Selon l’entourage de José Mario Vaz, ce dernier a en effet entamé plusieurs consultations en ce sens mardi 10 mai. Chef de l’armée, dignitaires religieux, Premier ministre, diplomates et représentants des partis politiques : plusieurs personnalités se sont succedé au palais présidentiel.
Crise interne au PAICG
Objectif de ces concertations : dissoudre le gouvernement dirigé depuis septembre 2015 par par Carlos Correia, vétéran de la formation politique du président Vaz, le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée du Cap-Vert (PAIGC). Un parti politique très divisé depuis le limogeage, en août 2015, de l’ancien Premier ministre Domingos Simões Pereira, également à la tête du puissant PAIGC, ancien parti unique. Cette dissolution avait provoqué une profonde crise au sein de l’ancien parti unique.
Le Premier ministre Carlos Correia, proche de Domingos Simões Pereira, a donc « conseillé au président de réfléchir mûrement avant de dissoudre le gouvernement », a-t-il déclaré mardi devant les journalistes.
« S’il persistait, il enfreindrait la Constitution »
Des responsables de deux formations de la majorité, le parti de la convergence démocratique (PCD) et l’Union pour le changement (UM), ont également déconseillé au Président de dissoudre le gouvernement. Selon l’ancien ministre Agnelo Regala (UM) le président était très clair et sans détour : « il nous a informés qu’il dissoudra le gouvernement pour mettre en place un gouvernement d’initiative présidentielle ». « Nous lui avons déconseillé cela. S’il persistait, il enfreindrait la Constitution, a ajouté Antonio Regala.
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Refus d’organiser des élections anticipées
« Nous lui avons suggéré plutôt de former un gouvernement dirigé par le PAIGC et qui intègre des députés frondeurs de ce parti ainsi des formations de la majorité et de l’opposition », a pour sa part affirmé Victor Mandinga, député et chef du PCD.
À la sortie des discussions, Domingos Simoes Pereira a réitéré l’appel, lancé en avril par le PAIGC, à conserver le gouvernement mais à dissoudre le Parlement et organiser des élections présidentielle et législatives anticipées. Un appel déjà rejeté par le président Vaz le 19 avril lors d’une intervention devant les députés.
La communauté internationale a « atteint la limite de sa patience »
Cette nouvelle secousse politique pourrait définitivement décourager la communauté internationale dans son aide financière au pays. En février dernier, les principaux bailleurs du pays ainsi que la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP) et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) avaient d’ailleurs fait part de leur exaspération.
« La communauté internationale pourrait être fatiguée de vos crises qui n’en finissent pas », elle « a atteint la limite de sa patience », s’était énervé l’ex-président nigérian Olusegun Obasanjo, chef de la mission du Groupe de contact de la Cedeao sur la Guinée-Bissau. Un appel qui n’a visiblement pas été entendu.