Dans le secteur des finances règne ces derniers temps un désordre total. Certaines structures du département du ministère de l’Economie et des Finances se livrent en spectacle. Et pour cause ! Parallèlement à la guéguerre entre la Direction nationale du trésor et de la comptabilité publique et celle du Contrôle financier, se greffe un arrêt de travail de trois semaines des DAF, DFM, DRH et CPS des différents départements ministériels. Cette situation est d’autant plus incompréhensible que le maître des lieux, Dr. Boubou Cissé, s’emmure dans un silence de carpe.
Au risque de nous répéter, nous révélons qu’une guerre d’humeur oppose les directeurs du Contrôle financier et du Trésor. L’un s’accroche aux textes, l’autre tient aux principes des exercices antérieurs.
Du coup l’administration publique enregistre une morosité incontestable parce que tout mandat de paiement en dessous de cinq millions (5 000 000) de Fcfa sera d’office rejeté au Trésor pour défaut de contrat simplifié.
Nos investigations révèlent que beaucoup de services sont bloqués pour des problèmes de fournitures et autres petits matériels. En attendant de trouver une solution définitive à cette question cruciale, la coordination des DAF, DFM, RDH et CPS des différents ministères, a déclenché à son tour une grève de 19 jours allant du 2 au 23 mars 2020.
Pour la réussite du mouvement, elle a adressé aux directeurs et chefs de service une lettre circulaire pour leur rappeler les dispositions de l’article 116 de la Constitution du Mali de 1992. C’est-à-dire que “tous traités, conventions ou accords dont le Mali est signataire dès sa publication priment sur les textes locaux”.
Autrement dit, la coordination des DAF, DFM, RDH et CPS des différents départements ministériels informe ses militants que le service minimum ne devrait être assuré que par les directeurs nommés par décret pris en Conseil de ministres. Aux dernières nouvelles, les salaires du mois de mars sont pris en otage par les grévistes.
Que veut la coordination DAF, DFM, RDH et CPS ?
Elle demande que les contenus du décret n°2018-0541/P-RM du 5 juillet 2018 soient en intégralité élargis aux personnels de la DAF de la Présidence de la République et de la Primature, des CPS et des DFM des départements ministériels, que la prime de sujétion pour risque soit ramenée à 25 % du salaire au lieu de 10 % pour le personnel des deux DAF et les DFM, que les contenus du décret n°2018-0653/P-RM du 8 août 2018 soient en intégralité élargis aux personnels des DRH sectorielles.
Elle dénonce une ségrégation pour la simple raison que les avantages précités accordés aux cadres de la Direction nationale de la planification du développement (Dnpd), la Direction générale du budget (Dgb), la Direction nationale du contrôle financier (Dncf) devront être élargis à ses militants, qui sont d’ailleurs sur la même chaine d’élaboration et d’exécution du budget d’Etat.
Cependant, la coordination des Daf, Dfm, Drh et Cps ne devrait-elle pas faire l’état des lieux ? Parce qu’après des mois de grève, aucune suite favorable n’a été réservée à ses doléances. Aucune lueur d’espoir ne pointe à l’horizon.
Le constat amer est que le département de l’Economie et des Finances a tendance à être une pétaudière. Les uns et les autres donnent l’impression de gérer les affaires selon leur humeur ou leur vision des choses. Or la gestion administrative et financière sied à des principes préétablis.
Qu’est-ce qui explique le silence du ministre des Finances Dr. Boubou Cissé ? A-t-il une main mise sur ses cadres ?
En tout cas, il est temps qu’il prenne des mesures salvatrices pour un bon fonctionnement du secteur des finances.
Kassoum THERA