Sur 10 points de revendication, 7 sont satisfaits, dont la prime de documentation (doléance réitérée depuis 1988) dans un contexte économique et financier très difficile pour le pays. Nos enseignants (pas des «gens saignants» !) s’accrochent à une « prime de logements » pour menacer l’avenir de nos enfants !
Le droit à l’éducation est un droit supranational. Il mérite des sacrifices et des concessions. Les syndicats d’enseignants campent sur leurs positions du « tout ou rien », mettant en péril l’année scolaire 2018- 2019. Alors qu’une petite dose de patriotisme pourrait les conduire à reprogrammer leurs doléances sur les prochaines années… Comme le souhaitent du reste de « vieux syndicalistes », qui n’hésitent pas à suspecter les jeunes de motivations politiques derrière ces grèves répétitives.
Accrochés bec et ongle à la prime de logement qu’ils réclament avec force, les enseignants semblent négliger l’intérêt général, eu égard aux difficultés financières actuelles de l’Etat. Le vendredi dernier, les deux ministres, Diarra Racky Talla du Travail et de la fonction publique et Pr Abinou Tèmè ont poursuivi les négociations avec les responsables syndicaux, de 10 heures jusqu’à 21 heures, sans succès. Au final c’est l’échec pour tous ! Et dire que nos enseignants sont aussi des parents d’élèves… Le gouvernement aussi doit savoir par quelles stratégies simples et sincères expliquer le caractère insoutenable de cette revendication. Le ministre de l’Education nationale et son collègue du Travail et de la Fonction publique doivent user de tous les moyens en leur possession pour convaincre les dirigeants syndicaux de l’éducation afin d’obtenir une sorte de moratoire permettant d’éviter aux parents d’élèves et aux élèves une année blanche.
Entre le Gouvernement et les enseignants c’est quasiment la rupture, après que 3000 enseignants eurent bruyamment marché, le mercredi dernier dans les rues de Bamako. Partie de la Place CAN, la manifestation a pris fin au monument Kwamé Nkrumah. «Pas de prime, pas d’école». C’est le message fort véhiculé par les enseignants. Depuis plusieurs mois, les enseignants en grève dénoncent entre autres: « les mauvaises conditions de vie et de travail de l’enseignant malien, l’indifférence du Gouvernement face aux problèmes des enseignants.
Au monument Kwamé Nkrumah, les responsables du syndicat avaient informé leurs camarades de l’issue des pourparlers avec le gouvernement. Les raisons évoquées par le gouvernement, disent-ils, sont entre autres: «les revendications sont irrationnelles et insoutenables, les enseignants sont nombreux ; en accordant cette prime aux enseignants, les autres corps vont la réclamer; l’État n’a pas d’argent.»
Pour les enseignants, le problème, c’est que l’école publique, «école des enfants des pauvres », n’est pas une priorité pour les autorités. C’est pourquoi, concluent-ils, «Nous exigeons tout simplement la satisfaction de nos points de revendication avant la réouverture des classes».
Il urge de la part du gouvernement de prendre le taureau du dialogue par les cornes, pour sauver l’année scolaire. Pourquoi ne pas susciter une rencontre entre les responsables syndicaux et le chef de l’Etat lui-même pour un dénouement salvateur pour tous. Car, « pour le Mali, aucun sacrifice n’est de trop ». Ce d’autant que presque tous les corps socioprofessionnels menacent d’aller en grève. C’est le cas des cadres et agents du ministère des Affaires étrangères, du comité syndical du ministère de l’Economie et des finances, les fonctionnaires des collectivités territoriales, etc.
Baba Djilla SOW
Maliweb