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IBK : « des têtes vont tomber au sein de la hiérarchie militaire, et pas seulement »

INTERVIEW (PRESQUE) IMAGINAIRE

Le président de la Rue publique est d’une humeur massacrante. Bonnet noir vissé sur la tête, et lunettes noires sur le nez, il est assis, seul, dans une chaise, au bord de la piscine. Arrivés à sa hauteur, il nous invite, d’un geste de la main, à prendre place à ses côtés. C’était, dimanche dernier, dans la matinée, à sa résidence privée de Sébénikoro. Pour détendre cette atmosphère morose, nous entamons l’interviou par une question provocatrice. Histoire de le détendre un peu, afin de le rendre plus réceptif aux questions suivantes.

Comment dois-je vous appeler ? Mon « Beau » ? Ou Mr le président ?

Je te vois venir Le Mollah ; mais je ne tomberai pas dans ton piège. Pourquoi veux-tu m’appeler ton « Beau » ? Encore que je n’en suis pas un. Toi, tu es de Goundam, un bled paumé, perdu quelque part dans la région de Tombouctou ; alors que mon épouse, elle, est de Bourem, dans la région de Gao.
Mieux, depuis que quatre ans que je t’accorde cette interview pour des raisons que seul moi connais, m’as-tu jamais appelé mon « Beau » ? Tu m’as, toujours, appelé Mr le président. Je ne vois pas pourquoi, cela doit changer aujourd’hui. Mais je sais pourquoi : si tu veux m’appeler ton « Beau », c’est pour en profiter pour me poser des questions indiscrètes, pernicieuses. Si jamais cela devrait arriver, je demanderai à Sékouba, mon garde du corps, de te tordre le cou, avant même que ta « sœur » ne s’en rende compte.

Mon « Beau », pardon Mr le président, les populations sont au bord de la psychose, avec toutes ces tueries perpétrées au sein de nos camps militaires et dans la société civile…

Le Mollah, cela fait près de 24 heures que je n’ai pas mangé, ni bu. Je n’arrive plus à fermer l’œil, à cause de ces tueries, qui n’épargnent ni les civils, ni les militaires.
Après le massacre des 26 militaires à Dioura l’autre semaine, une centaine d’autres civils, essentiellement des peulhs, viennent d’être massacrés à Ogossagou –Peulh, par des hommes armés déguisés en chasseurs Dozo. Cela ne peut plus durer.

Les populations sont en colère, surtout les familles des militaires, qui estiment que leurs époux et fils ont été envoyés à l’abattoir par des officiers, lesquels disent-ils se la coulent douce, au frais, à Bamako…

Ils n’ont pas tort de voir les choses comme ça. Je profite, encore une fois, de votre micro pour leur présenter mes condoléances et souhaiter prompt rétablissement aux blessés.

Mr le président, qu’est-ce qui n’a pas fonctionné ? Est-ce que ce sont les officiers supérieurs, chargés d’élaborer les stratégies, qui sont en faute ?

Je ne veux jeter, ici, la pierre à personne. Surtout, dans un domaine aussi sensible. Mais, trop c’est trop !

Quelles mesures entendez-vous prendre pour que pareilles horreurs ne se reproduisent plus dans notre pays ?

Il faut que des têtes tombent ! Et des têtes vont tomber !

Des têtes avec couronne ou des têtes sans couronne ?

Crois-moi, Le Mollah, qu’elles soient couronnées ou pas, des têtes vont tomber. Il est inadmissible, désormais, que nos soldats se fassent surprendre par l’ennemi, au moment où ils surfaient sur Facebook, ou sirotaient leur thé.
Ces mauvaises habitudes doivent disparaître au sein de nos forces armées et de sécurité. Pour cela, il faut des hommes de rigueur à certains postes clés.

Les femmes des camps de Kati avaient réclamé le limogeage de la hiérarchie militaire. Avez-vous eu vent de cette revendication, partagée par la quasi-totalité des épouses de militaires ?

Bien sûr ! Et s’il faut passer par là pour que notre armée regagne du terrain, je le ferai. Sans sentiment.

Les frasques de certains officiers supérieurs, au moment où nos forces armées et de sécurité sont attaquées de toute part, a suscité colère et indignation au sein de l’opinion publique nationale et internationale. 
Qu’allez-vous faire, désormais, pour y mettre fin ?

Tout cela prendra fin ! Je demande aux Maliens de m’accorder quelques jours ; juste, quelques jours et vous verrez !

Propos recueillis par Le Mollah Omar

Source: Canard Déchainé

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