A quelques encablures de l’élection présidentielle dans un contexte d’insécurité en passe de se généraliser et où les ¾ du territoire échappent au contrôle de l’Etat, des voix commencent à s’élever pour proposer une transition parce qu’il est peu probable de tenir le scrutin à la date échue. Mais, sachant bien qu’une transition ne résoudrait pas les problèmes majeurs du pays, nous sommes fondés à croire qu’il est bien possible de tenir le scrutin présidentiel en juillet 2018. Quelles sont les hypothèses qui plaideraient en faveur de la tenue de l’élection présidentielle ?
Une transition en Afrique a toujours été une occasion pour certains leaders politiques ou de la société civile de se frayer un chemin afin de jouir des privilèges au grand dam de l’Etat. Elle est un consensus permettant aux acteurs du jeu politique de se partager le grand gâteau que constitue le pays, sans apporter les solutions idoines aux multiples défis qui se posent à la République. C’est fort de cette mauvaise expérience qu’il est souhaitable d’organiser les élections afin qu’un homme puisse être élu sur la base de sa vision et de son programme. Il est bien possible de tenir les élections en 2018 en admettant ces trois hypothèses.
Première hypothèse : faisant le constat de l’incapacité de l’Etat à organiser le scrutin présidentiel en 2018, la classe politique dans son unanimité peut solliciter la communauté internationale pour qu’elle s’implique dans l’organisation des élections. Ainsi, le scrutin sera tenu là où c’est possible, comme cela a d’ailleurs été le cas en 1992 pour le premier mandat d’Alpha Oumar Konaré, en 1997 pour son second mandat, en 2002 et 2007 avec ATT et même en 2013 avec IBK où on a tenu un semblant d’élection à Kidal. Si tous les acteurs politiques sont convaincus qu’une élection moins bien organisée pour doter le pays des institutions légitimes est préférable à une transition alors pourquoi ne vont-ils pas proposer ce schéma ?
Deuxième hypothèse : pour cela, il faut d’abord, de la volonté politique au niveau des plus hautes autorités du pays et ensuite, au sein de la communauté internationale, la détermination à accompagner le Mali. A ce moment, on peut conditionner la tenue de l’élection présidentielle à la stabilisation du centre. Pour ce faire, le G5 Sahel sera d’un apport considérable, appuyé dans cette dynamique par les forces étrangères présentes au Mali. Il est fort à parier qu’en déployant les moyens conséquents, en trois mois, les forces du G5 arriveront à stabiliser les foyers de tension, permettant ainsi la tenue des élections.
Troisième hypothèse : sortir de la logique territoriale qui fait des trois régions du nord les 2/3 du territoire, en adoptant la logique démographique. A ce moment-là, nous allons avoir avec les trois régions réunies moins de 20 % de la population. Pour ne pas priver 80% des maliens de leur droit de vote, il serait préférable de tenir les élections là où c’est possible en prenant les mesures sécuritaires nécessaires. Cela éviterait au pays d’être plus fragilisé et de connaitre d’autres déboires.
Youssouf Sissoko