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Haïti ravagée: à Dame-Marie, on brûle tout pour éviter les maladies

Dans la nuit du lundi au mardi 4 octobre 2016, la République d’Haïti a été dévastée par l’un des pires ouragans dans l’histoire du pays. Matthew, un cyclone de catégorie 4 sur une échelle de 5, a traversé la péninsule sud du pays, laissant derrière lui un paysage apocalyptique. Suite du carnet de route de nos envoyés spéciaux, qui sont à Dame-Marie. Ils sont les premiers journalistes à se rendre dans cette localité située sur la côte ouest de la presqu’île depuis le drame.

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Avec nos envoyés spéciaux à Dame-Marie, Stefanie Schüler et Marc Kingtoph Casimir

Dans le département de la Grand’Anse, il est difficile de mettre des mots sur l’ampleur de la dévastation que nous avons observée jour après jour. Dimanche 9 octobre, nous avons quitté la ville de Jérémie, chef-lieu du département situé au nord-ouest de la presqu’île, pour rejoindre pour les terres une autre ville côtière plus à l’ouest, Dame-Marie. La route, jusqu’ici impraticable après le passage de l’ouragan Matthew, passe par trois autres communes très rurales dans les montagnes : Marfranc, Moron et Chambellan. Dans les trois, la plupart des maisons sont détruites.

Les villes côtières ne sont donc pas les seules à avoir été ravagées par le passage de Matthew. L’ensemble du département ressemble à un champ de guerre. Président de l’association des maires de la Grand’Anse, Joël George est catastrophé. Il énumère : « Beaumont, en tant que ville intérieure : dévastée. Moron, en tant que ville intérieure : dévastée. Chambellan, ville intérieure : dévastée, ainsi que Marfranc. On parle maintenant de 13 communes de la Grand’Anse qui ont été ravagées par le cyclone. »

Nous avons vu partout dans les localités traversées des rues remplies de boue et de débris de toutes sortes. Les cadavres d’animaux pourrissent au soleil. Les écoles et les églises des différentes localités n’ont plus de toit. La station-service de Marfranc n’est plus qu’un tas de décombres. Au milieu de ce chaos, dans une nature méconnaissable, la population tente de renouer avec la vie. Première urgence : réparer les habitations, notamment les toitures, en récupérant des bouts de tôle que l’ouragan a projetés un peu partout dans le paysage.

Nous sommes arrivés sur la côte ouest à Dame-Marie à la tombée de la nuit dimanche soir. Ce que nous avons pu apercevoir de la ville ressemble sensiblement à la situation des autres localités de la Grand’Anse. Dame-Marie déplore pour l’instant sept morts. Mais le maire, Gilbert Jean, craint que ce bilan ne s’alourdisse, car on est encore sans nouvelles de certaines sections communales.

« On a vraiment pollué ces jours-ci »

Gilbert Jean, le maire de Dame-Marie, dresse un premier état des lieux pour sa localité : « La ville est détruite, je peux dire, à 90 %. Y compris les sections communales. Je n’y suis pas encore allé, donc je ne peux pas vous dire que toutes les sections communales sont détruites. Mais on sait que les sections communales aussi sont frappées. Notre bétail, nos jardins, les maisons : tout est frappé ! On a eu une mer haute de huit pieds. Ça fait environ 2,6 mètres comme ça… La mer a débordé et a envahi toutes les rues côtières, remplissant comme ça, les maisons de sable, de gravier, de pierre, de boue, de tout et de tout ! »

« On a sept victimes, confirme l’élu en attendant l’aide extérieure. Mais de toute façon, on attend le retour de nos brigadiers déplacés vers les sections communales pour avoir une idée fixe. Il y a un mort, il a essayé de traverser la rivière le lendemain du passage du cyclone et il est porté disparu. Jusqu’à maintenant, on ne l’a retrouvé nulle part. Deuxièmement, il y a un autre qu’on a retrouvé sur une branche d’arbre ; on ne le reconnaît pas du tout. Il vient peut-être des hauteurs. Pour ce qui a trait au bétail, les bœufs, cabris, moutons, chevaux… C’est vraiment malheureux… Les gens ont fait des pertes énormes. »

« Il y a des immondices, des fatras et tout… Il faut les brûler. On les brûle à travers la ville et on respire la fumée… On a beaucoup de débris à disperser, on n’a pas de moyens. Beaucoup de débris ! Il y a des branches d’arbres un peu partout, des feuilles ici et là, des morceaux de tôle, des morceaux de bois, il faut les ramasser ! Mais où les jeter ? Avec quoi les ramasser ? On attend une aide, au moins un tricycle, deux motocyclettes trois roues, au moins pour pouvoir ramasser les immondices, aller les empiler quelque part pour les brûler loin de la ville, pas comme comme on le fait là. On a vraiment pollué ces jours-ci ! »

« Chacun s’occupe de la devanture de sa maison. S’ils ne font pas ça, ils tomberont malades. On leur a expliqué que lorsque ça va tomber en déconfiture, ça va créer des problèmes pour leur santé », conclut Gilbert Jean, alors que la grande crainte désormais, c’est une flambée de choléra. René Domersant, représentant du ministère de la Santé au centre d’opérations d’urgences nationales, lance d’ailleurs un appel via notre correspondante Amélie Poissot pour que les gens coincés sans matériel adéquat se lavent les mains après avoir fait leurs besoins, ne mettent pas leurs mains dans la bouche, surveillent les enfants, se réhydratent s’ils constatent de premiers signes de diarrhée aiguë et fassent bouillir l’eau avant de la boire.

Bonne nouvelle tout de même : ce dimanche, le réseau téléphonique a été rétabli. Les habitants de Dame-Marie ont enfin pu donner de leurs nouvelles. Leurs proches attendaient dans l’angoisse depuis une semaine.

Source: RFI

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