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Grève de l’UNTM : Désastre pour l’informel !

Bamako, 26 mai (AMAP) Des petits cireurs aux blanchisseurs dans les quartiers, en passant par les boutiquiers, tout comme les vulcanisateurs aux abords des voies publiques…ceux qui exercent ces petits métiers ont vécu un véritable calvaire durant la grève de l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM), du 17 au 21 mai dernier.

« Je n’ai pas envie d’en parler…Depuis le déclenchement de leur affaire-là (Ndlr, la grève), je n’ai jamais gagné 500 Fcfa par jour alors que je gagnais, quotidiennement, près de 5.000 Fcfa », se plaint Issa Touré, cireur de son état, très triste, derrière ses outils sur un comptoir. Il tient son affaire non loin d’une direction administrative dont les travailleurs sont affiliés à la centrale syndicale de l’UNTM, à Hamdallaye ACI 2000. Le pauvre ! La gorge nouée, il a de la peine à nous parler. « J’utilise mes petites économies depuis trois jours pour apporter la ration alimentaire journalière à ma famille », confie-t-il.

La détresse d’Issa Touré est égale au désarroi d’un nombre important de travailleurs exerçant de petits métiers. Ils affirment, tous, du moins ceux que nous avons approchés, avoir souffert le martyre du fait de la grève de l’UNTM. Chez les blanchisseurs, on déplore avoir reçu moins d’habits à repasser.

« En temps normal, je me lève à 05h du matin pour me coucher au-delà de 23 heures, passant tout ce temps à repasser les habits. Malgré cet effort, certains clients étaient contraints d’attendre un jour de plus sur le rendez-vous fixé », souligne Abba Cissé, au quartier ACI Bocoum, ex Lazaret. Pendant la semaine de grève et, contrairement aux jours fastes, M. Cissé a noté beaucoup moins que la ruée habituelle. « Honnêtement, cette grève fait peur. J’exerce cette profession depuis plusieurs années mais je n’ai jamais enregistré autant moins d’habits à blanchir que cette semaine », témoigne Abba. Faut-il encore dire que cette rareté d’activité chez lui est due à l’arrêt de travail des fonctionnaires qui sont sa clientèle fidèle ?

Chez des boutiquiers des quartiers, la recette journalière est en baisse. Beaucoup de clients ne paient pas comptant. Même si la plupart des acheteurs ne sont pas des fonctionnaires de l’Etat, nombreux sont ceux qui cherchent leur quotidien grâce a l’activité dans les services de l’administration.

« N’est-ce pas que vous n’êtes pas impactés par cette grève de l’UNTM ? Vous enregistrez moins de perte ? » Nous nous adressons à un boutiquier à Bolibana, sur le ton de la taquinerie. « Et Comment ? Nous sommes très touchés comme n’importe qui. Suite à la grève, tout le monde vient prendre les produits à crédit. A ce rythme, comment allons-nous nous réapprovisionner pour continuer notre activité», rétorque notre interlocuteur très inquiet.

De son côté, Ousmane Traoré, gérant d’un service de vulcanisation, affirme très peu ressentir la grève. Toutefois, il signale que le ralentissement dans la circulation routière bamakoise peut réduire les cas de crevaisons. Toute chose qui provoque moins d’entrée d’argent dans sa caisse.

Même certains commerçants au grand marché se plaignent. Aboubacar Waigalo, sans donner plus de détail sur ses gains durant la période de la grève, souhaite une entente entre le gouvernement et l’UNTM. « Il faut que cette grève prenne fin… Beaucoup de secteurs sentent la morosité », souligne-t-il.

L’application du mot d’ordre de grève de cinq jours, la semaine dernière, a ralenti les activités dans la ville de Bamako. Il y a jusqu’aux jumeaux et autres mendiants aux abords des boulevards et feux tricolores de la capitale qui ont reçu moins de jetons dans leur sébile.

OD/MD (AMAP)

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