C’est ce samedi 9 avril 2016 que prend officiellement fin la campagne d’identification des clients des services de télécommunication du Mali. Contrairement à ce beaucoup croient, ce ne sont pas que les puces téléphoniques qui sont concernées, comme l’explique Sidi Mohamed Nimaga, secrétaire général de l’Agence malienne de régulation des télécommunications et postes (AMRTP) et président de la commission sur l’identification des abonnés. Lancée le 15 juin 2015, cette campagne, qui aura donc duré 300 jours, « a pour objectifs de s’assurer que tout numéro ou toute connexion a un propriétaire, d’avoir des statistiques précises, et de permettre la traçabilité d’un utilisateur (personne physique, ou morale) », précise-t-il.

Il s’agit d’une avancée dans le cadre de la sécurisation du pays, poursuit M. Nimaga. « Grâce à cette mesure, plus personne ne pourra pénétrer à l’intérieur du pays, user des moyens de communication en vue de perpétrer des attentats ou autres sans être tracé et retrouvé ». Des raisons qui ont toutefois eu du mal à faire adhérer les usagers qui ont, pour la plupart, traîner les pieds pour satisfaire cette requête. Et ce, malgré les sessions de sensibilisation menées dans tout le pays par l’AMRTP. « Les plus durs à toucher, ce sont les cyber-cafés à cause de leur nombre indéfini et de leur dispersion. Nous avons néanmoins réussi à avoir leurs gérants pour une réunion, afin de leur expliquer le pourquoi et le comment de cette nouvelle vague de sensibilisation », ajoute le secrétaire général, et ancien PDG de la Sotelma. « Moi, cette histoire d’identification ne me dit rien qui vaille. L’État veut juste en profiter pour nous espionner et pouvoir débarquer chez nous un jour pour nous enfermer », se plaint Abdoulaye, gérant d’une boutique d’alimentation. À quelques heures du délai fixé au 9 avril à minuit, les points d’identification des opérateurs téléphoniques sont saturés. « J’identifie plus d’une centaine de personnes par jour. Heureusement que le processus est simple et rapide, car le délai approchant, les gens prennent conscience de l’importance de cette identification et affluent pour s’enregistrer. Ils ont compris que c’est pour leur propre bien et la sécurité de tous », assure pourtant Aminata, agent d’identification. Cependant, malgré ce rush de dernière minute, il semble que près de la moitié des abonnés des deux opérateurs n’a pas encore effectué l’indispensable démarche. Dan ce cas, s’achemine t-on vers un report ?