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Hamidou Diarra dit dragon de radio kledu, natif de Ségou : “La colonisation a fait perdre à Ségou sa valeur intrinsèque”

Né d’un père infirmier d’Etat et d’une mère commerçante et ménagère, Hamidou Diarra alias Dragon, natif de Ségou est aujourd’hui animateur à Radio Kledu à Bamako. Il estime que la colonisation française a laissé beaucoup de traces à Ségou

Il retrace l’arrivée des colons français à Ségou, du Sénégal, avec beaucoup de complicités locales de personnes qui pensaient ainsi accéder au pouvoir. Ainsi de Bodian Coulibaly du Kaarta. Les complices des colons, à son avis, ont fait plus de dégât que le colonisateur lui-même. Ils ont enchainé des gens, les ont affamés, abattus et battus. A l’époque même, il y avait un certain Kader qu’on surnommait l’égorgeur des héros. C’est lui qui égorgeait tous les héros prisonniers des Blancs. Pour dissimuler cet acte odieux, le colonisateur a menti sur beaucoup de familles pour pouvoir égorger les chefs de famille. Les tombes se trouvent en face de la mairie de Ségou.

 

Mali-Tribune : Qu’est-ce que Ségou a perdu ?

A Ségou, nous avons une chance : tous les noms de famille au Mali se retrouvent dans une autre partie de Ségou. Par exemple quand tu es Coulibaly du Kaarta, tu es à Ségou, une famille Diarra ou Traoré, c’est la même chose. A cause de la colonisation, Ségou a perdu la chefferie, lorsque les Blancs sont arrivés à Ségou, ils ont confié la chefferie à un Coulibaly qui n’a pas laissé d’enfant.

Les Tall ont voulu prendre la religion et la chefferie de Ségou avec l’appui des Djiré de Ségou, ce qui a failli faire une révolte, mais les pactes ont été acceptés sur la mise de côté de la chefferie, la religion fut confiée aux Tall et l’imamat de la Grande mosquée confié aux Djiré. Même si tout le monde s’attribue le titre de Segoutigi, de nos jours, il n’y a pas de chef autochtone à Ségou et cela à cause de la colonisation française. En un mot, la colonisation a fait perdre à Ségou sa valeur intrinsèque.

 

Mali-Tribune : Pensez-vous que Ségou pourrait devenir comme avant ?

Si les Ségoviens décidaient de corriger l’histoire, il n’y a pas de raison que Ségou ne redevienne pas comme avant parce que toutes les ethnies avaient leurs places dedans. Auparavant, à Ségou, la succession au pouvoir était telle que celui qui arrivait en premier, succédait au roi défunt sans distinction d’ethnie ni d’âge seulement selon sa valeur et son dévouement (il fallait être connu par un acte de bravoure).

Pour que Ségou redevienne comme avant, il faut que les Ségoviens reviennent à la source. Par exemple il y a des actes qui se font maintenant qui ne se faisaient pas avant. Donc si Ségou veut retrouver Ségou d’antan, cela nécessite l’implication de tous les Ségoviens et à tous les niveaux.

Il n’est pas encore trop tard pour Ségou pour se ressaisir. Pour cela, il faut que la jeunesse, qui est l’avenir, s’intéresse à sa descendance, à sa culture puisque la valeur de l’homme est liée à sa culture. Naguère, toutes les ethnies à Ségou avaient leurs fêtes traditionnelles mais ce qui était commun à tous les fils nés à Ségou était le “Baara”, un instrument de musique, qui existe aujourd’hui même s’il a perdu de sa superbe. A mon avis, c’est grâce à Markala que la culture tient de nos jours à Ségou

Propos recueillis par

Diéni Albert Kalambry

Source : Mali Tribune

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