Sommes-nous déjà en saison des pluies ? C’est l’interrogation qu’on a posé au météorologue Boucary Dara vu la venue abondante des pluies en ce temps-ci. De sa réponse, pour cette année 2023, on peut s’attendre à une pluviométrie supérieure à égale à la moyenne climatologique de la période de 1991-2020 avec un démarrage précoce anormal.
Le changement climatique est une inquiétude générale. Au regard de ses impacts, d’ordre social, géographique, politique et environnemental, il est au centre des plus grand enjeux internationaux et une préoccupation mobilisant la communauté internationale. Vu que le changement climatique est un facteur troublant des différentes saisons, nous avons rapproché le météorologue Boucary Dara, Agent au sein de Mali-Météo pour éclairer la lanterne de nos fidèles lecteurs sur la saison des pluies qui commence à s’installer.
Au sujet de cet hivernage qui s’approche à grand pas, le Météorologue Dara a fait savoir que de manière générale, la saison des pluies 2023 sera caractérisée par une pluviométrie supérieure à égale à la moyenne climatologique de la période de 1991-2020. Cela, avec un démarrage précoce anormal, une fin tardive anormale ainsi que des pauses pluviométriques moyennes à longues durées en début et fin de cette saison avec une crue supérieure à égale à la moyenne.
Avec des risques augurés
Dans ses explications, il a souligné que le caractère globalement pluvieux attendu pour la saison des pluies 2023, présage des risques élevés d’inondations pouvant entrainer des pertes de récoltes, de biens matériels et en vies animales et humaines dans les localités exposées.
Par rapport aux risques de sécheresse, dit-il, en dépit du caractère globalement humide attendu en cette saison, il n’est pas exclu d’observer des séquences sèches longues pouvant entrainer des déficits hydriques dans certaines localités. Ainsi, qu’il y a un fort risque que la croissance des cultures et des plantes fourragères soit affectée.
« Quant aux risques de maladies, les zones humides et celles inondées peuvent être favorables au développement des germes de maladies (Cholera, malaria, dengue, bilharziose, etc.) et d’épizooties (fièvre de la vallée du Rift, etc.).
Aussi, les séquences sèches longues à moyennes attendues, notamment dans certaines parties du pays, pourraient occasionner une persistance de hautes températures et des vents de poussière favorables à la prolifération d’autres germes de maladies épidémiques » a prévenu M. Dara.
Concernant les conseils à adopter pendant cette période, surtout face à des inondations, il a déclaré qu’il est déconseillé sinon à éviter l’occupation anarchique des zones inondables aussi bien par les habitations que par les cultures et les animaux. Aussi, qu’on doit renforcer les digues de protection et assurer la maintenance des barrages et des infrastructures routières ; curer les caniveaux pour faciliter l’évacuation des eaux de pluies, entre autres.
La nécessité d’une assistance agro-hydro-météorologiques des producteurs
Toujours au chapitre de conseils et comportements à adopter pendant l’hivernage, notre spécialiste de Mali-Météo a soutenu qu’au regard de la configuration de cette saison présageant une situation globalement humide, il est recommandé aux agriculteurs, éleveurs, gestionnaires des ressources en eau, Projets, ONG et aux autorités de valoriser les situations d’écoulements moyens à excédentaires, en développant des cultures irriguées notamment dans les plaines inondables tout en évitant les risques d’inondation ; investir davantage dans les cultures à hauts rendements tolérantes vis-à-vis des conditions humides (riz, canne à sucre, tubercules, etc.). Egalement de soutenir le déploiement de techniques climato-intelligentes d’augmentation des rendements des cultures et des fourrages. Cela, face aux risques climatiques notamment ceux liés aux excès d’eau de pluies et à la sècheresse. M. Dara a parlé du renforcement des dispositifs d’information, d’encadrement et d’assistance agro-hydro-météorologiques des producteurs, afin de faciliter à ceux-ci l’accès à des semences améliorées et des intrants agricoles adaptés à leurs besoins.
« En somme, ces prévisions ne sont pas une réponse directe des rendements agricoles, mais une interprétation de leurs impacts potentiels sera fournie. Il est recommandé à tous les acteurs du suivi de la campagne agricole d’être attentifs aux mises à jour qui seront faites par l’agence nationale de météorologie (mali-météo) » a-t-il conclu.
Par Fatoumata Dembélé, Stagiaire
Source: Le Sursaut