Les militaires au pouvoir en Guinée ont reçu vendredi à Conakry une mission de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) qui a assuré avoir trouvé l’ex-président Alpha Condé en bonne santé, cinq jours après le putsch.
La Cedeao avait condamné dès le 5 septembre le putsch mené par le chef des forces spéciales, le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya, contre Alpha Condé, 83 ans, vétéran de la politique ouest-africaine. L’organisation avait exigé le « retour à l’ordre constitutionnel ».
« Le président Alpha Condé va bien »
« Nous avons vu le président, il va bien », a déclaré le ministre burkinabè des Affaires étrangères, Alpha Barry, au terme de cette mission de quelques heures. « Le président Alpha Condé va bien », a confirmé le président de la Commission de la Cedeao, Jean-Claude Kassi Brou, précisant que la rencontre avait eu lieu « au quartier général de la junte ». « Nous avons eu des échanges très positifs » avec les militaires, a assuré Jean-Claude Kassi Brou. « Nous allons rendre compte aux chefs d’État des résultats de nos échanges », a-t-il ajouté.
La délégation comprenait également la ministre des Affaires étrangères ghanéenne, Shirley Ayorkor Botchwey, dont le pays assure la présidence tournante de l’organisation, et ses homologues nigérian Geoffrey Onyeama, et togolais Robert Dussey.
Elle a d’abord rencontré pendant près de deux heures dans un grand hôtel de Conakry un représentant de la junte, le colonel Balla Samoura. Après une interruption, les discussions à huis clos ont repris peu après 14h GMT, cette fois en présence du lieutenant-colonel Doumbouya, arrivé sous une imposante escorte militaire à bord de véhicules blindés.
Principe d’une libération « acquis »
À la fin de la visite, la secrétaire générale du ministère des Affaires étrangères, Fanta Cissé, en charge de la diplomatie à la suite de l’éviction de tous les membres du gouvernement par les militaires, a évoqué un accord de « principe » pour la libération d’Alpha Condé, réclamée par la communauté internationale.
« Il est difficile de répondre tout de suite à une requête » de cette nature dans les conditions actuelles, a-t-elle souligné, mais « le principe est acquis. »
Cette mission a coïncidé avec l’annonce par l’Union africaine (UA) de la suspension de la Guinée de ses instances, comme l’avait déjà fait la Cedeao mercredi lors d’un sommet par visioconférence. Les dirigeants ouest-africains ont « exigé le respect de l’intégrité physique » d’Alpha Condé, sa libération, et « le retour immédiat à l’ordre constitutionnel ». Aucune sanction économique n’a été évoquée.
L’ambassade américaine a exprimé vendredi son « soutien » à l’initiative de la Cedeao, s’inquiétant des possibles conséquences du putsch « sur la paix et la stabilité régionales ».
Bis repetita pour la Cedeao
L’organisation se retrouve dans une situation comparable à celle qu’elle a connue au Mali voisin en août 2020. À la suite d’un putsch similaire, elle avait pris des sanctions essentiellement économiques et suspendu le pays de l’organisation. Ces sanctions avaient été levées à la suite de l’engagement des militaires maliens sur la voie d’une transition de 18 mois maximum pour rendre le pouvoir à des dirigeants civils issus d’élections.
Comme au Mali, les militaires guinéens peuvent se prévaloir d’une certaine popularité, comme en attestent les manifestations de joie observées dans différents quartiers de Conakry, encore alimentée par la libération mardi d’un premier groupe de dizaines d’opposants au pouvoir déchu.
S’ils ont promis une « concertation » nationale en vue d’une transition politique confiée à un futur « gouvernement d’union nationale », aucune autre précision n’a été fournie, notamment en termes de calendrier.
Avec AFP