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Griotisme au Mali : les dérives d’une pratique, devenue une véritable « école » de perversion !

 

Griottes sumu africable artiste chanteur musicienne malienne

Le griotisme constitue un paramètre fondamental au sein de notre architecture identitaire. Une tradition primitivement destinée à plusieurs nobles fonctions, mais aujourd’hui devenue un vrai moyen d’embourgeoisement, et donc, la source certaine d’une profonde aliénation humaine. Toute chose qui fasse d’elle, le sanctuaire de toutes les dérives morales, ayant presque fini par lui faire perdre son essence, ouvrant ainsi la voie à une véritable dégradation culturelle et identitaire !

C’est franchement écœurant, que dans l’un des pays les plus pauvres de la planète, de surcroît en crise, que l’on puisse assister à des pratiques aussi malheureuses auxquelles s’adonnent, avec la plus grande impudeur, des griots pervers, n’ayant manifestement aucun souci de préservation de l’authentique patrimoine légué par les ancêtres. Un pays s’étant fait brillamment remarquer par la profondeur de son histoire et la grandeur de sa civilisation, le Mali désigne cette contrée aux richesses multiformes, ayant largement contribué à la promotion de la personnalité africaine ainsi que l’universalisation des valeurs qui la fondent.  Et ce, notamment à travers la tradition orale : un prestige culturel essentiellement détenu par les griots, principaux dépositaires de la mémoire collective. Si en théorie, le griotisme est conçu comme une riche institution sociale dont la fonction première est de maintenir l’équilibre au sein de notre société, force est de constater, cependant, qu’il devient de plus en plus, facteur de déséquilibre et même de déperdition. La nouvelle conception du phénomène griotique est en total déphasage avec les principes cardinaux de l’humanisme, tels qu’établis dans nos sociétés. En clair, les rapports matériels constituent, aujourd’hui, l’élément moteur déterminant de l’activité griotique. La conscience de la majeure partie des griots de notre époque, est gouvernée par une cupidité sans commune mesure. Ceux-ci n’hésiteraient même plus à dépouiller un mendiant de la rue, de ses sous, si toutefois l’occasion leur était offerte, ni même se rendre à des funérailles pour quémander de l’argent à la famille endeuillée. Ces hommes de caste foncièrement irresponsables, n’hésiteraient non plus à divulguer les mensonges des plus grotesques, faisant passer un marginal de la pire espèce pour une personne de grande noblesse. Et d’autres parmi eux, iraient des fois, jusqu’à ternir l’image d’un honnête homme, de qui, ils auraient manifestement tout tenté, de bénéficier de quelque chose, mais en vain. Et tout cela, rien que pour réussir à se bâtir une meilleure position économique, peu importe la gravité des dérives sociales que l’exercice du métier pourrait engendrer. Comment une si vieille tradition, prestigieusement instituée par l’intelligence de nos ancêtres, a-t-elle pu devenir aussi vile et « répugnante » ? Nos hommes de caste doivent absolument se ressaisir et réintégrer l’authenticité d’une vocation sociologique, plutôt que de se cacher derrière de telles infamies pour opprimer, voire pervertir la conscience des masses. Le SUMU, aujourd’hui devenu le réservoir de toutes les extravagances, est l’une des caractéristiques pures de cette « école » de perversion qu’incarne le griotisme des temps modernes. La forte médiatisation des manifestations « SUMU » a visiblement donné lieu à l’émergence de nouvelles tendances capitalistes, aussi fétichistes que dépravantes, propres à « bousiller » les vrais repères des générations montantes : la prolifération des pratiques pédophile et homosexuelle ; des rivalités insensées, occasionnant des surenchères ridicules, au grand plaisir des spectateurs ; l’utilisation de propos licencieux ou exécution de danses obscènes, en un mot, le lieu des ostentations les plus grotesques et révoltantes. Voilà, en vérité, le type de SUMU, dont fait l’apologie, une nouvelle catégorie de griots qui ont fini par dédier l’essentiel de leur activité culturelle aux pires formes de débauche, notamment les jeunes artistes du milieu. Un monde nettement « pourri », présentant une très mauvaise image d’un pays qui balbutie encore dans les décombres d’une crise qu’il n’a, jusqu’ici, pas fini de traverser.

            Quand les griots deviennent des alliés mafieux du Pouvoir !

Si les différents régimes politiques se sont servis des griots pour faire passer leurs messages, il reste bien clair qu’ils ont également su utiliser, avec cynisme, ces hommes de caste contre le peuple, comme complices de bon nombre de leurs forfaits. Car, au Mali, la parole du griot est ordinairement prise au sérieux, en ce sens qu’il a, non seulement, la science du verbe, mais est aussi, détenteur de tradition orale. Ce qui lui confère amplement, toute légitimité de vérité. Et c’est fondamentalement ce qui amène les pouvoirs publics à chercher à mieux les embrigader, en faisant d’eux, une force annexe qu’ils pourront manipuler, chaque fois que cela peut les aider à renforcer leur oppression vis-à-vis du peuple, afin de mieux contraindre celui-ci à la soumission, aussi longtemps que « nécessaire ». Ces endormeurs de conscience ont ainsi été plusieurs fois achetés par les autorités publiques pour étouffer ou même freiner plusieurs révoltes populaires profondément légitimes, au seul bénéfice de gouvernants indignes. Les hommes de caste dont la sacralité du statut, a toujours été pourtant respectée dans notre société, se sont en grande partie, transformés en de vrais opportunistes de la République. A titre d’exemple, les groupes de griots qui ont soutenu, bec et ongles, le pouvoir ATT, en cherchant à vanter, d’une des manières les plus ridicules, les « mérites » d’un régime farfelu, se sont ironiquement retrouvés à Kati, dès le lendemain du coup d’État d’Amadou Haya Sanogo, pour non seulement le féliciter pour « l’éclat de son œuvre », mais aussi, lui proposer leur « entière disponibilité » pour une pleine réussite de sa mission. Si des hommes, communément appelés « gardiens » de la tradition, n’hésitent guère à se conduire d’une façon aussi hypocrite et méprisable, quel repère pourraient-ils véritablement transmettre à ceux dont ils sont censés préserver l’identité culturelle ? Quelle légitimité morale et intellectuelle, leurs enseignements pourraient-ils, dorénavant, posséder aux yeux des masses ?

Si d’un point de vue dialectique, il est irréfutable que tout phénomène humain soit nécessairement doté d’attributs évolutifs et ascensionnels, il est en revanche, fort désolant de constater que les transformations socio-culturelles subies par la pratique griotique, soient encore loin d’être une avancée heureuse, au profit de notre personnalité morale et sociale. Bien au contraire, les griots déviationnistes, sont finalement parvenus à mettre en place un véritable système d’embourgeoisement, ruinant quasiment tout ce qui faisait la particularité de notre culture, et donc, la force réelle de notre identité : le spirituel. Ce faisant, une franche révision de notre système culturel et identitaire est plus que jamais vitale. Car, si jamais, la torpeur et l’immobilisme réussissent à prendre l’ascendant sur nous, les jeunes générations en payeront, sans nul doute, le plus lourd tribut !

Dougoufana Kéita                                                

source : La Sirène

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