Dans une interview qu’il nous a accordée, la Figure populaire de la commune V du District de Bamako et non moins président de l’ADP-MALIBA qui vient de quitter la majorité, l’honorable Thiam évoque l’actualité du moment. Il donne aussi des pistes sur la future destination du parti, prêt à croiser le fer aux communales annoncées pour le 20 novembre.
Le Point : Quel regard portez-vous sur la gouvernance IBK ?
Honorable Thiam : Comme tout Malien, on voit ce qui se passe. Etant entre-temps de la majorité, l’ADP avait pourtant décrié la mauvaise gestion de la crise qui a beaucoup de ratés dans l’approche du défi d’application. Quand Dioncounda Traoré passait la main à IBK, Kidal était encore malien, mais au fil des années, on s’est retrouvé à la table des négociations, contre notre gré, à cause de la fameuse «fanfaronnade politique». L’ADP-MALIBA déplore la mise en œuvre faite de façon clandestine, malgré les propositions que nous avions faites aux parties signataires. La gestion de la crise n’est aucunement inclusive et elle ne fait que s’enliser. Aussi, les scandales financiers sont devenus monnaie-courante. J’avais maintes fois appelé la justice à se saisir des dossiers pour entamer, au plus vite, les poursuites. De 2014 à nos jours, on ne peut finir d’en citer, alors qu’aucune action concrète n’a suivi, bien que les auteurs soient connus. Ignorer le fait politique nous amenait souvent à prendre nos distances su certaines actions politiquement incorrectes de la CMP.
Malgré la Loi de programmation militaire, pas grand-chose au delà des attentes. Ila fallu qu’arrivent les drames de Nampala pour que l’Exécutif fasse allusion au matériel militaire aérien. Nous reprochons donc le manque de cap du pouvoir que nous avons soutenu durant 3 ans sur la base d’actions sincères pour le bonheur des Maliens.
Que répondez-vous à ceux qui estiment que votre départ est le fruit dune non-sélection au nouveau gouvernement (Modibo III) ?
Notre engagement n’est pas lié a un poste politique, bien qu’après autant de gouvernements crées, je peux confier ceci : la CMP n’a jamais été consultée à la constitution des 5 gouvernements qui ont vu le jour. Pourtant, IBK avait dit dans la foulée de son élection que chaque chef de parti devait apporter une visibilité au groupe majoritaire. Mais, la gestion cavalière de l’Etat a eu raison de tout et chacun a négocié à son propre compte, au détriment du Collectif.
L’ADP-MALIBA a accompagné le président du Mali, en disant ce qui ne va pas, en faisant même des propositions écrites dans ce sens. C’est bien ce qui nous différencie de l’opposition qui critique et peint tout en noir. Nous sommes les seuls à avoir une école du Parti qui inculque des valeurs patriotes et citoyennes sur la base de réelles convictions. Donc, tout acte posé par l’ADP est bien réfléchi avec les arguments appropriés.
L’actuel gouvernement n’incarne pas la volonté réelle du peuple. De surcroît y figurent des personnes qui ont pris les armes contre le Mali et qui n’ont pas été reconnues par les mouvements dont elles se réclament. L’ADP se révolte contre cette attitude du chef de l’Etat, qui n’est pas judicieuse. IBK a fait preuve d’amateurisme dans le choix des hommes. Ce qui peut expliquer les instabilités départementales de certains ministères, depuis son arrivée au pouvoir.
Pensez-vous à une atmosphère hostile politique lors de communales ?
Le RPM a eu à faire des listes contre-nature. Nous comptons sur nos propres efforts. Et c’est ce qui nous a permis d’avoir les 4 députés connus de tous. Vu que ce sont des élections proportionnelles, les affinités locales déterminent leurs issues. Par contre, beaucoup seront surpris au sortir des communales, car nous informons avons été sollicités par la CMP et la VRD pour donner notre soutien aux candidats finalistes des partielles. L’implantation de notre parti jouera beaucoup, mais nous saurons faire la différence. Notre actuelle position centriste nous permettra de choisir librement notre camp, sans pression.
Comment se porte l’ADP-MALIBA ?
Nous sommes sur le terrain. On a eu à faire une tournée mondiale afin d’avoir l’avis de la base sur le départ définitif de la CMP durant le mois de juillet. Ceux qui pensent que nous sommes de facto dans l’opposition, se trompent. Et j’insiste sur le fait que l’école du Parti saura contenir nos militants qui arrivent en masse, afin d’avoir une prise de conscience nationale et s’impliquer sur les défis de la relance du bien commun : le Mali. Une Conférence nationale situera l’opinion sur notre future orientation politique. Donc, l’opposition, le centre politique malien ou une plateforme de la majorité, rien n’est à exclure. Les partis qui ont les mêmes préoccupations seront avec nous. Nous misons sur la durée et n’avons rien à perdre, car nous mesurons la portée de nos choix. D’ailleurs, des partis de la CMP se sont proposé de nous rejoindre pour créer une force politique nouvelle et ce ne sont pas des formations à minimiser. L’ADP aura une nouvelle politique de communication afin que le Malien soit informé de ce que nous entreprenons à tous les niveaux, que ce soit à l’intérieur ou hors du Mali. Ça ne fait que commencer !
Propos recueillis par Idrissa Keita