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Hadafo média (Guinée Conakry) : tentative de musèlement des grandes Guelle ?

Lundi 12 mars 2018, un groupe de jeunes de différentes localités de la Guinée se sont pris aux locaux d’Hadafo médias, un espace radio et TV. Les causes réelles de l’attaque restent encore inconnues. Il s’agit sûrement d’une tentative de musèlement des grandes gueules.

De nombreux jeunes venus de plusieurs localités de la Guinée se sont regroupés autour de  l’espace Hadafo médias situés à Matoto. Avec des slogans bizarres dans leur bouche, ils ont brisé les véhicules des travailleurs de cet espace, caillassé les vitres dudit bâtiment et menaçaient de monter l’étage pour s’en prendre aux travailleurs. « En ce lundi 12 mars, les violences dans la capitale Conakry s’intensifient. Des individus n’ont trouvé mieux que de s’attaquer au siège du groupe Hadafo média qui abrite la radio Espace FM, Sweet FM, Espace TV », lit-on sur la page Twitter de l’espace Hadafo médias.

Cette attaque, bien que la cause n’est pas totalement précise, serait une tentative pour museler ces hommes de presse. Il faut rappeler que l’émission les « grandes gueules » n’est pas tendre avec les hommes au pouvoir. À travers cette émission qui donne la parole à des activistes, à d’autres responsables de la société, ils s’attaquent aux mauvaises pratiques des gouvernants. Alors ces jeunes ne seraient-ils pas des partisans du parti présidentiel.

Toutefois le directeur de cet espace média reste catégorique. Cela se voit à travers ce message posté sur la page twitter de l’Espace FM Guinée : « Après l’attaque de nos locaux ce matin, le PDG du groupe Hadafo médias, Lamine Guirassy, est catégorique : « Si c’est une manière de nous fermer la gueule, de nous faire taire, ce n’est pas gagné parce que ce n’est pas la manière. »

Cette attaque aurait été planifiée depuis le dimanche. Le directeur avait pris le soin d’alerter la gendarmerie pour que les locaux de son siège soient sécurisés. Mais hélas, les forces de l’ordre ne se présenteront qu’après la forfaiture des manifestants. C’est ce que laisse entendre ces propos de Lamine Guirassy au micro de mosaiqueguinée  qui lui demandait si toutefois il allait porter plainte: « Bien évidemment, nous allons porter plainte. Mais pour l’instant, c’est trop tôt de faire une analyse par rapport à tout ce qui se passe. Ce qui m’intéresse, moi, c’est pourquoi la radio a été attaquée. C’est juste dommage, parce que nous, nous faisons notre boulot. Je pense qu’à un moment, soit on est journaliste, soit on n’est pas journaliste. Mais on ne va pas chantonner pour le pouvoir. Si c’est une manière de nous fermer la gueule, de nous faire taire, ce n’est pas gagné parce que ce n’est pas la manière. Ce ne sont pas ces intimidations qui vont faire que demain on va changer la ligne éditoriale de la radio. C’est mal me connaître. Ils vont marcher sur mon cadavre ».

Au cours des enquêtes, le chanteur et activiste Elie Kamano a été approché. Mais ce dernier dénie toute implication dans cette affaire. Quand l’attaque se produisait, il dit ne même pas se trouver à Matoto, mais ailleurs en train de mener un meeting par rapport à la crise éducative guinéenne. « Moi, j’étais avec les jeunes à Yimbaya. Nous sommes venus jusqu’à la mosquée Fofana. Là, nous nous sommes arrêtés. Les jeunes voulaient qu’on aille à Matoto. Je leur ai dit non. On ne va pas à Matoto, parce qu’arrivé à Matoto, certains ont tendance à aller casser des boutiques, s’en prendre aux biens des autres et portez le chapeau à la tête de la personne ou du leader qui a conduit le mouvement. C’est ainsi que nous nous sommes arrêtés à Yimbaya. J’ai livré mon message dans lequel je donne 3 jours au gouvernement, c’est-à-dire jusqu’au jeudi pour la réouverture des classes et si cela n’est pas fait, nous prendrons tous la rue », affirme-t-il au micro des reporters de mosaiqueguinee.

Quelle qu’en soit la raison de cette attaque, elle est une violation grave contre la liberté d’expression. À supposer même qu’Hadafo médias ait porté atteinte à la déontologie journalistique, la manière pour leur reprocher cela n’est pas cette destruction de leur édifice. D’ailleurs, s’ils étaient accusés de violation de principes, des jeunes n’allaient pas être envoyés pour caillasser les locaux.

Les auteurs de cette barbarie sont sûrement manipulés par des mains invisibles dont l’objectif est de museler non seulement Hadafo medias, mais aussi toutes les presses et avec elle toutes les libertés d’expression.

La démocratie souffre énormément dans les pays africains. Elle regarde ses principes phares en train d’être violés. Le temps de la prise de conscience des dirigeants tarde à sonner. Ils doivent comprendre que la presse n’est nullement leur ennemie, mais au contraire leur compagnon puisque les hommes de médias critiquent, organisent des débats afin que les gouvernants connaissent les intentions du peuple, l’opinion commune. Alors, vouloir sacrifier la liberté d’expression, c’est gouverner  aveuglément.

Fousseni TOGOLA

Source: Le Pays-Mali

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