Comment et quand le Mali sortira de cette crise sans précédent ? Ce sont les questions qui taraudent encore les esprits des observateurs. Mais, selon de bonnes sources, les problèmes actuels liés au Mali, l’empêchant de reprendre les rails, sont nés d’une véritable discorde intervenue entre le Président IBK et les chefs d’Etats de la sous-région.
Selon de sources diplomatiques, si au Mali encore sévit la crise, ce n’est que le fait des Maliens eux-mêmes. Notamment, au chef de l’Etat Ibrahim Boubacar Keïta qui, dans un élan de sourd, a expressément changé de cap pour tenter de régler la crise de manière utopique. C’est-à-dire, en excluant les principaux initiateurs du processus dès le début.
Arrivé au pouvoir en septembre 2013, le Président malien trouvait le dossier du septentrion de son pays sur la table de la CEDEAO : Première organisation internationale à venir au chevet du Mali en détresse. Laquelle organisation a, de par le dévouement et le sens de solidarité de ses chefs d’Etats, initié le projet d’intervention militaire, en compagnie de la France jusqu’au conseil de Sécurité des nations-unies. C’était en fin 2012, quelques mois après l’occupation des régions du nord du pays.
En rappel, c’est après l’émission de la demande ouest-africaine d’intervention militaire que la France l’a présentée au Conseil, soutenue par l’Union africaine. Après, intervient l’opération serval et ses alliés qui, ensemble ont chassé les jihadistes de plusieurs villes du nord.
Quelques mois après les élections présidentielles, il était prévu, le retour des Maliens à Ouagadougou. Mais, ce qui a surtout fâché les ouest-africains est que le nouveau pouvoir malien installé grâce à l’accord préliminaire de Ouagadougou ne voulait point y aller.
Pendant des mois, IBK a été supplié d’aller à Ouaga, mais avec ses raisons personnelles, il s’est opposé à la volonté de ses pairs. Ce qui en conséquence a créé un climat de méfiance entre lui et ces derniers.
Le samedi 30 mai dernier, lorsqu’il se tenait à Accra au Ghana une session extraordinaire de la CEDEAO, à l’effet d’examiner la situation sécuritaire régionale sous l’initiative du Président John Dramani Mahama, les chefs d’Etats, avaient constaté la volonté manifeste d’IBK de retirer le chef de file du dossier malien à la Cedeao au profit des Algériens. C’est pourquoi, quelques heures après la session, IBK se faisait imprévisiblement accueillir à Abuja chez Jonathan. En effet, il était venu solliciter Jonathan de l’aider à délocaliser le lieu des négociations. Tout sauf Ouaga.
En réponse dès la session qui a suivi, les chefs d’Etats et de gouvernements ont vu en IBK l’envie de leur retirer le mérite de conduire le processus à terme. Depuis lors, ils ont adopté la position commune de ne plus s’immiscer directement dans un tel dossier à polémiques. Et, hormis les relations Etat-Etat, rien de spécial ne s’entreprend de manière fraternelle entre IBK et ses pairs de la sous-région.
Dans la même veine, la France qui soutient toujours la Cedeao était obligée de mobiliser le roi du Maroc et une délégation du conseil de sécurité jusqu’à Bamako, en début février 2014. IBK est resté intraitable et est allé avec armes et bagages à Alger. Or, pour toujours essayer de le retenir dans la sous-région, les Marocains avaient proposé que le Niger devienne chef de file. Mais, solidaire au Burkina et fidèle à ses pairs, le Nigérien Issoufou a tout simplement décliné l’offre. Ce qui n’est pas faisable au nom de la CEDEAO, ne peut l’être à Niamey.
Par ailleurs, notre source d’ajouter que jusqu’à nos jours, l’union européenne tient à ce que la Cedeao reprenne le processus en main, malgré la réticence d’IBK et des Algériens.
Il nous revient aussi que l’Algérie a remué ciel et terre pour prendre les choses en main dans le but de faire signer un semblant d’accord et précipiter le départ des troupes françaises installées au Mali au sud de son territoire, zone de trafics de tous genres. Entretemps, Paris qui a tout fait pour que le dossier ne parvinsse pas à Alger, se contente soutenir le processus sur place. Le style est de ne pas être indexé comme étant metteur de pression.
En vérité, Paris qui veut longtemps rester dans le septentrion malien dans le but de lutter contre le terrorisme, ne voudrait aucune solution provenant d’Alger. Car le succès à Alger signifierait le départ français dans l’immédiat.
Pour les Algériens aussi, actuellement bien arcboutés sur le dossier, si la Cedeao règle la crise à elle seule, l’armée française restera éternellement là à pourchasser les terroristes jusqu’à son sud. Et pourtant, c’est de là qu’Alger déverse des terroristes, principaux trafiquants et marchands d’otages de la région. Le pouvoir Algérien le sait: la présence française dans la zone ne lui permettra plus de faire du nord du Mali son arrière cour comme d’habitude. L’attaque des sites gaziers d’In Amenas en janvier 2013 explique largement l’inquiétude algérienne.
Au fond, tout le monde sait que les rebelles maliens ne peuvent jamais s’opposer à la volonté de Paris. Et si toutefois, un règlement de la crise malienne à Alger arrangeait la France, elle aurait longtemps obligé le mnla et acolytes à signer le document algérien. On se souvient des ordres qui ont permis la signature de l’accord préliminaire de Ouaga en juin 2013.
Pour que le dossier reparte aux mains de la Cedeao, on y retrouve un quarteron d’alliés puissants qui ne soutiennent pas ouvertement la thèse : le Maroc, la France ironique, l’union européenne et le Niger, directement concerné et très écouté à l’ONU sur la lutte contre le terrorisme. Mieux, le mnla, actuellement basé au Maroc, ne peut refuser ce que voudrait son hôte chérifien. Mais au bout du compte, comment faire comprendre tous ces paramètres aux autorités bamakoises ? C’est le casse-tête international de nos jours.
En tout cas, en restant seul, sans allié sûr parmi ses pairs et frères de la sous-région, IBK fera plus qu’un mandat au pouvoir sans trouver la paix dans le nord.
Issiaka M Tamboura
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