Les stations affiliées au Synabef ont décrété un arrêt de travail (du 6 au 11 avril 2022). Durant ces six jours de grève, certaines entreprises de vente de carburant privées, qui ne sont pas syndicalement affiliées, ont connu une affluence de clientèles sans précédent, avec des chiffres d’affaires à la hausse.
“Dans tout mal il y a un bien’’, ce dicton paraphrasé du poète français Charles Baudelaire (dans son poème les Fleurs du mal), nous renvoie à la satisfaction reçue par plusieurs stations d’essence privée de la place. Après une période de suspension de travail de leurs confrères pétroliers (Total, Shell, Oryx, Oil Lybia, Ola), membres du Syndicat national des banques et des établissements financiers (Synabef). Même si les responsables se montrent solidaires vis-à-vis de leurs camarades grévistes, il faut souligner que la réussite de ces six jours était bien remarquable par tous.
“Le plus important pour nous ce n’est pas l’augmentation du chiffre d’affaires qu’on a réalisé, certes il y a eu une augmentation, c’était vraiment remarquable. Le plus important était de pouvoir assurer la disponibilité de nos produits, montrer aux Maliens qu’il y a une compagnie malienne qui peut très bien assurer le service carburant. Nous sommes satisfaits puisqu’il n’y a pas eu de retour de produits et on prie le bon Dieu pour que les autres puissent avoir un compromis afin que la grève prenne fin, car il faut reconnaître que ce sont des chefs de famille”, a indiqué le directeur du réseau d’une grande compagnie de distribution d’hydrocarbures.
Il a attiré l’attention sur le long fil d’attente à travers lequel certains étaient pressés de se voir servir. “Nous les avons sensibilisés donc chacun a eu sa part de carburant. Le personnel est bien formé et est suffisamment préparé à de pareilles situations. Toutes nos stations ont connu cette importante affluence durant ces 6 jours de grèves”, a-t-il confirmé.
Un autre gérant de la même compagnie, qui compte plusieurs stations d’essence à Bamako, nous a fait savoir que malgré le succès, le travail n’était pas aussi facile à son niveau.
Nous avons été débordés
“Nous avons été débordés par les clients. Nous avons décidé d’ajouter deux pompistes supplémentaires à ceux sur le terrain. Chaque jour, de 6 heures à 23 heures, l’affluence était grandiose sauf les moments de rupture de jeûne. Certains clients amenaient des bons d’essence des stations grévistes, mais on ne pouvait pas l’accepter selon les principes. Au regard des nombreux clients, nous avons désigné spécialement un pompiste pour assurer l’ordre et la discipline dans les rangs afin d’éviter les débordements. Il y avait toujours des individus pressés et agités”, a-t-il informé.
Malgré les tracasseries, il a reconnu que ces jours leur ont été bénéfiques dans la mesure où des nouveaux clients ont placé leur confiance en eux en intégrant leur base de données clients.
Quant aux pompistes, ils avouent qu’ils étaient submergés par la fatigue et le stress. “Il n’y avait pas de pompes dédiées aux motocyclistes, c’était une énorme difficulté car les motos se mélangeaient aux voitures. Les disputes entre les clients étaient fréquentes car chacun voulait être servi en premier lieu. D’autres parmi eux nous en voulaient. La particularité des difficultés, c’est que nous étions aussi en jeûne. Malgré tout, on essayait de calmer les clients frustrés. Le remplissage des reçus retardait aussi le service. Nous étions beaucoup stressés par les bruits des disputes. Nous n’avons pas eu le temps d’effectuer correctement la rupture du jeûne”, nous a confié un pompiste de ladite station à l’ACI-2000.
De son côté, il ne regrette pas pour autant la victoire derrière tout ce travail qu’il a accompli.
‘’Nous nous réjouissons de ces 6 jours de vente, car on est confiant qu’il y aura une augmentation dans les revenus du Boss”, dit-il en souriant.
Pour un autre de ses collègues pompiste, leur particularité est que la station n’est entourée que par les compagnies voisines grévistes.
Le gérant ajoute, que la durée d’observation de cette grève était prolongée. “Nous avons 5 pompistes et 2 stagiaires répartis entre cinq pompes. Malgré tout, on est resté rapide et efficace. On se sent fier et heureux d’avoir accompli tous ces services”, dit-il.
Quant à la gérante de l’alimentation, elle exprime sa joie d’avoir bénéficié de l’affluence. Selon elle, il y a eu plus de vente que les jours habituels.
“Malgré que c’était profitable, on ne souhaite pas que cette grève soit continuelle car ce sont des chefs de famille derrière ces pompes fermées”, ajoute la gérante de l’alimentation.
Fatoumata Kané