Violée il y a quelques mois par deux (02) médecins à Conakry, M’Mah Sylla meurt ce samedi 20 novembre 2021 à Tunis, en Tunisie. La jeune fille âgée de 25 ans après avoir subi « 7 opérations », dont une qui visait à avorter la grossesse qu’elle a contractée suite a son premier viol dont elle a été victime.
Interrogé par nos confrères d’Africaguinée, le père de la jeune fille, Mamadou Bhoye Sylla a demandé justice. « Cette affaire me dépasse désormais car même la première autorité du pays, le Président de la République a pris les devants pour l’évacuation de ma fille. Il s’est déplacé pour lui rendre visite à l’hôpital Ignace Deen. Il s’est impliqué fortement pour que ma fille recouvre sa santé, malheureusement elle est morte. On ne peut que s’en remettre à la volonté divine ». « Nous restons derrière les autorités pour que la loi soit appliquée contre ceux qui a été la cause de la mort de ma fille », réclame M. Sylla
Selon une publication du journal Guineematin, datant du 14 novembre dernier, le premier cas de viol aurait conduit à une grossesse, que les mêmes médecins ont décidé d’interrompre par tous les moyens. A cause des interventions chirurgicales qu’ils lui ont fait subir, la victime a finalement perdu son utérus et a eu une fistule obstétricale. Toujours selon le même média, la jeune fille a raconté dans une vidéo réalisée par l’ONG Femmes développement et droits humains (F2DH), l’histoire dramatique qu’elle a vécue.
Guineematin explique que « c’est un problème de tension qui a conduit la jeune fille à l’hôpital », ils ajoutent également qu’« elle s’est rendue dans une clinique privée, située au quartier Entag (en haute banlieue de Conakry), qui est gérée par un médecin qu’elle connait très bien ».
D’après la publication de Guineematin, la jeune fille aurait expliqué que le médecin lui faisait des avances qu’elle a refusées. Il aurait donc profité de l’occasion qui s’est ouverte à lui pour la droguer et la violer ensuite.
« Quand je suis arrivé dans la clinique, j’ai trouvé qu’’il avait du monde. Quand Patrice (le médecin) m’a vue, il m’a dit d’aller dans la chambre où ils ont l’habitude de consulter les gens. Je me suis rendue directement là-bas, il est venu me demander si j’ai pris le petit-déjeuner, j’ai dit non, je n’ai rien pris d’abord. Quelques instants après, il est venu avec du jus et une injection. Je lui ai dit que je ne prends pas de jus mais il dit : si tu ne prends pas ça, tu ne pourras pas prendre de médicaments. J’ai alors pris un peu de jus, après il m’a injectée. Après avoir pris l’injection, j’ai perdu connaissance, je ne savais plus ce qu’il se passait. Et lorsque je me suis réveillé, j’ai trouvé que j’étais nue et je n’ai pas vu Patrice. Ce jour-là, je me suis sentie humiliée. Je suis sortie, sans rien dire et suis rentré chez moi. Tellement que j’avais honte, je n’ai pas expliqué à mes parents ce qui m’est arrivé », a-t-elle expliqué selon nos confrère Guinéematin dans une vidéo visionnée par eux.
Selon les explications de nos confrères « quelque temps après, la victime n’ayant pas vu ses règles, décide de repartir voir le médecin en question. Ce dernier lui fait un test de grossesse et lui dit que le résultat est négatif. Mais quelques jours plus tard, elle commence à ressentir des douleurs et retourne voir encore le même médecin. Cette fois-ci, Patrice lui dit qu’elle est effectivement enceinte. Ne voulant pas porter une grossesse issue d’un viol, la jeune fille s’entend avec son violeur pour avorter. A la demande du médecin, ils vont dans une autre clinique située à Cosa pour faire l’avortement ».
« Quand je suis arrivée dans cette clinique, Patrice m’a dit que mon vagin est très petit, donc il s’est couché sur moi pour me violer encore. Il a introduit les instruments dans mon vagin, j’ai aussitôt crié, parce que ça me faisait très mal. Lorsqu’il a entendu les gens demander ce qu’il se passait, il m’a tapée et je suis directement descendue du lit. Il m’a alors remis 100.000 francs et m’a dit d’aller voir son ami médecin qui s’appelle Célestin pour mon avortement. Ensuite, il m’a également menacé de dire que je suis sa copine et qu’on sortait ensemble depuis longtemps si je le dénonçais », confie la jeune fille. « Malheureusement pour M’mah, cet autre médecin qui devait l’aider à avorter, a aussi abusé d’elle. Complètement perdue, le même jour, son premier violeur l’appelle et lui demande de revenir dans sa clinique pour faire l’avortement. Décidée à se débarrasser de cette grossesse non désirée, elle repart le lendemain matin à la clinique. Après plusieurs tentatives d’avortement forcé sans succès, les deux médecins Patrice et Célestin décident de passer par une césarienne. Ensuite, ils font croire à sa famille qu’elle a un kyste et qu’’il fallait l’opérer urgemment. Mal faite, l’opération n’a fait qu’empirer l’état de santé de la jeune fille. Dépassés par la situation, les médecins, décident de la transférer dans une clinique située à Dabompa. La jeune fille subit deux autres opérations dans cette autre clinique, avant d’être référée finalement au CHU Ignace Deen », ajoute Guineematin.
Kadidiatou Diarra, stagiaire
Source : LE PAYS