A quelques semaines de l’échéance électorale la plus importante pour notre pays, les administrateurs civils ont décidé d’observer une grève. Depuis lundi dernier, le Syndicat national des administrateurs civils (SYNAC) et le Syndicat libre des travailleurs du ministère de l’Administration territoriale (SYLTMAT) observent, en effet, un lock-out qui risque de perturber, un tant soit peu, les derniers réglages du rendez-vous électoral. Cette lourde décision de débrayage fait suite à l’échec des négociations avec la partie gouvernementale. Sauf changement, ce mouvement de grève continuera jusqu’au dimanche 1er juillet prochain à minuit.
A travers ce mouvement d’humeur qui durera presque une semaine, les grévistes souhaitent, en gros, obtenir plus de sécurité dans l’exercice de leur fonction et l’amélioration de leurs conditions de vie. En effet, le porte-parole des deux syndicats, Ousmane Christian Diarra, explique qu’outre les menaces dont ils font l’objet, les administrateurs civils protestent contre l’assassinat des préfets, préfets-adjoints et sous-préfets à Kidal le 17 mai 2014, les relèves arbitraires des préfets de Kolondièba et Koro. S’y ajoutent, selon lui, les enlèvements du sous-préfet de Hombori, de celui de Ténenkou et de son chauffeur, les destructions de lieux de travail, de domiciles et de biens personnels des représentants de l’Etat à Kéniéba et Kani-Bonzon le 11 juin dernier. D’autres raisons de la grève des représentants de l’Etat ont trait à l’amélioration de leurs conditions de vie. De plus, les administrateurs civils fustigent les conditions qu’ils qualifient, eux-mêmes, d’«inhumaines» ainsi que des «pressions politiques» dans le but de briser leur carrière et de saper leur moral. A travers cette sortie, pour le moins musclée, les responsables des syndicats, ci-dessus mentionnés, appellent leurs militants à l’arrêt total de toutes les activités administratives de quelques natures que ce soient, en l’occurrence les opérations de distribution de cartes d’électeur.
MI FIGUE, MI RAISIN – Alors, une question se pose d’elle-même : les bureaux fermés de l’administration perturbent-ils la distribution des cartes d’électeur ? Pour nous imprégner de l’impact que cet arrêt de travail a eu sur la distribution de cartes d’électeur, notre équipe de reportage a fait, hier, le tour de quelques centres à Bamako. De manière générale, fort heureusement, les opérations de distribution des cartes d’électeur n’ont pas été perturbées par la grève des administrateurs civils.
Interrogé par nos soins, hier à la mi-journée, Olivier Traoré du Syndicat libre des travailleurs du ministère de l’Administration territoriale (SYLTMAT) n’a pas voulu s’aventurer à faire le point de la situation. Néanmoins, notre interlocuteur a laissé entendre que les deux syndicats se sont contentés de demander à leurs représentants siégeant dans les commissions de distribution de s’y retirer. Par ailleurs, nous avons appris que la situation à l’intérieur du pays est peu ou prou identique à celle de Bamako, avec, précisons-le, un peu plus d’intensité dans la perturbation de la distribution des précieux sésames. (voir l’article de Fousseyni Diabaté AMAP Sikasso, page 11). A la mairie de la Commune III du District de Bamako, où nous nous sommes également rendus, le mécanisme mis en place pour la distribution des cartes d’électeur tournait à plein régime, lors de notre passage. «Quoique timides, les activités de distribution des cartes se déroulent normalement à notre niveau. L’impact de la grève des administrateurs civils n’est pas trop visible ici», assure Samba Fofana, chargé des questions électorales à la mairie de la Commune III.
A notre passage au ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation aux environs de 11 heures, il régnait un calme relatif. Loin de l’animation habituelle d’un jour de travail pour un service de premier rôle dans l’organisation d’un scrutin. La quasi totalité des bureaux était fermée. Signe de décrispation ou actions dilatoires, nous avons appris que les négociations entre les représentants du gouvernement et les syndicalistes ont repris dans une atmosphère qui présage de lendemains meilleurs. Wait and See.
Massa SIDIBÉ
Essor