La tendance prend si vite de l’ampleur au sein du parti présidentiel que l’on pense d’ores et déjà, à la naissance d’une Gauche et le début d’un conflit ouvert d’avec la « Famille » visiblement trop encombrante.

C’est un secret de Polichinelle: l’immixtion de la «Famille» est très mal perçue par de nombreux militants et cadres du parti RPM. Ils sont en effet, de plus en plus nombreux à faire des récriminations, pour le moment silencieuses, à propos de la trop grande présence du cercle familial aussi bien dans l’appareil d’Etat que sur l’échiquier politique ce, au détriment du parti censé au pouvoir.  Et le phénomène est, du point de vue des frondeurs, vivement encouragé par le Président IBK en personne. Dans certains milieux, l’on n’hésite nullement  à rappeler que c’est le parti qui a déposé sa candidature à la présidentielle et non «la Famille».  Le malaise désormais suscité est à l’origine au recul de nombreux militants et cadres. Il était nettement perceptible à l’occasion de la commémoration du deuxième anniversaire de l’accession d’IBK à la Magistrature suprême. La cérémonie organisée à cet effet a été littéralement boycottée par les appelés.  Un cadre du parti donne ici les raisons : «c’est seulement 48 heures avant que nous avions été informés de la tenue de cette activité. Et c’est à la Famille que l’organisation a été confiée ! ».

Un autre s’insurge : «rendez-vous donc au Palais présidentiel en vue d’évaluer le nombre des cadres du parti et ceux de la Famille !». Aux dires des responsables politiques, «Ibrim  ne doit nullement s’offusquer du manque  d’enthousiasme des partis de la mouvance présidentielle, à fortiori du RPM. Il veut tout recevoir de nous sans rien donner en retour… ». Un autre rappelle : «N’est-ce pas lui qui a déclaré n’avoir été élu par le RPM ? Et pourquoi attend-il aujourd’hui  quelque chose de ce parti ? Nous ne lui devons rien. Au contraire ! ».

Les premières fissures

Ces malaises  jusque-là contenus sont désormais bien perceptibles en Commune II, un fief électoral aux mille et un enjeux aussi bien pour « La Famille » que pour le « Parti ».   A la faveur du renouvellement des instances de la section RPM, deux tendances sont nées. La première censée proche du Secrétaire Général Bocary Tréta au nom duquel le récépissé du parti est établi; et la seconde, du secrétaire Politique Nancoma Keïta. L’un et l’autre roulent respectivement pour le Parti et pour la «Famille». Il se trouve en effet que le secrétaire Général est favorable à une réhabilitation du Parti et un désengagement même partiel de « La Famille» au contraire du secrétaire Politique membre à part entière de la «Famille» pour être cousin du président IBK,  autant leurs fils, Sidy Keïta et Karim Keïta  le sont.

Les deux tendances en commune II, disions-nous, sont nées à la faveur du renouvellement du bureau de la Section et de l’établissement des listes électorales en vue des élections communales et régionales initialement prévues pour le 25 Octobre prochain.

A la faveur des premières assises supervisées par Nancoma Keïta le 22 Août dernier, un bureau dirigé par Mahamadou Diallo a été mis en place. Mais voilà que le 31 Août,  Mme Sissao Yakaré Tounkara se fait élire à son tour  Secrétaire Général d’un autre Bureau. Le secrétaire Général du Bureau Politique National (Bocary Tréta) serait plutôt favorable à ce mouvement. Et courant week-end dernier, le maire de ladite Commune, M. Youssouf Coulibaly  (un réfugié au RPM) a refusé de signer la liste de candidature de cette tendance au profit de l’autre venue pourtant un peu plus tard. Il nous revient que son refus s’explique par la présence de deux candidats de «La Voix du Peuple» (l’Association politique de Madame Keïta, l’épouse du Député Karim Keïta) sur la liste de la tendance Mahamadou Diallo. Il s’agit d’une liste commune comprenant, outre la « Voix du Peuple»,  le RPM, l’Adema, l’ASMA, la CODEM. L’URD a préféré une liste propre.

En tout état de cause, au rythme avec lequel la situation évolue, la tendance Yakaré risque une invalidation de sa liste. Elle a la particularité d’être soutenue par les jeunes en l’occurrence. Cette éventuelle invalidation risque bien d’être  le début d’une  guerre ouverte entre le parti et «Famille».

Pour l’instant, ce sont plutôt des barons qui semblent tirer les ficelles des deux côtés et en sous-marin. Et ça bouillonne déjà à la surface.

Sadio Dembélé

source : La Sentinelle