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” Gouvernement de mission ” : les atouts et les lacunes

A l’évidence « le gouvernement de mission  » mis en place, le dimanche 5 mai dernier, renferme des ressources humaines de qualité le prédisposant à conduire, avec le succès espéré, la feuille de route accompagnant le protocole d’accord politique de gouvernance, signé le 30 avril précédent, entre le président de la République  » garant de l’intégrité et de la mise en œuvre (dudit) accord » le Premier ministre et plusieurs partis politiques de la majorité et de l’opposition.

 

Dr Boubou Cissé occupe une place de choix parmi ces ressources humaines de qualité, ce qui lui vaut de cumuler la fonction primatoriale avec celle de ministre de l’Economie et des finances qu’il exerçait dans le gouvernement Soumeylou Boubèye Maïga, contraint à la démission le 18 avril.

La confiance dont il est réputé jouir des institutions de Bretton Woods, le FMI et la Banque mondiale (il a servi au sein de cette dernière à des postes élevés) relativement à ses efforts d’assainissement et de mobilisation des finances publiques, a pesé de façon substantielle dans la situation exceptionnelle qui est la sienne.

Toutefois la parcimonie dont il fait preuve dans la dépense de l’argent public en direction des fonctionnaires et des prestataires de l’Etat est source de sa détestation auprès des syndicats, notamment de l’éducation. Elle pourrait mettre en échec le sauvetage de l’année académique 2019, l’un des volets de la feuille de route.

Michel  Hamala Sidibé (on ne lui connait son second prénom que depuis sa nomination au gouvernement) est une autre valeur sûre de cette équipe de combat.

Ce spécialiste en santé mondiale, après un passage réussi à l’UNICEF, a déposé sa valise à l’ONUSIDA comme Directeur du département Appui aux pays et aux régions. Il relèvera le défi de la  » transformer en un programme commun mieux ciblé et plus efficient, capable de donner des résultats au niveau des pays« . Promu Directeur exécutif, le 1er décembre 2008, en raison des résultats remarquables obtenus, il a tenu le pari, au cours de la décennie écoulée, de réduire la mortalité liée au fléau à moins d’un million de décès par an à l’échelle planétaire.

Son riche carnet d’adresses, son prestige international, son goût immodéré pour les challenges seront fort utiles pour améliorer le système sanitaire malien et favoriser l’accessibilité aux soins de santé base des plus démunis.

Le nouveau ministre de la Justice,  Garde des Sceaux, Malick Coulibaly, est un familier de la fonction. Il l’avait occupée deux fois, en avril et en août 2012, sous la Primature de Dr Cheick Modibo Diarra. Son choix à ce poste en une période d’exception avait été dicté par sa démission fracassante de son poste de substitut du procureur de la République près le tribunal de première instance de Kati, en septembre 2008, pour protester contre la non-application d’une décision de justice.

Un acte de courage rare chez les magistrats. Son retour à ce poste, dans un contexte où la justice est fortement décriée (en témoigne l’affaire opposant le président du CNPM, Mamadou Sinsy Coulibaly et le président de la Cour Suprême, Nouhoum Tapily) traduit une claire volonté de lutter contre la corruption. Une autre tâche dévolue au  » gouvernement de mission  » par la feuille de route.

Le général Ibrahim Dahirou Dembélé, dont l’étoile avait quelque peu pâli en raison de son accointance marquée avec les putschistes du 22 mars 2012, qui vient d’être promu ministre de la Défense, est crédité d’être l’homme qu’il faut pour tenir d’une main ferme les forces armées et les mettre en situation de vaincre l’hydre terroriste.

Du côté des politiques, le retour de Tiébilé Dramé au ministère des Affaires étrangères, qu’il avait brièvement dirigé sous la première transition (mars 1991-juin 1992) répond à une autre exigence de la feuille de route de l’accord politique de gouvernance : donner une vigoureuse impulsion au processus de paix au nord du Mali qui piétine bientôt cinq ans (20 juin prochain) après la signature de l’accord issu des négociations d’Alger.

Le président du PARENA est, en effet, un fin connaisseur du dossier pour avoir été  » l’émissaire du président de la transition » Pr Dioncounda Traoré, lors des discussions de Ouagadougou qui aboutiront à la signature d’un accord éponyme, le 18 juin 2013.

La présence de Oumar Hamadoun Dicko (PSP) Housseyni Amion Guindo (CODEM) Amadou Thiam, président éjecté de l’ADP-Maliba pour accointance avec le gouvernement Soumeylou Boubèye Maïga sans l’autorisation des instances décisionnelles appropriées (tous ont frayé, un certain temps, avec l’opposition au régime) témoigne d’un impératif d’élargissement de  » la base politique et sociale du gouvernement » gage d’apaisement social et de stabilité.

Il est regrettable que cette dynamique d’ouverture n’ait pu intégrer les mastodontes de la scène politique que sont Soumaïla Cissé (URD) Cheick Modibo Diarra (RDpM), Aliou Boubacar Diallo (ADP- MALIBA), Modibo Sidibé pour ne citer que ceux-là.

On peut s’étonner aussi de ce que le duo IBK-Boubou Cissé n’ait pas jugé utile d’offrir un maroquin à un proche de l’alliance formée par le Chérif de Nioro et Mahmoud Dicko pour « achever le pouvoir en place « .

Enfin les organisations syndicales, de la société civile, les mouvements armés signataires de l’accord pour la paix, les associations de femmes et de jeunes ont été mises à la portion congrue ou ignorées.

Autant de lacunes qui ne manqueront pas d’impacter la cadence de réalisation de la feuille de route.

Pour le moins.

Saouti Haïdara

Source: l’Indépendant

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