Après plusieurs mois de manifestations pour exiger un retour rapide à l’ordre constitutionnel en Guinée, le FNDC (composé de partis politiques, de syndicats et d’organisations de la société civile guinéenne), a été dissout, lundi dernier, par un arrêté ministériel. Cela, alors que le mouvement projette de nouvelles manifestations à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. D’ores et déjà, d’aucuns craignent une nouvelle crispation du climat sociopolitique dans ce pays où la cohésion sociale peine à être un acquis.
« La paix publique et le vivre ensemble »
« Considérant que ce groupement de fait, organisé de manière hiérarchisée, disposant d’administrateurs et de membres violents, mettant en péril l’unité nationale, la paix publique et le vivre ensemble, ne figure pas sur la liste des organisations non gouvernementales en République de Guinée, ni sur la liste des collectifs d’association en République de Guinée et encore moins dans le répertoire des organisations non gouvernementales agréé en République de Guinée (…), le groupement de fait dit Front National de la Défense de la Constitution est dissout », a annoncé dans un communiqué, le gouvernement de transition guinéenne.
Cette décision, qui intervient à une période de forte tension entre les autorités en place et ce mouvement contestateur, risque de porter un coup dur au processus de réconciliation, entamé depuis plusieurs mois par les tombeurs d’Alpha Condé (en septembre 2021).
Le gouvernement guinéen reproche à cette coalition « l’organisation de manifestations armées sur les voies et lieux publics, la dégradation et la destruction des biens publics et privés, les actes d’incitation à la haine ». Toute chose qui met « en péril la paix publique et le vivre ensemble » dans ce pays où l’histoire politique a plutôt été mouvementée.
« Illégale, sans fondement et arbitraire »
Deux jours après l’annonce du gouvernement, le FNDC, à travers un communiqué du 10 août dernier, a contre-attaqué et dénoncé cette décision gouvernementale qu’il considère « illégale, sans fondement et arbitraire ». Le mouvement a également tenu à rappeler qu’il n’est « ni une organisation ni une association » pour être dissous.
Le FNDC obtient des soutiens à sa cause. Le « Balai Citoyen » a fait une déclaration, le 10 août, pour manifester sa solidarité à ce mouvement et dénoncé également la décision des autorités guinéennes de la transition. Une décision, qui constitue aux yeux des membres du Balai citoyen comme un « acte fallacieux, liberticide, anticonstitutionnel et antidémocratique ».
Un mauvais signal
Toutefois, le FNDC prévoit une « mobilisation internationale et nationale en accompagnant les manifestations du 14 août en Belgique et du 17 août sur toute l’étendue du territoire » guinéen.
Selon des internautes, cette décision de dissolution de ce groupement constitue un mauvais signal pour le retour à la normale dans ce pays où le tissu social reste déchiré.
Le 1er août courant, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a sommé « les autorités guinéennes, la classe politique et la société civile à engager un dialogue inclusif afin de désamorcer la tension et de convenir d’un calendrier et de modalités raisonnables pour le rétablissement pacifique de l’ordre constitutionnel ». Ce qui avait amené le FNDC à suspendre ses mouvements de contestation pour une semaine, « à la demande expresse » du chef de l’État bissau-guinéen, Umaro Sissoco Umbalo, président en exercice de la Cédéao. Cette trêve avait pour « unique objectif de donner une chance à la médiation de la Cédéao pour trouver une issue favorable à la crise en Guinée », avait souligné le FNDC. Malgré tout, l’atmosphère sociopolitique actuelle ne donne pas grand espoir.
Bakary Fomba
Source: Sahel Tribune