On aura tout vu sur la scène politique malienne, du revirement à 180 degrés, au retournement de veste selon les circonstances, en passant par des promesses creuses, pour ne pas dire des mensonges à faire dormir débout, voici à quoi ressemble la politique au Mali. Annoncé pour être le début de la fin de certaines pratiques qui ont fait effondrer le pays, le Mali Koura est devenu aujourd’hui un slogan vide de contenu, car les promesses d’un Mali vertueux débarrassé de la corruption, du clientélisme, des passe-droits, du népotisme sont allées à vau-l’eau. La mauvaise gouvernance caractérisée par des scandales et la culture de la médiocrité ont clairement refait surface au grand dam du peuple qui avait pourtant fondé de l’espoir sur cette transition.
Aujourd’hui, un diagnostic sans complaisance s’impose pour non seulement apporter la thérapie nécessaire, mais aussi procéder si possible à un toilettage afin que l’espoir que l’avènement du Colonel Assimi Goïta au pouvoir avait suscité ne se transforme pas en cauchemar, en faisant du héros un cynique bourreau. Le Colonel Assimi Goïta va-t-il enfin se décider à imprimer une touche nouvelle à l’exécutif pour sortir de ce chaos dans lequel le gouvernement a voulu nous maintenir ?
L’éléphant annoncé, avant le coup d’Etat de la rectification, est arrivé avec trois pieds cassés, tant la déception a été grande. Les attentes ont été tellement déçues que nombreux sont aujourd’hui les maliens qui regrettent l’ancien régime, celui d’IBK. Ont-ils tort ? la réponse est négative, car pour tous les observateurs au Mali s’accordent à dire qu’on fait du IBK sans IBK. Les exemples les plus illustratifs sont les scandales à répétition, le népotisme, une instrumentalisation de la justice, une paupérisation générale, le tout couronné par un mal vivre extrême jamais égalé dans notre pays. En 18 mois de transition tous les indicateurs socioéconomiques sont au rouge. Comme si cela ne suffisait pas le Mali s’isole sur le plan diplomatique en coupant délibérément tout lien de coopération avec ses voisins immédiats regroupés au sein de la CEDEAO et en acceptant de se brouiller avec le reste du monde excepté la Russie. Comment un pays comme le Mali sans façade maritime, fortement enclavé et pauvre peut-il vivre en autarcie dans un monde globalisé et interdépendant ? A qui profite cette léthargie ? Elle ne pourrait profiter qu’à ceux qui l’entretiennent, sinon pas au peuple qui souffre aujourd’hui de cet isolement diplomatique et des sanctions bien qu’illégales, illégitimes et inhumaines, qui pèsent lourdement sur la population. Doit-on continuer à s’accommoder de cette situation chaotique dans laquelle on veut maintenir le pays ? Assimi va-t-il enfin se réveiller pour rectifier le tir comme il sait bien le faire ?
La balle est dans le camp du Président de la Transition. C’est à lui seul que revient la mission de redressement voire de rectification de la transition au grand bonheur du Mali et des maliens. Il y a véritablement nécessité à changer de cap avec des hommes et des femmes pétris d’expérience, qui ont une vision et qui sont clean moralement. Le plus tôt serait le mieux pour éviter que l’étincelle allumée le 18 Août 2020 ne puisse pas se transformer en flamme violente pour consumer le peuple malien. Quant au Mali Koura il serait mort de sa belle mort car il est sans contenu et ses géniteurs ne sont que ceux qui ont contribué à l’effondrement de ce pays.
Youssouf Sissoko
Source : L’Alternance