fraîchement élu, Ibrahim Boubacar Keïta(IBK) dans une de ses envolées lyriques dont il avait seul le
secret, dans un français chatoyant, ânonne un chapelet de promesses sur la bonne gouvernance.
Pour rassurer son auditoire il dit : « La confiance, la grande, la très grande confiance placée en moi ne
sera jamais galvaudée ».
Puis, en parlant de justice, il ajoute : « Nul ne sera au-dessus de la loi. Elle
s’appliquera de manière égale à tous. Je mettrai fin à l’impunité, aux passe-droits qui sont à
l’origine du dévoiement des institutions judiciaires et étatiques». Ensuite en parlant de la bonne
gestion, il souligne : « La restauration de l’autorité de l’Etat se conjuguera avec une lutte sans répit
contre la corruption qui inhibe notre capacité à sortir du sous-développement économique et social.
En tant que Président de la République, je veillerai à la bonne gestion des deniers publics. Je
mettrai en place les mécanismes appropriés pour assurer la transparence et l’efficacité de la
dépense publique. Nul ne pourra s’enrichir de manière illicite sur le dos du Peuple Malien. »
On ne pouvait avoir meilleur programme pour un Mali plongé dans une crise inédite. Et, comme il avait
une opinion favorable acquise à sa cause, la majorité des maliens avaient pensé qu’il aurait pu sortir le
pays du gouffre dans lequel il était plongé.
C’est donc à juste titre et de bonne foi qu’il avait créé l’espoir chez la plupart des maliens. A l’époque
nous avions le 05 septembre 2013, au lendemain de son investiture, écrit dans un journal de la place un
article intitulé : « IBK président : vers un changement radical ». Nous avions été à l’époque conforté, dans
notre optimisme dans la mesure où le choix s’était porté sur un jeune technocrate compétent à la
primature, Oumar Tatam LY. Celui-ci, dans la formation de son gouvernement avait innové en créant
pertinemment deux nouveaux ministères : Ministère du Plan et de la Prospective et Ministère de la
Réconciliation nationale et du Développement des Régions du Nord. A l’époque nous avions salué cette
initiative en faisant des réserves sur la dénomination du 2 ème ministère en sa partie « Développement des
Régions du Nord. » Malheureusement, ce gouvernement n’a duré que six (6) mois : 05 septembre 2013-
05 avril 2014. Et, durant tout son premier mandat (2013-2018), il n’y a eu que des gouvernements que
l’on pourrait qualifier d’éphémères. Que peut-on attendre de tels gouvernements ?
Au lieu de les atténuer, faute de pouvoir les éliminer, les disfonctionnements de la marche de l’État qu’il
avait fustigés, furent accentués, entraînant un désappointement général, donnant ainsi raison à certains de ses camarades qui disaient qu’il n’avait pas l’étoffe d’un homme capable d’assumer la fonction
présidentielle. Et, malheureusement sensible aux propos de ses laudateurs, il n’avait pas compris que le
2 ème mandat qu’il avait sollicité auprès du peuple malien, était un mandat de trop.
C’est à l’histoire de porter un jugement sur le président qu’il a été pour notre pays. Pour le reste, il est
incontestable que, Ibrahim Boubacar Keïta(IBK) était un humain au vrai sens du mot : un homme de
partage, fidèle à ses amitiés, très sensible et quelque peu émotif. Et, quoique taxé de francophile, les
présidents français n’ont pas pu obtenir de lui tous leurs desiderata. Ils le trouvaient plutôt roublard quand
il s’agissait de défendre les intérêts du Mali. La preuve, concernant les fameux accords pour la paix, le
président français a déclaré au moment de la première phase de la transition dirigée par MBah DAO, que
cette équipe avait en 6 mois, fait des avancées plus qu’IBK en 7 ans !
Dors en paix président IBK ! Qu’Allah, le Tout Puissant vous accueille dans son paradis ! Amine !
…sans rancune
Wamseru A. Asama