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Gouvernance : les choix étranges

Par des choix politiques aussi contestables que détestables, le régime est condamné à la capitulation. La gestion de certains événements ayant cristallisé l’actualité nationale en sont la plus parfaite illustration.

En 2013, après la déroute retentissante et mémorable sur tous les fronts du Nord de nos FAMa, suivie de l’occupation des 2/3 du territoire national, l’amorce de la résurrection du Mali est venue du côté de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). En effet, après un premier sauvetage, à travers une demande express d’intervention militaire française (Opération Serval), la France a réussi l’exploit de faire signer entre le Gouvernement, le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) l’Accord préliminaire à l’élection présidentielle et aux pourparlers inclusifs de paix au Mali. Après une campagne présidentielle apaisée où certains candidats ont pu se rendre à Kidal, le nouveau Président élu, IBK, s’est lancé dans une course au réarmement. C’était une de ses promesses phares de campagne, alors que les Maliens, dans leur plus grande expression, attendaient de lui la restauration de leur fierté nationale. L’option guerrière était donc sur la table. Les Groupes armés peu ou prou laminés ont quémandé le dialogue, imploré le Gouvernement à honorer ses engagements contenus dans l’Accord qui a permis la tenue de l’élection présidentielle. En vain. L’état de belligérance a repris ses droits. C’est dans ce climat électrique qu’un Premier ministre, mal inspiré par un chef d’état-major général des armées, s’est aventuré à Kidal, en mai 2014. La conséquence est tragique : l’armée malienne a été décimée, causant un traumatisme national. Après, place aux pourparlers d’Alger où le Gouvernement a été ‘’trimballé’’ pendant 8 longs mois. Au sortir, la ligne rouge fixée est devenue des plus modulables. Premier camouflet pour le régime qui avait superbement ignoré l’appel au dialogue des Groupes armés à priori peu disposés à aller à l’affrontement armé.

À peine remis de ce traumatisme (parce que l’Accord pour la paix et la réconciliation a été signé en mai/juin 2015) qu’il se lance dans une nouvelle aventure : la révision de la Constitution. Le Projet a été attaqué sur la forme, comme sur le fond, autant par l’Opposition politique que par une frange importante de la société civile. La Plateforme ‘’An Te A Banna-Touche pas à ma Constitution’’ a été le fer de lance de la contestation qui a fini par avoir raison de la détermination du régime à mener à bon port sa réforme constitutionnelle. Dans un Discours à la Nation, le 18 août 2017, le Président de la République annonçait : « au regard de tout ce qui précède, et en considération de l’intérêt supérieur de la nation et de la préservation d’un climat social apaisé, j’ai décidé, en toute responsabilité, de surseoir à l’organisation d’un referendum sur la révision constitutionnelle ». C’était le deuxième revers cinglant pour un régime qui avait décidé d’aller à l’épreuve de force.

Alors que l’année 2019 s’annonçait sous les meilleurs auspices, le ciel s’est subitement obscurci, après la prise par le Premier ministre du Décret N° 2019 -0015/PM-RM DU 14 JANVIER 2019 Portant création du Comité d’experts pour la réforme constitutionnelle et du Décret N° 2019-0016/PM-RM DU 14 JANVIER 2019 portant nomination au Comité d’experts pour la réforme. En réaction, l’Opposition réclame un ‘’dialogue politique national’’ auquel ne saurait se substituer le Cadre de concertation national qu’elle boycotte. En considérant que le Gouvernement est engagé dans une course contre la montre, parce que devant boucler ses réformes institutionnelles, courant ce premier semestre de l’année 2019 ; que le mandat des députés prend fin en fin juin 2019 et qu’il n’est pas assuré d’une majorité à la prochaine Assemblée, d’une part, et de l’autre, que l’Opposition constitue un obstacle majeur, il sera contraint au dialogue. Un autre revers qui se profile donc à un horizon même pas lointain. Une victoire servie sur un plateau d’argent pour une Opposition qui a réclamé avec bec un ongle, rien qu’un dialogue sans jamais pouvoir l’obtenir.

À cela, il faut ajouter la grève des magistrats où le Gouvernement, après avoir procédé à une rétention des salaires, conformément à la loi, a fini par reverser les montants retenus. Idem pour la Centrale syndicale UNTM qui a obtenu satisfaction sur 11 de ses 12 points de revendication, alors que le ministre du Travail, de la fonction publique soutenait : « le Gouvernement est prêt à redistribuer la richesse pour que les Maliens se sentent mieux, mais le Gouvernement ne peut pas donner ce qu’il n’a pas en réalité ».

À l’analyse de ces situations, il apparaît qu’à chaque fois c’est le régime qui décline l’offre de dialogue ; à chaque fois, il y est contraint remettant en cause ses choix politiques imprégnés de suffisance.

PAR BERTIN DAKOUO

Info-matin

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