Moins de 72 heures après son interpellation par l’Assemblée Nationale, le Ministre Sada Samaké a fait une descente au service de l’immigration, en compagnie du Directeur Général de la Police. Ce fut pour annoncer une vague de mutations. Plus de 95% de l’effectif sont concernés dont de vieux fonctionnaires devant être admis à la retraite dans six petits mois. Les personnes concernées sont affectés entre les différents commissariats de la capitale mais aussi à Tombouctou, Diré, entre autres.
Le Ministre les accuse de spéculation et d’être à l’origine de la pénurie afférente aux passeports. C’est, en tout cas, ce qu’il leur a signifié non sans préciser qu’il s’agit de sanctions.
Le geste manque tout simplement de cohérence. Et pour cause. C’est le directeur Général de la Police qu’il aurait dû sanctionner lequel, à son tour, avait la latitude d’amener l’ordre en la demeure. C’est bien ainsi qu’il a procédé au Commissariat de police du 6ème arrondissement.
En effet, juste avant son interpellation par les députés courant semaine dernière, les deux hommes ont effectué une visite surprise dans ce commissariat. Sur place, ils ont interrogé une citoyenne à propos du montant qu’elle a versé en vue d’obtenir sa carte d’identité.
«4000 F CFA» a répondu la dame, au lieu de 1700 F CFA. Le ministre interpella séance tenante le commissaire et le sermonna. Et la décision de sa relève tomba dans les 24 heures qui suivront.
Mais pourquoi sanctionner le commissaire lequel n’a pas directement commis le forfait ? Tout simplement parce qu’il est responsable de son commissariat.
Alors qui donc est responsable du service de l’immigration ? Tenez-vous bien : personne ! Eh oui, personne ! L’actuel présumé Directeur (le Commissaire Harby) est officiellement muté depuis plus de deux mois.
En somme, il n’est plus habilité à signer les passeports (ce qu’il fait cependant). A y voir donc de très près, c’est bien le Directeur Général qui est responsable de ce service, aussi bien hiérarchiquement que moralement. Raison pour laquelle, il devrait être la première personne concernée par la «sanction» du ministre.
Aussi, accuser le personnel subalterne constitue une aberration de trop. C’est bien la hiérarchie qui a affirmé à tous qu’il y a pénurie de passeports alors que les magasins dudit service en débordaient.
Par ailleurs, c’est bien le même ministre qui, de manière unilatérale, a passé le contrat douteux à la société Oberthur Technologie, laquelle n’a rien livré du tout ; toute chose ayant provoqué une rupture momentanée de la livraison mais très vite compensée par la partie canadienne.
Le jeudi dernier en effet, les canadiens, quand bien même floués par ses partenaires maliens au profit de la société Oberthur Technologies, ont livré 33.000 livrets.
En clair, le personnel subalterne du service de l’Immigration n’est pas à ce niveau de responsabilité lui permettant de provoquer, délibérément ou non une pénurie. Les coupables sont bien ailleurs.
B.S. Diarra
Source: La Sentinelle