C’est avec une grande déception que j’ai appris le démission de M. Soumeylou Boubeye Maiga, Premier ministre du Mali, ce jeudi 18 avril 2019. Pour moi, il est un homme politique convaincu et un homme de principe qui a dédié son combat politique au service du Mali. Très apprécié, aussi bien au Mali, qu’à l’extérieur du pays, il a su, le long de sa longue carrière politique, bâtir un carnet d’adresse qu’il a mis ensuite au service du Mali.
Très tôt membre du mouvement démocratique en 1990 et par la suite membre fondateur de l’Adema ( qui gouverna le Mali de 1992 à 2002 ) . Tout le long de son cheminement, il a forgé un caractère qu’on peut assimiler au principe suivant : «le silence face à l’injustice est un crime». N’est-il pas celui qui disait au général Moussa Traoré qu’une croissance qui ne profite pas au peuple est un vain effort de l’état.
L’histoire politique du Mali retiendra de lui un grand patriote, unique en son genre, le sauveur de la démocratie qui a osé organiser la dernière élection présidentielle considérée comme impossible à l’époque.
En 2018, M. Soumeylou fut l’artisan du programme politique du Président IBK «Transformer et servir le Mali ». Depuis, il n’a cessé de répéter que pour «Bâtir ensemble une nation malienne plus juste, plus équitable, plus inclusive qui respecte nos différences et qui est pour un développement durable» il faut que les maliens soient unis et solidaires. Dans ce nouveau Mali, le secteur privé jouera un grand rôle et l’intégration sous regional servira de levier.
Mahatma Gandhi ne disait-il pas qu’: «… Aucune loi ne peut créer ni réglementer un sentiment d’affection. Si l’on n’éprouve aucune affection pour une personne ou un système, on doit avoir le droit d’exprimer librement sa désaffection…». Cette expression vivra naturellement des politiques, des religieux sous forme de menace pour la stabilité du pays aboutissant ainsi à la démission du Premier Ministre « refusant que le Mali brule à cause de lui ».
Qu’on soit d’accord ou non avec les convictions de ce désormais ancien Premier ministre, tout le monde reconnaitra qu’il est un des plus grands bâtisseurs du Mali. Son franc-parler et le fait de rester toujours stoïque face à l’adversité, malgré les énormes difficultés, et surtout son calme olympien serviront d’aiguillon aux futures générations politiques du Mali.
Le Président IBK vient de perdre un de ses fervents soutiens de la première heure qui s’est engagé avec constance à ses côtés lorsque personne ne croyait en lui. IBK gardera certainement en mémoire que son désormais ex Premier Ministre aura démontré un grand exemple de courage et de persévérance tout au long de sa courte période à la tête du Gouvernement, qu’il n’a pas hésité un seul instant à défier les autorités religieuses qu’il a toujours qualifiés d’« hybrides », les politiques braqués contre le regime, faisant de lui l’ennemi publique numero 1 à abattre.
Il y a quelques mois, lors d’une conférence de son parti Asma, Il a n’ a pas hésité d’expliqué d’une façon didactique les connections établies entre certains politiques et leaders religieux qu’il a qualifié d’hybrides pour faire tomber les institutions, déviant ainsi de leur rôle naturel qui est de servir d’amortisseur social .
C’est pourquoi je dirais qu’il fait partie de ces héros qui ont souffert pour sauver le bateau Mali : Dioncounda Traoré, lâchement bastonné au Palais de Koulouba par cette rue manipulée et va-t’en-guerre, Cheick Modibo Diarra, molesté par une junte aux abois et Soumeylou Boubeye Maiga forcé à la démission par une rue en proie un mal vivre endémique. Félix Leclerc ne disait il pas qu’: «Un juste est un homme qui dérange, un homme qu’on finit par crucifier».
Bien que n’étant pas membre du Parti Asma, ni d’aucune formation politique malienne, j’ai été invité par le Premier Ministre Soumeylou Boubeye Maiga dès sa prise de fonction pour l’accompagner dans sa mission qu’il estimait titanesque. Je suis certain que, de sa nouvelle position d’ancien Premier Ministre, il veillera encore sur notre nation malienne et qu’il intercédera chaque que nécessaire pour la paix, l’unité, la justice et la viabilité de notre Mali commun.
Merci Monsieur Maiga pour tout ce que vous avez fait pour le Mali. Merci pour l’exemple de courage et de ténacité à défendre les intérêts du Mali. Merci pour votre ténacité, votre patriotisme.
Je salue le Président Ibrahim Boubacar Keita, qui n’a pas hésité à vous soutenir contre vents et marrées au point de créer une insurrection populaire.
Maintenant que vous n’êtes plus là, les maliens apprécieront très rapidement les actions du tout nouveau Premier Ministre. C’est là où ils comprendrons que l’état du Mali n’a pas les moyens des ambitions démesurées de ses citoyens, que les partenaires au développement n’accepterons plus une initiative populiste, que l’application de l’accord d’Alger reste une condition sine qua non pour la continuité des missions de la Minusma et de Barkane et qu’enfin les conflits inter-communautaires sont plus compliquées qu’on ne le pense .
Mamadou Diarra
Communicateur
Source: Le 22 Septembre