La grève de dix jours décrétée depuis le 21 janvier 2019 par les syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016 est très mal perçue par des parents d’élèves de Kayes. Même si Les syndicats d’enseignant qui visent une amélioration de leurs conditions de vie et de travail, se réjouissent de la très bonne observation de leur mot d’ordre par leurs militantes et militantes.
Du côté des parents d’élèves, on s’inquiète déjà de l’impact négatif de cette grève, tout comme les précédents mouvements de débrayage, sur le niveau scolaire de leurs enfants. Pour manifester leur mécontentement et inciter les autorités à trouver une solution urgente à la crise scolaire, des groupes de femmes et de jeunes, dont certains sont issus d’associations, ont organisé le 23 janvier 2019 une marche allant du gouvernorat au conseil de cercle de Kayes.
Le conseil de cercle a été visé par les manifestants (environ deux cent personnes) parce que les organisateurs de la marche estiment que c’est cette collectivité qui bloquerait les arriérés de salaires de certains enseignants contractuels qui ont été mis à la disposition de la mairie de la commune urbaine de Kayes. Ils estiment que le Dr Modibo Timbo, président du conseil de cercle de Kayes, dispose déjà des fonds pour éponger cette dette.
La tension montait depuis plusieurs semaines.
Il a fallu attendre la cérémonie de présentation de vœux qui s’est déroulée le 16 janvier 2019 au gouvernorat de Kayes, pour que le porte-parole des chefs traditionnels et notabilités, Cheick Oumar Bathily Dramé, attire l’attention du gouverneur Baye Konaté sur la situation de ces enseignants contractuels qui relevaient du conseil de cercle. Il a demandé au gouverneur Konaté de créer un cadre de concertation qui regroupe l’administration, les services régionaux et la société civile sur cette question. Car, selon lui, ces contractuels qui sont des chefs et des soutiens de famille souffrent beaucoup et la menace d’une année blanche n’est pas à écarter à cause de la perturbation prolongée des programmes scolaires.
La préoccupation des notabilités a été prise en compte parce que le gouvernorat a tenu une réunion une semaine après cette rencontre. Le président du conseil de cercle, le Dr Modibo Timbo était présent à cette rencontre, c’est pourquoi, il n’a pas pu rencontrer les marcheurs, qui selon lui, était bien encadrée par des forces de l’ordre (policiers et gardes) pour éviter d’éventuels débordements.
Selon le Dr Modibo Timbo, ce mouvement de colère des femmes et des jeunes de la cité des rails est compréhensif. Il a souligné que cette marche a permis à certains acteurs impliqués dans la gestion de l’école et aux observateurs de découvrir la réalité. Nous l’avons rencontré au lendemain de la marche, et il nous a remis une copie du décret N°0678/PRM du 20 octobre 2015, dont l’article 1er fixe le détail des compétences transférées de l’Etat aux collectivités territoriales en matière d’éducation.
L’article 2 de ce décret stipule que les compétences, dont l’élaboration et la mise en œuvre du plan de développement en matière d’éducation, la conception, la validation et l’introduction de modules spécifiques n’appartenant pas à la nomenclature nationale pour les établissements d’enseignement secondaire général, l’apprentissage et la formation professionnelle, sont transférés au niveau cercle et commune du district de Bamako. Ces collectivités territoriales traitent également la gestion du personnel enseignant des établissements d’enseignement secondaire général, la gestion du personnel mis à disposition et l’organisation et la prise en charge du baccalauréat.
En s’appuyant sur ces deux articles cités ci-haut, le Dr Modibo Timbo soutient que les enseignements qui ont été mis à la disposition de la mairie depuis 2015 ne relèvent plus de la compétence du conseil de cercle. Il assure que son institution a régulièrement payé les contractuels qui étaient à sa disposition. De son avis, le conseil de cercle et la mairie de Kayes ont toujours écrit à l’ANICT pour le paiement des salaires de leurs enseignants contractuels respectifs. Et cette agence s’exécutait en mettant les fonds à leur disposition.
Mais, le problème a débuté avec l’application du décret N°0678/PRM du 20 octobre 2015 car, ces enseignants des écoles fondamentales du cercle de Kayes qui sont au nombre de 18 n’ont pas perçu leurs salaires de 2018 (21.492.688 Fcfa) et pour l’année scolaire 2018-2019 en cours, soit 19.527.242 Fcfa. A cette époque, l’Etat a décidé d’intégrer les enseignants contractuels dans la Fonction publique des collectivités territoriales. C’est ainsi que 8 d’entre eux ont pu être recrutés. Les 10 autres seront bientôt recrutés.
Le directeur de l’Académie d’enseignement de Kayes Seydou Nourou Maïga, nous avait assuré, auparavant, que ce problème a connu un début de solution avec l’intégration progressive de 8 sur 16 enseignants dans la Fonction publique. « Le syndicat des enseignants et la société civile sont en concertation pour trouver une issue favorable à cette question », a affirmé Seydou Nourou Maïga. Il faut rappeler que ces écoles avaient été fortement secouées en janvier par la grève de 120 heures et d’autres débrayages.
Le calme était revenu le 7 décembre 2018 au lycée Dougoukolo Konaré de Kayes.
Cet établissement d’enseignement secondaire général de la cité des rails avait été secoué par des mouvements de grèves ou de protestation orchestrés soit par des élèves, soit par des enseignants durant le 1er trimestre de cette année scolaire et lors des deux dernières années. Les grévistes réclament de meilleures conditions de travail et d’études.
Selon le proviseur du Lycée Dougoukolo Konaré de Kayes, Sidy Ahmed Ag Alhassane, les pensionnaires de son établissement sont exposés à l’insécurité à cause des chutes de contre-plaques et des risques d’incendies provoqués par des court-circuits.
Les professeurs de cet établissement ont observé le 6 décembre 2018 une journée de protestation pour attirer l’attention des pouvoirs publics sur l’état de délabrement de certaines salles de classes et l’état défectueux de certaines installations électriques. La veille, les élèves du LDKK avaient boycotté les cours pour dénoncer les mauvaises conditions d’études. Or, les travaux de réhabilitation de certaines salles de classe de cet établissement avaient démarré pendant les vacances.
Auparavant, l’heure était à l’apaisement au niveau de l’IFM (Institut de formation des maîtres) de Kayes. Les enseignants de cet établissement secondaire et normal, regroupés au sein d’un collectif, avaient observé une grève du 26 au 30 novembre 2018 pour demander l’équipement de la salle des professeurs en chaises et climatiseurs. L’autre doléance concernait la rénovation et l’équipement de leurs toilettes. Selon Mamadou Coulibaly, directeur des études de l’Institut de formation des maîtres de Kayes, la direction avait saisi le conseil régional pour la gestion de ces doléances.
Bandé Moussa SISSOKO
AMAP-Kayes
L’Essor