Le Syndicat national de la Santé, de l’Action Sociale et de la Promotion de la Famille, qui a décrété, le mardi 1er décembre, une grève de 4 jours, ne semble pas veiller au respect du service minimum. En tout cas, selon les témoignages d’une dame, qui avait amené nuitamment son père souffrant de difficultés respiratoires aux urgences au Point G, c’est une absence totale du corps médical, des portes fermées et un calme de cimetière qu’elle relevé sur place.
La grève est un droit pour tous les travailleurs regroupés au sein d’un syndicat. Mais elle répond à certaines exigences, notamment, le dépôt d’un préavis 15 jours avant le début de l’arrêt de travail et le service minimum, indispensable dans un secteur aussi sensible que la santé. Cette obligation n’a, malheureusement, pas été observée au niveau des structures hospitalières pour cette grève en cours.
En effet, selon des témoignages de cette dame, son père, souffrant de détresse respiratoire, a été transporté d’urgence à l’Hôpital Mère Enfant »le Luxembourg », dans la nuit du mardi à hier mercredi 2 décembre. Faute de place, le service de garde dudit hôpital l’a orienté vers le Centre Hospitalier Universitaire du Point G. A leur arrivée, aux environs de 23 heures, elle a été surprise de constater une absence totale du personnel médical.
A travers la vidéo qu’elle a mise en ligne, en direct, on observe le service Urgence fermé et un calme de cimetière qui y régnait. La malheureuse dame n’avait d’autre choix que d’exprimer son désarroi sur les réseaux sociaux afin de dénoncer une violation grave du droit de grève en République du Mali.
« On peut être en grève mais il y a le strict minimum du service rendu aux usagers. Après être partis au Luxembourg, où il n’y avait pas d’oxygène, on nous a orientés sur le Point G, où il n’y avait personne pour nous accueillir. On peut mourir comme ça, parce que il n’y a pas de médecin, parce que rien n’est fait, il n’y a pas de service pour les citoyens. C’est très très grave « , a-t-elle déploré.
Et pourtant, au début de la grève, certains comités syndicaux, notamment celui du CHU Gabriel Touré, avait assuré à la » la population que le service minimum serait scrupuleusement observé quelle que soit la durée du mouvement. Ainsi, aucun malade hospitalisé ne sera délaissé. Aucune femme enceinte en travail ne sera négligée et tous les cas d’urgence avérée seront correctement pris en charge « . Tout compte fait, le non-respect du service minimum pendant cette période de grève relève de la responsabilité du comité syndical et les plus hautes autorités sont interpellées pour veiller à l’exercice de cette exigence pour l’intérêt de la population victime de ces grèves à répétition. On se rappelle cette grève illimitée de plusieurs semaines observée par le même syndicat sous le régime IBK, ayant provoqué plusieurs centaines de morts. Il urge pour les autorités de la Transition de mettre les bouchées doubles pour éviter la répétition d’un tel scénario à notre pays. D’autant que le même syndicat n’écarte pas le dépôt d’un autre préavis dans les jours à venir si ses revendications ne sont pas satisfaites. Celles-ci portent sur l’amélioration des conditions de vie et de travail du personnel ; l’amélioration des conditions d’accueil, de soins et d’hospitalisation et du respect des engagements pris par les autorités vis-à-vis du personnel à travers des protocoles d’accord signés en bonne et due forme.
Youssouf CAMARA
Source : l’Indépendant