L’un des principaux opposants en Guinée équatoriale, pays au régime des plus fermés et autoritaires en Afrique, a été arrêté jeudi avec 150 de ses partisans dans l’assaut par la police du siège de leur parti, dissout en 2018, a annoncé la télévision d’Etat.
Un policier a été tué par balle lors de l’opération par des militants du parti Citoyens pour l’Innovation (CI), a affirmé Television de Guinea Ecuatorial (TVGE) dans son journal télévisé du soir.
“L’ex-leader de CI, Gabriel Nse Obiang Obono, a été arrêté chez lui après avoir désobéi à la justice en ne répondant pas à une convocation du procureur”, selon la chaîne.
Convergence pour la Démocratie Sociale (CPDS), l’unique parti d’opposition disposant d’une existence légale, a condamné cet “assaut” du siège de CI, considérant que “ceux qui étaient à l’intérieur ne constituaient aucun danger”, selon un message de son secrétaire général Andres Esono Ondo sur Facebook.
“Les forces de sécurité de l’État ont attaqué le siège du parti Citoyens pour l’innovation, après plusieurs jours de siège (…) près de 200 personnes se trouvaient barricadées, dont des femmes, des enfants et des personnes âgées”, affirme le CPDS.
Gabriel Nse Obiang, ancien directeur de cabinet militaire du chef de l’Etat, menaçait ces derniers jours de descendre dans la rue avec ses militants si le gouvernement ne lui permettait pas de participer aux élections législatives et présidentielle du 20 novembre.
A 80 ans, le président Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, qui détient le record mondial de longévité à la tête d’un Etat pour un dirigeant encore vivant, hors monarchies, a annoncé le 23 septembre qu’il briguait un sixième mandat après avoir dirigé ce petit d’Afrique centrale riche de ses hydrocarbures 43 années durant, et d’une main de fer.
CI avait ravi un des 100 sièges de l’Assemblée nationale aux législatives de 2017, les 99 autres revenant au Parti Démocratique de Guinée Equatoriale (PDGE) de M. Obiang, parti unique jusqu’en 1991. Mais CI avait été interdit et dissout quelques mois plus tard, en février 2018. Le domicile de M. Nse Obiang servait de QG au parti, malgré son interdiction.
L’arrestation de M. Nse Obiang, qui continuait de critiquer le régime malgré l’interdiction de son parti, a été ordonnée parce qu’il n’avait pas répondu à une convocation du procureur de la République dans le cadre d’une enquête sur des “attaques“, déjouées selon le pouvoir, contre des ambassades et les domiciles de ministres. Le 20 septembre, la TVGE avait affirmé que quatre personnes avaient été arrêtées dans le cadre d’un “complot” de l’opposition visant à mener ces attaques, et que des commanditaires étaient recherchés.
Cette interpellation survient un mois après l’arrestation de Ruben Maye Nsue Mangue, ancien ministre de la justice, pour avoir critiqué le président Obiang.
M. Nse Obiang était rentré en Guinée-équatoriale en 2014 après 16 ans d’exil à la faveur d’un dialogue politique national.
Les ONG internationales dénoncent régulièrement la répression de toute dissidence en Guinée équatoriale.