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Gouvernance en processus de sortie de crise : Quand la culture de la violence s’incruste dans nos mœurs

Une forme de prédisposition à la violence se développe de façon inquiétante chez nos populations au point que l’on se demande si ce sont là des séquelles des traumatismes découlant de la crise sécuritaire.

Un arsenal composé de 20 revolvers, de plus d’une centaine de machettes, de plusieurs centaines de gourdins métalliques et autres armes blanches (objets coupants) ont été découverts dans les logements estudiantins il y a de cela quelques jours à Bamako. C’était à l’issue d’une perquisition musclée sur le campus suite aux affrontements violents entre étudiants regroupés au sein de l’AEEM ayant entraîné un mort et plusieurs blessés la semaine dernière.

Avant la découverte de ces « armes de guerre » sur la colline du savoir, des étudiants ne se gênaient plus à s’invectiver pour de petites divergences de vue. Ce fut le cas pour les cas de renouvellement des bureaux AEEM de diverses facultés. Plusieurs étudiants, rapportent certaines sources, ne se faisaient pas prier pour menacer d’autres d’agressions physiques. Ce qui devait arriver est survenu avec mort d’homme. Ce qui interpelle les consciences.

Par ailleurs, à divers endroits de notre pays, les Maliens paraissent constamment sur les nerfs, prêts à en découdre par la violence physique, voire armée. C’est ce qui explique les récents événements malheureux entre les orpailleurs à la frontière entre le Mali et la Guinée, ayant fait morts d’hommes, les affrontements entre les populations et les forces de l’ordre à Konsiga, dans le cercle de Yélimané, avec morts d’hommes et la dernière en date, les émeutes de Moribabougou du mardi 26 décembre 2017.

Un dénominateur commun caractérise tous ces événements, la prédisposition à la violence pour exprimer toute opinion sur des questions d’intérêts particuliers pour les populations. Les Maliens semblent être sur le qui-vive au point qu’à la moindre étincelle locale les rancœurs s’expriment très violemment. L’on n’hésite pas à s’en prendre aux forces de l’ordre censées protéger l’intérêt de tous. L’on soupçonne une sorte de crise de confiance transformant le Malien, habituellement tolérant et pacifiste en un animal étonnamment va-t-en guerre.

Ce climat permanemment conflictogène suscite un certain nombre de questions chez certains spécialistes en anthropologie. « L’homme malien traverse une crise existentielle liée à la crise politico-sécuritaire dont le pays peine à sortir. Cela peut créer une tendance à l’agressivité », assure un psychologue ayant requis l’anonymat. Et d’ajouter dans divers endroits du territoire national menacé par l’occupation terroriste, les populations s’arment pour se défendre. Ce phénomène peut aussi encourager le réflexe d’autodéfense exagéré. Ce qui pousse, explique-t-il, à aller facilement à la violence.

Pour d’autres anthropologues, le contexte de sortie de crise favorise des situations de règlements de compte. C’est pourquoi, conseille-t-il, des structures comme la Commission vérité, justice et réconciliation (CVJR) doivent mettre sur pied des cellules d’accompagnement psychologiques. Celles-ci devraient aider à des sortes de cures d’âmes pour favoriser la culture de la tolérance et recréer la confiance en les institutions.

Par ailleurs, l’on se demande si ce climat de chienlit ne va pas avoir une incidence dangereuse sur le contexte électoral qui pointe à l’horizon. Quid de la gestion de contentieux électoraux si l’on a cette tendance exacerbée à se faire justice, à aller à la violence ? Les plus hautes autorités sont interpellées pour agir au plus vite dans la crédibilisation des institutions notamment judiciaires et à faire en sorte que les prochaines élections, en particulier la présidentielle de 2018, soient transparentes.

 

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