Inaccessible ! C’est le mot qui revient quand il question d’évoquer la gouvernance d’IBK, ce qui a pour conséquence, un mécontentement général chez les nombreuses notabilités à travers le pays.
C’est connu : les notabilités jouent un rôle prépondérant dans notre société. De ce fait, chaque régime accorde à cette couche respect et considération. C’est pourquoi lors des campagnes électorales, les chefs coutumiers et religieux sont chouchoutés.
Le président Ibrahim Boubacar Kéita l’a compris et il a accentué l’essentiel de ses efforts sur les personnalités qui incarnent le Mali de nos valeurs ancestrales. S’il est parvenu à damer le pion aux autres candidats, c’est en partie grâce au travail de lobbying que certains dignitaires religieux et notables ont mené en sourdine en sa faveur. En si peu de temps, IBK est devenu le Malien le plus crédible capable de redonner au Mali sa dignité.
Hélas ! Celui qui a parcouru le pays entier pour demander soutien est devenu subitement inaccessible. De mémoires de Maliens, pendant que les autres candidats ont été contraints de voyager sur Kidal, IBK a bénéficié de toutes garanties sécuritaires et a été reçu par le vieux Ag Intallah. Ce dernier lui a manifesté son soutien en appelant même les groupes armés à soutenir sa candidature.
De la campagne électorale à nos jours que d’impairs ! IBK a coupé presque tout contact avec les notabilités de Kayes à Kidal. Même si les attentions sont focalisées sur ses relations avec le Chérif de Nioro du Sahel qui sont devenues si froides et que ses proches tentent de réchauffer, il y a son attitude jugée incorrecte envers les familles fondatrices de Bamako.
En un an de gestion du pouvoir, Ibrahim Boubacar Kéita ne s’est rendu que peu dans le Mali profond. Il n’a effectué qu’une seule visite à Mopti. Alors que dans les autres localités, il est très attendu au moins pour remercier ceux l’ont soutenu. « J’ai du mal à comprendre que IBK ne fasse pas le tour du pays pour connaître nos problèmes », lance une notabilité de Kayes que nous avons rencontré lors de la visite du Premier ministre dans la région le mois dernier.
Quid du Nord ?
Dans le Nord du Mali, le ton est plus virulent et les révélations ne manquent pas. « Nous sommes convaincus qu’IBK nous a utilisés pour arriver au pouvoir », fulmine un chef de tribu d’Arawane dans la région de Tombouctou sous le sceau de l’anonymat. A Gao, les notabilités ont du mal à digérer le fait que le président de la République est descendu à l’aéroport sans daigner leur rendre les amabilités comme c’est de coutume.
Certes, la nature de l’Adrar des Ifoghas ne permet pas au chef de l’Etat de s’y rendre mais il n’en demeure pas qu’il entretenait de cordiales relations avec les chefs traditionnels. Pour preuve, ils l’ont assuré de leur accompagnement à trouver une solution définitive à la crise du Nord. Les initiatives comme les Assises nationales sur le Nord ont bénéficie d’une large adhésion des chefs de tribus et autres notabilités. Mais à condition qu’il tienne compte de leurs revendications.
En premier lieu, IBK a eu des échanges fructueux avec le patriarche Ag Intallah. Et ce dernier, selon des sources, n’a pas du tout apprécié le fait qu’une fois élu, Ibrahim Boubacar Kéita ait coupé le pont. « Le vieux Ag Intallah est très remonté contre le président qui n’a pas tenu ses promesses. C’est pourquoi, il n’a pas intervenu dans les affrontements du 21 mai », nous a rapporté un rescapé militaire.
Le mécontentement est tel que la traditionnelle médiation que mène la notabilité à l’occasion des remous sociaux n’est plus possible. Tout au long de la grève de l’UNTM, la notabilité était restée silencieuse, alors que par le passé, elle avait désamorcé beaucoup de crises. Autant de raisons qui montrent qu’il a un grand fossé qui sépare IBK et cette couche incontournable dans notre société.
Alpha Mahamane Cissé