Le président de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR), Ousmane Oumarou Sidibé, était face à la presse, hier, au siège de la structure pour expliquer l’évolution de son mandat et définir les perspectives. C’était en présence des 1er et 2è vice-présidents de la CVJR, respectivement Hat Ag Bayes et Elhadj Sidi Konaké.
Dans ses propos liminaires, Ousmane Oumarou Sidibé a rappelé qu’au total, six antennes régionales de la CVJR ont été créées ; toutes sont opérationnelles hormis celle de Kidal qui vient de voir le jour.
Cette organisation, a-t-il poursuivi, a permis de prendre la déposition de 8615 victimes sur l’étendue du territoire. «Parmi elles, 140 ont eu besoin d’une prise en charge et ont été référées. Un groupe de 72 a eu besoin d’accompagnement médical. Les membres de ce groupe ont déjà reçu leurs récépissés de l’Agence nationale d’assistance médicale (ANAM) et peuvent bénéficier de soins médicaux», a détaillé le patron de la CVJR. Globalement, a expliqué l’ancien ministre, la CVJR a réalisé plusieurs activités liées aux différentes thématiques de son mandat, à savoir la recherche de la vérité, le soutien aux victimes.
S’y ajoutent, a-t-il indiqué, la réparation, la sensibilisation, la réconciliation, la prise en compte du genre, le reportage, la documentation et l’archivage. Le conférencier a rappelé que le mandat de la CVJR couvre les crises, les conflits et événements subis par le Mali de 1960 à nos jours. «Afin d’établir la vérité et contribuer à la justice et à la réconciliation, la CVJR est chargée, entre autres, d’enquêter sur les cas de violations graves des droits de l’Homme individuelles et collectives, spécifiquement celles commises à l’égard des femmes et enfants, mener des enquêtes sur les atteintes au patrimoine culturel et établir la vérité sur les violations graves des droits de l’Homme et les atteintes aux biens culturels», a-t-il détaillé.
Ousmane Oumarou Sidibé a également indiqué que l’identification des victimes est une base fondamentale dans la recherche de la vérité mais également dans un processus de réparation. «Les recensements ont débuté en janvier 2018 sur l’étendue du territoire hormis la région de Kidal. De janvier 2017 à juin 2018, 8.615 victimes ont fait leurs dépositions à Bamako (1.545), Ségou (1.152), Mopti (1.631), Tombouctou (2827) et Gao (1.460)», a-t-il dit.
Répondant aux nombreuses questions posées par les journalistes, le président de la CVJR a affirmé que la question de la fiabilité de la déposition des dossiers est cruciale. Afin de donner davantage de visibilité aux actions de la CVJR, a confié son premier responsable, un long chemin a été fait en termes de sensibilisation, notamment dans les radios et à la télévision.
Ousmane Oumarou Sidibé a aussi insisté sur la question de formation de ses agents, expliquant que ceux-ci ont été outillés pour écouter les victimes de manière à apaiser leur cœur. Pour lui, la majorité des victimes veut des reparations, et un plus grand nombre de cette majorité souhaite une réparation financière. D’autres victimes veulent des poursuites judiciaires. Par ailleurs, le président de la CVJR a fait savoir que les difficultés rencontrées sont d’ordre sécuritaire. Il ajoute que le processus de justice transitionnelle est long et que les victimes s’impatientent. «Pour aboutir à une politique de réparation, il faut de la concertation, malheureusement ça prend du temps mais nous avons des ressources avec quoi travailler pour pouvoir atteindre notre objectif», a-t-il assuré.
S’agissant de ces zones fortement impactées, a annoncé M. Sidibé, des équipes mobiles seront bientôt sur place et cela concerne aussi les camps des refugiés.
«A propos du bilan à mi parcours de la CVJR, Ousmane Oumarou Sidibé pense qu’il faudra attendre la fin de son mandat pour la juger. «Mais on peut considérer la CVJR comme un élément d’apaisement en matière de réconciliation, car elle permet d’éviter le sentiment de vengeance dans le pays», a-t-il conclu.
Maïmouna SOW
Essor