Conformément à ses missions de soutenir, d’une part, les initiatives de retour et de maintien de la paix, et d’autre part, les efforts de mise en œuvre de la justice transitionnelle au Mali, le Projet Justice, Prévention et Réconciliation (JUPREC) organise pour la deuxième année consécutive, une session de formation intensive, du 12 au 17 novembre 2018, en vue de mieux outiller des membres des réseaux de défenseurs des droits humains et des organisations de la société civile malienne aux piliers et mécanismes de la justice transitionnelle, pour leur assurer une participation effective dans la mise en œuvre du processus au Mali. La cérémonie d’ouverture de ladite session tenue, hier, lundi 12 novembre 2018 à l’Hôtel Radisson Blue était présidée par le représentant du ministre de la Cohésion Sociale, de la Paix et de la Réconciliation Nationale, Noumadi Kanté, en présence des responsables du Juprec comme Cheick B Diakité, du Directeur de la Division Droit de l’Homme de la Minusma, Guillaume NGEFA et de nombreuses autres personnalités. Au cours de cette cérémonie, Guillaume NGEFA de la Minusma a fait savoir que l’impunité constitue un danger pour le Mali.
Cette 2ème édition de l’université sur la justice transitionnelle au Mali est placée cette année sous le signe « les femmes au cœur de la justice transitionnelle ». Dans son discours, le chef de mission de l’Avocat Sans Frontière de Canada (ASFC), Aristide, MONONSI a fait savoir que le Projet « Justice, Prévention et Réconciliation pour les femmes, mineurs et autres personnes affectées par la crise au Mali » plus connu sous son acronyme de JUPREC, est mis en œuvre par un consortium formé d’Avocats sans frontières Canada (ASFC), du Centre d’étude et de coopération internationale (CECI) et de l’École nationale d’administration publique (ENAP).
Par son approche pluridimensionnelle, dit-il, le projet vise ultimement à ce que l’accès à la justice des personnes affectées par la crise, dont les femmes et les mineurs, soit renforcé en vue d’un respect optimal de leurs droits dans un contexte de restauration de la paix et de la stabilité au Mali. Selon lui, une justice transitionnelle réussie passe par une démarche participative. A cet effet, il dira que la présente session se veut favoriser la participation des femmes dans le processus de justice transitionnelle en traitant essentiellement des thématiques qui les concernent.
Pour sa part, le directeur de la division droit de l’Homme et de la protection civile (DDHP) de la Minusma (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation du Mali), Guillaume Ngefa-A- Andali, a précisé que la DDHP, qui représente le Haut commissariat des droits de l’Homme (HCDH) au Mali, est un partenaire clé pour la mise en œuvre de la justice transitionnelle au Mali, à travers deux axes principaux : l’appui des acteurs de la justice transitionnelle afin de garantir la lutte contre l’impunité et d’aider à l’établissement de la vérité ; et la surveillance de la mise en œuvre de ses mécanismes afin d’assurer que ceux-ci respectent au mieux le droit des victimes et les standards internationaux.
« L’impunité constitue un danger pour le Mali. En dépit des avancées significatives dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix, notamment la mise en place de la CVJR en août 2015 et l’adoption, le 14 février 2017, d’une Politique nationale de justice transitionnelle par le Conseil des Ministres, la situation sécuritaire continue à se dégrader non seulement au Nord, mais aussi au Centre », a-t-il dit.
Ce contexte sécuritaire, dit-il, a eu une incidence négative sur la lutte contre l’impunité. « En dépit de plusieurs mesures relatives au rétablissement de la paix et de la sécurité au Mali, l’impunité perdure pour la plupart de ces crimes, et des amnisties ont même été proclamées dans la suite de l’Accord d’Ouagadougou en 2013, tandis que des « mesures de confiance » libéraient, dans le cadre de l’Accord d’Alger, des responsables présumés de violations graves des droits de l’homme. Mettre fin à ce cycle de l’impunité, rétablir les droits et la confiance des victimes, est donc une priorité pour la paix durable au Mali », a déclaré Guillaume Ngefa.
S’agissant du projet de loi d’entente nationale, il a non seulement souhaité la prise en compte de la situation des femmes victimes de violence sexuelle, mais aussi, à ce que les auteurs de violations graves des droits de l’homme puissent être jugés conformément à la loi. Quant au 2ème vice-président de la CVJR, El Hadj Sidi Konaké, il s’est réjoui de la tenue de cette session de formation. Avant de souhaiter la paix au Mali. Selon le représentant du ministre de la Cohésion Sociale, de la Paix et de la Réconciliation Nationale, Noumadi Kanté, le projet de loi d’entente nationale exclu les crimes de guerre, les crimes sexuels et les crimes contre l’humanité. « Ce n’est pas une prime pour l’impunité. Cette future loi d’entente nationale va prendre en compte les droits humains », a conclu le représentant du ministre.
Aguibou Sogodogo
Source: Le Républicain