L’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM) a observé un arrêt de travail de 3 jours, du 9 au 11 janvier afin de contraindre le gouvernement à satisfaire une série de revendications dont la principale est l’augmentation des salaires. La grève a été suivie sur l’ensemble du territoire. Et du coup le Mali est resté paralysé pendant trois jours…
A l’appel de l’UNTM, la principale centrale syndicale du pays, une grève générale a été observée du mercredi 9 janvier jusqu’au 11 janvier, « dans tous les secteurs public, para public et privé », selon un communiqué de l’organisation syndicale. Cette grèvede l’Union nationale des travailleurs du Mali intervient après l‘échec des négociationsentre le gouvernement et les syndicats. Selon le secrétaire général de l’UNTM, Yacouba Katilé, c’est de la responsabilité du gouvernement. « Le gouvernement, en ouvrant les discussions seulement, le lundi 7 janvier 2019 à 15h, n’entendait pas négocier. Mais, de dilatoire à dilatoire, ces discussions ont traîné en longueur, sans aborder l’essentiel des discussions. D’hier à aujourd’hui, sur les 12 points à négocier, nous n’avons pas pu finir avec deux points. Pour nous permettre d’organiser, conformément au principe, nos militants, nous avons demandé de mettre fin aux discussions », a expliqué à la presse, le secrétaire général de l’UNTM, qui accuse le gouvernement de « faire preuve de mauvaise foi ».
Le mouvement a été largement observé. La circulation a été assez fluide dans les rues de Bamako et plusieurs services, notamment les administrations publiques, ont été paralysées par la grève des fonctionnaires. Les conséquences ont été visibles sur les usagers. À l’hôpital Gabriel Touré, les blocs de consultation ont été fermés et certains patients se sont trouvés dans l’obligation de se rabattre sur les cliniquesprivées. Au niveau des administrations financières, les lieux ont été aussi déserts.
Les revendications des travailleurs
C’est la première grève générale depuis le début du second mandat du président Ibrahim Boubacar Keita, les contestations sociales n’ont cessé de s’amplifier.
Les revendications de la centrale syndicale vont de l’amélioration de leurs conditions de travail (intégration à la fonction publique des contractuels, réforme des retraites et des grilles salariales, …) à celui du pouvoir d’achat, avec une augmentation de la cherté de la vie que dénoncent les syndicats. En outre l’Union nationale des travailleurs du Mali invite le gouvernement à relancer le chemin de fer Dakar-Bamako, l’extension de la prime de zone à des nouvelles zones à risque, l’adoption d’une politique de recrutement massif des jeunes. Ainsi que l’extinction du protocole d’accord de 2014 : des droits des compressés, des partants volontaires à la retraite, des syndicalistes lésés ; l’intégration des contractuels dans la fonction publique ; la relecture des conventions collectives minières ; l’extinction du dossier de l’UMPP ; la transposition de la valeur indiciaire de 2014 en termes de pourcentage d’augmentation de salaire dans le secteur privé ; l’amélioration des grilles salariales appliquées dans le secteur privé conformément aux pourcentages obtenus dans la nouvelle grille des fonctionnaires.
L’UNTM dénonce également la violation de la liberté syndicale dans les secteurs public et privé et prône l’établissement de passerelles fonction publique-collectivités vice-versa ; l’adoption d’une politique véritable assurant la garantie des emplois, notamment lors des recrutements par les bureaux de placement d’une part, et d’autre part par la protection des productions de nos unités industrielles.
La grève des travailleurs intervient également à quelques semaines de la tenue de la Conférence sociale, une initiative du Chef de l’Etat qui vise à apaiser le climat social dans le pays.
Climat social tendu
Avant la grève générale de l’UNTM, une coalition des syndicats du secteur éducatif a lancé une grève de cinq jours, du 7 au 11 janvier, pour faire pression sur le gouvernement à satisfaire leurs doléances. Ces doléances des enseignants sont entre autres : l’octroi d’une prime de documentation et d’une prime de logement ; l’adoption immédiate du projet de décret portant plan de carrière du personnel enseignant de l’enseignement secondaire, fondamental ; la création des organes prévus par le décret N°2018-0067 P-RM du 26 janvier 2018 fixant les modalités d’application du statut du personnel enseignant de l’enseignement secondaire, de l’enseignement fondamental et de l’éducation préscolaire et spéciale. Aussi, il est question de l’adoption du projet de décret, pris en conseil des ministres, portant plan de carrière du personnel enseignant de l’enseignement secondaire, fondamental ; de l’éducation préscolaire et spéciale De même, les syndicalistes rappellent la signature de l’arrêté conjoint des ministres de l’éducation nationale et de la décentralisation, fixant les conditions et modalités d’organisation du concours d’agrégation au plus tard le 31 octobre 2018; l’application effective et immédiate du décret N°2016-0001/P-RM du 15 janvier 2016, fixant les conditions et les modalités d’octroi de l’indemnité de déplacement et de mission.
En plus de la fronde des enseignants, le gouvernement fait face depuis le 18 décembre 2018 à une grève de la faim de la part de cheminots (travailleurs des chemins de fer).Ils réclament près de dix mois d’arriérés de salaire. Le gouvernement leur a proposé le paiement de deux mois, mais ils rejettent cette offre. Ils nous avaient proposé deux mois. On leur a fait comprendre que ce n’est pas suffisant. Donc de ce jour-là jusqu’à l’heure où je vous parle, il n’y a pas eu de contact avec les autorités. On veut le paiement des neuf mois d’arriérés de salaire. A moins que l’Etat vienne nous proposer quelque chose d’autre », explique Mahamane Dienta, le secrétaire général du Syndicat des travailleurs du chemin de fer (Sytrail).
Mahamane Dienta dit que le mouvement de grève de la faim en cours est soutenu par près de 500 salariés, tous concernés. Un autre représentant syndical a gardé le contact avec les autorités : Modibo Fofana, secrétaire général de la section syndicale unique, UNTM Transrail. « A l’heure où je vous parle, il y a un chèque qui est sorti du Trésor pour nous payer les mois d’avril et mai 2018. Et les sept mois seront régularisés à partir de ce mois de janvier. Ils vont faire un calendrier pour éponger les sept mois ».
Mémé Sanogo
Source: L’ Aube