Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne

Hadja Laya Ongoïba, président Cafo Douentza : « la femme est le pilier de la réconciliation »

A l’occasion du 8 mars, fête des femmes, nous avons interrogé Hadja Laya Ongoïba, présidente de la Cafo du cercle de Douentza.  Quel sens la femme rurale donne au 8 mars ? Comment, les femmes de Douentza ont vécu la crise et quelle est leur contribution dans la construction de la paix ? Quelles sont leurs attentes? Voici entre autres quelques questions auxquelles, Hadja Laya Ongoïba répond dans cet entretien.    

interview exclusive logo

Présentez-vous à nos lecteurs

Je suis Hadja Laya Ongoïba, présidente de la Cafo du cercle de Douentza, responsabilité que j’exerce  maintenant depuis 10 ans. Je suis native de Douentza et mène un commerce de condiments qui m’aide à subvenir à mes besoins. Je suis mère d’une fille et grand-mère de 4 enfants.

Pouvez-vous nous expliquer le fonctionnement de la Cafo à  Douentza ?

La Cafo de Douentza couvre  tous les arrondissements du cercle de Douentza et est composée de 40 associations. Elle tient mensuellement ses réunions ordinaires et extraordinaires lorsqu’il y a des informations urgentes à faire passer. Toutes les associations membres sont à jour de cotisation. La Cafo de Douentza est sous la coordination du bureau régional de Mopti.

Qu’est-ce qui peut être retenu en matière de promotion des droits des femmes dans le cercle de Douentza ?

En ce qui concerne le droit des femmes, nous sommes représentées dans toutes les instances locales de prise de décisions. Nous donnons notre point de vue sur toutes les questions concernant les femmes, même si on n’est pas souvent suivie. Les membres des associations affiliées à la Cafo reçoivent régulièrement des formations en alphabétisation dans les différentes langues du terroir (fulfuldé, dogosso etc.). En outre, nous nous battons contre toutes les violences infligées aux femmes, notamment l’excision, les mariages forcés, ou précoces, le lévirat, le sororat etc.  Sur le plan économique, avec notre caisse d’épargne dénommée « Nayal », les femmes du cercle arrivent à mener à bien des activités génératrices de revenus.

Il y a-t-il d’autres associations féminines à Douentza ? Si oui, comment cohabitez-vous ?

Bien sûr qu’il y a d’autres associations féminines avec lesquelles  nous collaborons. Je peux citer entre autre l’APDF, l’Association « mooné iré », l’Association « Koubewel Koudia » etc.

Pour vous, que représente la célébration du 8 mars ?

La commémoration du 8 mars est l’occasion de rappeler au monde entier que les femmes ont des droits qui méritent d’être protégés. Elle est l’occasion de magnifier la femme et d’inviter les autorités à plus de responsabilité sur la condition de la femme. La plupart des femmes rurales ignorent le sens de cette célébration, bien qu’à Douentza, la Cafo organise chaque année une fête le 8 mars. Cependant, faute de moyens, nous n’arrivons pas à faire venir les femmes des villages environnants.

Comment les femmes de Douentza ont-elles vécu l’occupation jihadiste ?

Selon moi, c’est le cercle de Douentza qui a été le plus affligé en  5e  région par l’occupation des forces obscures.  Les femmes en particulier, ont subi toutes sortes d’atrocités et de misères.  Elles ont été victimes de viols, de mariages forcés, de flagellations, de manque de soins etc.

Comment les femmes maliennes en général et celles de Douentza en particulier peuvent-elles jouer un rôle dans la réconciliation nationale ?

J’estime que la femme est le pilier de la réconciliation. La femme a plus de mots pour adoucir les cœurs. A Douentza, nous avons commencé à sensibiliser à travers les causeries-débats  et cela dans toutes les communes du cercle. Je vous avoue que notre message de réconciliation a eu un écho très favorable, voila pourquoi aujourd’hui ceux qui étaient avec les occupants, vivent en paix avec ceux que je pourrais appeler les occupés.

Avez-vous recensé les victimes ? Que peut-on faire pour elles ?

Après la libération du cercle, plusieurs ONG à travers l’Etat se sont lancées dans la prise en charge des victimes. Cette prise en charge n’a pas été simple dans la mesure où plusieurs d’entre elles n’ont pas voulu se déclarer, se sentant humiliées.  La Cafo a proposé la prise en charge médicale, psychologique  et financière de toutes les victimes

Qu’est-ce que le pouvoir a fait pour les femmes de Douentza ?

Le gouvernement, à travers le département de la Promotion de la femme, de l’enfant et de la famille, a octroyé aux associations féminines les plus démunies des kits d’embouche bovine et de maraîchage. Elles ont été également formées à cet effet.

Quels sont les besoins urgents des femmes de Douentza ?

Le besoin  prioritaire des femmes aujourd’hui, c’est l’accès aux terres, puisque 90% d’entre elles s’adonnent à l’agriculture.   Aussi, il faut très vite que l’égalité homme-femme au niveau des postes de responsabilité politique et administrative se réalise.

Êtes-vous informée de la dernière loi votée en faveur des femmes ?

Nous avons appris pour le vote de la loi et l’avons accueilli avec beaucoup d’espoir. Espoir, qu’elle fera inverser la balance en faveur des femmes. Vous n’êtes pas sans savoir que la femme représente la moitié de la population mondiale, et pourquoi vouloir marginaliser cette couche aussi importante ?

Votre dernier mot

Je demande aux femmes de continuer à travers le monde, la lutte contre les violences, la pauvreté, la faim, la marginalisation etc. C’est au prix de ce combat que nous aurons une vie encore meilleure. Pour terminer, je remercie le journal « Delta News » pour m’avoir donné l’opportunité de m’exprimer à l’occasion du 8 mars, fête des femmes du monde entier. Que Dieu bénisse la femme pour que les familles soient bénies.

A. Kéné 

Source: Delta News

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne
Ecoutez les radios du Mali sur vos mobiles et tablettes
ORTM en direct Finance