D’un coté c’est un ange qui parle disposé à tout donner pour la paix et le vivre ensemble. Mais de l’autre côté c’est la voix d’un démon que l’on entend prêt à foire de feu de tout bois. Voici les deux figures que l’on voit actuellement en monsieur Ibrahim Boubacar Kéita, le président sortant déclaré élu par la cour constitutionnelle pour un second mandat.
D’une part, et pour beaucoup d’observateurs, Le président IBK a tiré les leçons de la gestion pas du tout reluisante qu’il a faite du Mali courant son premier mandat. Dans le discours par lui tenu ces derniers temps on voit un autre IBK très différent de cet homme très allergique aux critiques ayant passé ces cinq dernières années à répondre à ses détracteurs contribuant ainsi chaque jour à renforcer la contestation collective autour de son système de gouvernance. Excuses ou repenti ?
D aucuns répondront qu’il s’agit tout simplement d’un appel à la cohésion pour « sauver l’essentiel ». Mais d’autres voient un goût de moquerie en cette attitude d’IBk à l’endroit de ses adversaires politiques qui ne lui ont pas fait cadeau pendant son premier mandat. Les plus avertis doutent surtout de la sincérité de ces mots. ‘‘Il le dit, mais est-ce qu’il va le faire ? ’’, s’interroge-t-on des propos à l’apaisement du président IBK.
Le premier de ces propos tenus par IBK, est celui de son appel au chef de file de l’opposition, Soumaila Cissé, à qui il dit nommément tendre la main. Au-delà de la personne de Soumaïla Cissé, l’appel à l’union est lancé à tous les Maliens: » Je pense que le Mali est un pays de fraternité, et Allah nous a donné le cousinage à plaisanterie qui est une ingénierie sociale pour nous unir dans notre diversité culturelle. Les 24 candidats sont autant de frères pour moi, quand je suis rentré dans la salle hier, j’étais heureux de voir certains d’entre eux parmi nous. Jamais je ne prends en haine quelqu’un, je ne peux pas. Donc, je dis encore une fois que chacun est appelé au chevet du Mali, chacun d’entre nous, nous ne pouvons pas seuls, ce n’est pas entre nos seules mains , ayons tous pitié de ce pays et donnons nous la main pour bâtir ensemble ce pays ». Propos attribuables à IBK par la cellule de communication de la présidence. C’était après la prière à la Grande Mosquée le jour de la fête de la Tabaski.,
Dans son appel à l’union, et toujours selon la cellule de communication de la présidence, IBK est encore parti plus loin : » Le Mali a besoin qu’on aille rapidement à l’essentiel, j’en appelle à chacun, l’élection est un temps d’une parenthèse mais qui doit être la plus courte possible. Le Mali attend, les chantiers sont là et chacun de ceux-là à compétence à aider à faire avancer le Mali, donc, il ne s’agit pas de venir aider IBK, IBK passe. »
Bien dit ! Mais pour d’autres observateurs, on n’en serait pas là aujourd’hui si IBK avait commencé son premier mandat avec de tels mots d’apaisement. Qu’à cela ne tienne ! Une chose est désormais certaine : Le gâteau qui n’était pas prêt pour être partagé 2013, semble l’être cette fois-ci pour tout le monde, même pour un « petit monsieur ». Kèlèkoté… Comme dirait l’autre !
L’incohérence !
Toujours à son QG de campagne, c’est sous la même tribune où il a annoncé avoir tendu sa main à Soumaïla Cissé qu’Ibk est sorti de sa peau d’ange rassembleur pour faire des menaces à l’adresse de l’ensemble du peuple malien : ‘‘Celui qui tentera de ‘‘bruler’’ ce pays, se brulera lui-même nous n’allons plus accepter cela après le verdict de la cour constitutionnelle’’. En lieu et place de ces menaces, nombreux sont ceux qui auraient voulu entendre des appels à la non-violence de la part d’IBK en tant que garant de la stabilité.
Encore, faut-il le dire, en tendant sa main à Soumaïla Cissé IBK semble avoir raté les mots appropriés : ‘‘ A mon jeune frère Soumaïla Cissé, chef de l’opposition dite républicaine…’’ Pour beaucoup d’observateurs le mot ‘‘dite’’ n’avait pas sa place, de surcroît si on veut réconcilier. Veut-il dire que l’opposition n’est pas républicaine ? Allez y le savoir !
Djibril Samaké
la Sirène