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Hommage à Aly Dolo : Le père des radios libres du Mali

Le Mali a célébré samedi dernier (13 février 2021) la Journée mondiale de la radio. Un événement généralement mis à profit pour rendre un hommage mérité à celles et à ceux qui ont donné à ce média chaud ses lettres de noblesses. Dans ce lot figure en bonne place M. Aly Dolo de la Coopérative Jamana qui a joué un rôle essentiel dans la multiplication des radios de proximité dans notre pays. Et comme le dit si bien notre confrère Moustaph Maïga, M. Dolo est «le père des radios libres au Mali». Sans compter qu’il est aussi un talentueux artiste peintre qui a énormément contribué à la modernisation des techniques du bogolan et a partagé son savoir et son savoir-faire avec de nombreux jeunes. Nous publions ici l’hommage rendu  par Moustaph à ce «manager visionnaire et entreprenant».

Effacé, mais bosseur comme un vrai Dogon en sait le faire paraître, des 30 ans de la radio libre au Mali (1991-2021), Aly Dolo est incontestablement le dernier des Mohicans qui reste pour ceux qui ont été les précurseurs de la radio libre au Mali. Les jeunes ne le savent pas, mais quand la radio était à son firmament au Mali, auditeurs et travailleurs de la bande FM au Mali n’en doutaient pas.

Aly Dolo, sortant de l’Institut national des arts (INA/Arts plastiques) et titulaire d’un Master 2 du Conservatoire Balla Fasseké, commence la radio en 1991 avec la naissance du «Petit bijou» au Mali : Radio Bamakan ! La première radio libre du Mali. Il y débutait comme régisseur au nom de la Coopérative Jamana, actionnaire de la «Voix de Bamako». Sitôt que les radios «Kayira» et «Liberté» suivent le pas à Bamako, Jamana lance sa propre radio à Ségou. Ainsi, le 22 Septembre1992, la radio Fôko devient la 1ère radio libre de Ségou et la 4e du Mali. Concomitamment avec le journal régional, «Yéko», qui sort pour la première fois à la même date.

Avec son expérience, Aly Dolo est désigné pour diriger la radio. Gestionnaire hors pair et manager sérieux dans les rapports avec ses collaborateurs, il a fait de la radio Fôko un instrument utile et rentable au point que Jamana décide de l’initiation d’un réseau FM dont les tentacules s’opèrent partout au Mali, avec la responsabilisation des agents qu’Aly a si bien formé dans le métier.

D’abord à Koutiala (1993 avec le ministre Yaya Sangaré), Nioro (1996 avec Lévy Dougnon), Mopti (1997 avec Aliou Djim), Djenné (1998 avec Moustaph Maïga), Naréna, Tombouctou, Koulikoro dans les années 2000 avec les techniciens de Fôko comme Bissiri Sacko, feu Saïbou Traoré…

A Ségou, durant 7 ans, Aly Dolo a fait de Fôko une famille où les travailleurs se complètent. Celui qui avait un faible pour l’artiste américain Prince n’animait pas, mais contrôlait tout ce qui se passait sur l’antenne et avait un vif intérêt pour les initiatives qui parvenaient à faire la différence entre les productions de la radio Fôko et le contenu des autres radios qui l’imitaient.

Le jingle «Il y a la radio Fôko et il y a les autres» en disait long sur une publicité promotionnelle pas du tout mensongère. Pour cela, il cassait la tirelire de radio Fôko pour faire face, sans sourciller aux dépenses de production. Je me rappelle pour une émission comme «Fôko Walanda», combien sont les montants très importants dépensés pour payer des voix sonores de Abdoul Karim Camara Cabral, Fily Dabo Sissoko, Hamadoun Dicko fichées secrètes à l’époque ou encore quelle ardoise salée laissée pour trouver la femme de Nianankoro Fomba à travers Bamako et Dioïla afin de réaliser le parcours du Docteur qui a donné son nom à l’hôpital qui de Ségou.

Radio Fôko n’a t-elle pas obtenu au finish le 1er Prix «Thierno Ahmed Thiam» en journalisme radiophonique organisé par le Ministère de la Communication sous sa direction. Et d’autres prix ont suivi !

Aly Dolo mérite un peu qu’on pense à lui, 30 ans après pour une Journée des radios. Et bien de promotionnaires pourraient me compléter dans le Management de cet artiste esthéticien que le DG de Jamana, Hamidou Konaté confiait et classifiait facilement en réunion de travail face aux nombreux collaborateurs de Jamana : «Lui, je vois c’est un élève de Dolo… Lui c’est un élève de Yaya…» ! Je n’oublie pas les bons plats de midi qu’envoyait Mme Dolo Tigida Traoré et qui nous dopaient, nous autres, qui avions nos émissions à 14h GMT !

Moustaph Maïga

Source: Le Matin

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