Ce lundi 17 mai 2021, l’Union Nationale des Travailleurs du Mali (UNTM) engage un arrêt de travail sur toute l’étendue du territoire nationale. Cette grève qui va durer cinq jours (elle est renouvelable) fait suite à l’échec des négociations entre le Gouvernement et la centrale les 13 et 14 mai où les responsables syndicaux dénonçaient « le mépris et le manque de volonté » des autorités pour améliorer leurs conditions de travail. Selon certains observateurs, ce débrayage sonne comme la culture de l’affrontement qui remet l’ensemble des syndicats en selle annonçant l’échec du dialogue social.
Si le jeudi 14 mai 2021, un débat houleux entre les représentants du Gouvernement et les responsables de la centrale syndicale avait conduit à la suspension des négociations, le vendredi, bien qu’humble, « le Gouvernement n’est revenu avec aucune proposition sur la table », indique les représentants de la centrale syndicale : « Nous avons échangé sans nous comprendre. Aujourd’hui (ndlr : vendredi 14 mai) au moins nous avions pu démarrer les négociations sur le premier sous-point du premier point relatif aux primes et indemnités mais aucune proposition concrète n’est venue de la part du Gouvernement. Nous avons préféré arrêter les travaux », a déclaré Abdrahamane Infa Touré, président de la commission de négociation de l’UNTM.
« Il y a eu deux demi-journées de négociation qu’on peut définir en deux temps. Un premier temps, au cours duquel nous avons observé un Gouvernement méprisant, minimisant et menaçant. Le Gouvernement dit qu’il n’y a aucune raison pour que l’UNTM dépose un préavis de grève. Celle d’aujourd’hui (ndlr : vendredi 14 mai) n’a pas dépassé les deux heures, on a pu observer un Gouvernement plus humain un peu plus humble », explique le rapporteur général de la commission.
Selon le Secrétaire Général, Yacouba Katilé, le comportement du Gouvernement face à cette situation se caractérise par un manque de volonté : « Deux mois après la signature du PV de conciliation, on constate que rien n’a été fait. En la matière, on doit quand-même pouvoir saisir le partenaire s’il y a de la bonne foi, s’il y a l’esprit de respect de l’engagement. L’UNTM ne date pas d’aujourd’hui, les hommes se succèdent mais l’organisation demeure. Il n’y a pas à nous menacer pour dire qu’il y a tous les moyens pour nous créer des problèmes », s’indigne M. Katilé.
Les syndicalistes se heurtent au ministre du travail et de la fonction publique, Me Harouna Toureh, pour la seconde fois, qui est décidé à ne rien céder qui dit « œuvrer dans l’intérêt de l’ensemble des travailleurs du Mali ». Il précisera sa pensée en rappelant que le Gouvernement de Transition dispose « d’un arsenal juridique approprié qui puisse empêcher un certain nombre de manifestations, y compris les grèves, les marches, y compris tout ce que l’on peut imaginer, qui pourrait perturber l’ordre public ou l’ordre économique, social ou culturel », a lancé le ministre Toureh.
Le ton demeure considérablement durci, et la grève semble partie pour durer cette fois-ci. Pendant ce temps, le Gouvernement démissionnaire avait dans un communiqué du 13 mai exprimé sa volonté à revenir à la table des négociations, fidèle à sa politique de dialogue pour un climat social apaisé propice à une Transition réussie.
Andiè A. DARA
Source: Bamakonews