Du 9 au 11 janvier, l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM) a observé une cessation de travail qui a paralysé toute l’administration. Le gouvernement et les grévistes se rejettent la faute. La vérité est que les responsabilités doivent être situées pour que l’ardoise soit effacée.
« Il n’y a pas de moment indiqué par la loi pour entamer les négociations avec les grévistes… ». Ces propos sont du ministre du Travail, de la Fonction publique, Chargé des Relations avec les Institutions. Selon Diarra Racky Talla, l’UNTM est de mauvaise foi. Aussi, laisse-t-elle entendre que les grévistes demandent l’impossible car, affirme-t-elle, si l’Etat cède à la demande de l’UNTM, cela compromettrait les salaires. Parce qu’il serait hors des critères édictés par le FMI et l’UEMOA. La ministre pense que le Mali est déjà hors norme avec l’augmentation de 37% des salaires sur 35% du PIB autorisé.
De son côté, Yacouba Katilé, secrétaire général de l’UNTM, estime que l’Etat est de mauvaise foi, en ce sens qu’il traine les pieds dans l’ouverture des négociations.
Dans les deux cas, il faut reconnaitre que l’ouverture des négociations avec les partenaires sociaux 24 heures avant l’expiration du préavis de grève ne donne pas assez de chance aux acteurs pour trouver un terrain d’entente. Ce, d’autant plus que les positions se sont radicalisées.
Alors questions : qui a occasionné ce débrayage ? L’UNTM est-elle de mauvaise foi, comme l’indique la ministre ?
En tout cas, il est important de trouver les coupables et afin que des sanctions leur soient infligées. La seule certitude est que le dossier a été négligé de façon honteuse.
Pour preuve, la ministre est rentrée en contact avec la branche dissidente de l’UNTM, dirigée par Khefing Kanté, pour tenter de saboter la grève. Cette tentative hasardeuse a même amené l’UNTM à vouloir déposer une plainte contre elle devant l’Organisation internationale du travail (OIT) si ce n’est déjà fait. Cela prouve à suffisance que le gouvernement était conscient de la situation et a tenté de procéder à des manières dilatoires pour diviser les responsables de l’UNTM et saboter la grève. Apparemment, cela n’a pas marché.
Cette énième grève de l’administration prouve à suffisance les compétences de ceux en charge de la question du côté gouvernemental. Racky Talla, nous l’écrivions dans ces mêmes colonnes, n’a ni la carrure ni le tact nécessaire pour dialoguer avec les partenaires sociaux. Elle a montré ses limites dans toutes les négociations qu’elle a menées depuis qu’elle est à la tête de ce département. D’habitude, c’est l’ancien ministre du Commerce et de la Concurrence qui l’épaulait pour désamorcer les bombes sociales. Comme ce dernier n’est plus dans le gouvernement, aucun préavis n’a été désamorcé avant son expiration.
Les partenaires sociaux le disent à qui veut l’entendre : ‘’Racky Talla est hautaine et imbue de sa personne’’. Cela ne favorise point la création d’un climat de confiance avec eux.
On apprend dans les coulisses que le président de la République est tellement remonté contre le gouvernement sur la gestion de cette crise qu’il aurait tapé du poing sur la table lors du Conseil des ministres du mercredi dernier. Maintenant que le vin est tiré, il faut le boire jusqu’à la lie. Que de milliards perdus en 3 jours. Quel gâchis !
Dieu veille !
Harber MAIGA
Source: Azalaï Express