Nous avions souligné, à une certaine époque, ce qui ressemblait jusque-là à une anomalie de notre gouvernance, voire une injustice criarde que ne cessaient de commettre les gouvernements successifs. Le sujet est très sensible, car il s’agissait de l’absence prolongée des représentants d’une ethnie dans les gouvernements successifs, en l’occurrence l’ethnie Bobo.
L’amer constat était, en effet, qu’on ne nommait jamais-ou presque-un Bobo à un poste ministériel. Le sujet avait été évoqué par un confrère lors d’une causerie anodine, mais il avait beaucoup attiré notre attention. Au point que nous avions jugé nécessaire d’en faire un sujet d’article.
Le confrère en question remarquait, en effet, ne jamais se souvenir de la nomination d’un des siens dans un gouvernement du Mali. On était en pleine crise du Nord. Ce qui sous-entendait que peut-être, comme les Touaregs, il faut prendre les armes pour être entendu et pris en compte. Car, malgré leur minorité, ceux qui prennent souvent les armes, en l’occurrence les Touaregs, sont représentés dans tous les gouvernements. Il est vrai que notre système de gouvernance n’est nullement fondé sur une base ethnique ou religieuse. Mais, au regard de l’évolution des choses, ce ne serait pas une mauvaise chose que de commencer à prendre en compte ces paramètres. Dans le souci de préserver l’équilibre social et de ne pas susciter des sentiments d’exclusion, pouvant naître à la suite d’une telle ignorance de la réalité ambiante.
Nous ignorons si cela relève du pur hasard ou si c’est une volonté délibérée, mais dans tous les cas, le régime IBK vient de réparer une énorme injustice en nommant le ministre Dénon à l’Agriculture. C’est là un geste fort significatif qui mériterait d’être répété. Car, on comprendrait difficilement que, quand il s’agit de se battre pour sauver la Patrie, on loue la bravoure de certains, pour ensuite les ignorer complètement quand il s’agit de goûter au miel du fauteuil ministériel. Alors, bravo à IBK pour le geste ! Même si une fois n’est pas coutume…
Sory HAÏDARA
Source: le point