Des chars, des blindés et des avions de chasse Rafale : la France dope ses forces en Estonie et en Roumanie et va patrouiller le ciel de Lituanie.
La décision a été prise lundi soir par le président de la République, sur proposition du chef d’état-major des Armées. Mais c’est le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, qui l’a annoncée, ce mardi, devant le Sénat, lors de son audition devant la commission des Affaires étrangères, de La Défense et des Forces armées.
Cette décision porte sur un rehaussement (le terme est joliment trouvé) de la posture défensive tricolore sur le flanc est de l’Europe et en soutien à l’Alliance Atlantique (Otan). La décision a aussi été prise au regard de la violence des combats en Ukraine et des actes de guerre conduits par la Russie contre des populations civiles.
Roumanie, Estonie, Lituanie : trois pays sous parapluie français
La France va déployer une compagnie renforcée de véhicules blindés de combat d’infanterie (VBCI) en Roumanie, ainsi qu’un escadron de chars Leclerc. Il s’agirait de deux pelotons à 4 chars, avec en plus probablement 4 chars en réserve. En Roumanie, la mission Aigle compte déjà 500 militaires français dont 100 d’un détachement de missiles sol-air Mamba. Il faut compter 200 hommes de plus.
Des avions français patrouillent déjà au-dessus de la Pologne et régulièrement au-dessus de l’Estonie. Des Rafale vont aussi être déployés en Lituanie pour assurer la défense aérienne. Le nombre d’appareils n’a pas été précisé et le cabinet du ministre a refusé d’en dire plus. Mais un plot à 4 avions est prévisible, de façon à avoir deux avions opérationnels, selon les standards Otan.
Enfin, en Estonie, c’est une compagnie d’infanterie légère, soit 120 hommes, qui va rejoindre le détachement déjà sur place dans le cadre de la mission Lynx. Effectivement sont déjà déployés sur le camp de Tapa 300 militaires français et leurs 35 véhicules dans le cadre du bataillon otanien sous commandement britannique.
Double casse-tête
Promettre un rehaussement est une chose. Trouver des moyens pour tenir promesse constitue un défi. Il va falloir trouver des hommes et du matériel d’une part et assurer la logistique de ces détachements d’autre part.
L’armée de Terre planche sur ce sujet depuis hier et gratte déjà les fonds de caserne pour trouver 12 Leclerc opérationnels (les cavaliers hochent la tête). En effet, c’est un effort conséquent que vont devoir consentir les armées, tout juste sorties du Mali et qui préparent le grand exercice Orion de 2023.
Un effort significatif ?
Le volume de troupes reste limité ; entre les moyens terrestres et aériens, ce sont moins de 400 militaires qui vont partir. Ils renforceront les quelque 800 soldats déployés en Estonie et en Roumanie. Ce qui constitue une hausse de 50 % des effectifs.
En termes de capacités militaires, c’est un renfort limité.
En termes d’affichage politique, ce « rehaussement » témoigne de la volonté française d’être sur les frontières avec la Russie, en soutien de nos alliés de l’Otan, comme l’avait promis le chef de l’État français. Qui doit tenir ses promesses.
Source: ouest-france.fr