences afin que ces élections, considérées comme cruciales pour le Mali, puissent se tenir. Mais malheureusement, ce schéma est loin d’être probable au regard de l’expansion et de l’exacerbation de la crise sécuritaire. Toutefois, face à cette menace gravissime, deux options s’offrent au Président de la République. La première consiste à tenir les élections, soit en se présentant, soit en imitant son ami et camarade de l’International socialiste, M. François Hollande, en renonçant à briguer un second mandat. La deuxième option consiste à déclarer l’impossibilité à tenir le scrutin à date échue et de convier toutes les forces vives de la nation pour aller à une courte transition d’un an assortie d’élection libre et transparente. A défaut de toutes les variantes citées, le président IBK laisserait la situation sécuritaire pourrir davantage, et en juillet 2018, mettant les Maliens devant le fait accompli, il chercherait à colmater les brèches en s’appuyant sur les autorités coutumières et religieuses. Cette équation est à plusieurs inconnues et porteuse de tous les dangers, surtout après la mauvaise expérience vécue en 2012 suite au coup d’Etat de la junte de Kati. Le Mali doit tout faire pour éviter un tel scénario.
En définitive, la grandeur d’un homme ne se mesure pas à la place qu’il occupe, mais aux actes de bravoure qu’il pose. Le Président IBK a encore une fois de plus rendez-vous avec l’histoire. Autant il a évité au Mali, après la proclamation des résultats des élections de 2002, de s’embraser, autant il doit encore éviter en 2018 que le pays brûle par ses errements.
Youssouf Sissoko
Source: infosepte mali