Le contrôle de l’action gouvernementale par les députés est devenu une des pratiques démocratiques les plus appréciées de l’opinion malienne. En témoigne la nouvelle côte de popularité de certains élus qui ont multiplié les interpellations de ministres décriés. Ces ministres qui comptent peu aux yeux de nombreux citoyens font polémique jusque dans leur propre camp.
Des compagnons de longue date du président IBK sont concernés tout comme des alliés de la dernière minute. Le ministre général, Sada Samaké, patron du département de l’Administration et de la Sécurité intérieure, est dans le premier cas. Les passes d’armes entre lui et le député Oumar Mariko qui l’a interpellé plusieurs fois à l’Assemblée nationale sont devenues légendaires. Pour les Maliens, Sada était censé mettre fin rapidement à la persistance des difficultés de l’obtention des cartes d’identité et des passeports.
Mais il n’a pas su mettre fin aux tracasseries des demandeurs de ces papiers d’identité en plus d’une année et demi d’exercice de fonction ministérielle. Son discours était davantage frustrant pour ceux qui souhaitaient qu’il affirme devant le Parlement que des têtes allaient tomber dans la chaîne de commandement à la police des frontières.
L’autre grand compagnon du président IBK parmi les ministres suscitant polémique est Bokary Tréta, ministre du Développement rural et membre influent du parti au pouvoir. C’est pourtant un député de son parti qui a ouvert la voie au débat sur la gestion douteuse des marchés publics d’engrais auxquels le nom du puissant ministre est associé.
Une enquête judiciaire devra déterminer si les soupçons de retro commissions que lui et certains de ses collaborateurs doivent toucher sont avérés. Ce baron du parti au pouvoir court le risque d’une double accusation. D’abord, le délit d’initié, à travers la création de Groupements d’intérêts économiques (GIE) pour bénéficier illégalement de marchés publics pour la fourniture d’engrais aux paysans maliens.
Par ailleurs, l’autre crime du numéro 2 du gouvernement serait d’être impliqué dans l’acheminement d’engrais de mauvaise qualité au Mali. Le président lui-même s’est dit indigné et a qualifié les présumés malversations d’actes criminels. En plus du discrédit populaire, c’est la déchéance politique que ce ministre risque de connaitre.
Enfin, il y a la catégorie du populisme, même si des ministres fronceurs ne sont pas nombreux au sein de l’équipe de Modibo Keïta. En tout cas, pas sûr que ceux qui ont perdu leurs maisons lors de l’opération de démolition de concessions dans le quartier de Souleymanebougou portent dans leurs cœurs Mohamed Ali Bathily, le ministre des Domaines de l’Etat et des Affaires foncières.
Soumaila T. Diarra
source : Le Républicain