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Gouvernance au Mali : Le problème, c’est IBK !

En dix mois et demi de gestion du pouvoir, Ibrahim Boubacar Keïta, est à son troisième Premier ministre : Oumar Tatam Ly (8 mois), Moussa Mara (9 mois). Modibo Keïta, à 73 ans, est-il à même d’aller au-delà ? La question est sur toutes les lèvres. Mais le vrai problème de la gouvernance actuelle se trouve à Sébénicoro, et non ailleurs.

 ibrahim-boubacar-keita-ibk-rpm-election-presidentielle-2013En l’espace d’un an et 6 mois, Ibrahim Boubacar Keïta, a, en effet, grillé deux Premiers ministres. Ils sont tous deux répartis comme ils étaient venus : sans le moindre résultat tangible, dans aucun domaine.Oumar Tatam Ly s’était vite rendu compte qu’il était difficile, voire impossible de travailler avec un président de la République, certes élu à 77%, mais qui, en réalité, n’a ni programme, ni vision claire pour le Mali. Le fameux slogan «Le Mali D’Abord » n’a duré que le temps de la campagne présidentielle de 2013. Il s’est avéré une coquille vide conçue dans le seul but de conquérir le pouvoir… Aussi, dès la composition du premier gouvernement, les Maliens ont compris qu’Oumar Tatam Ly n’avait nullement les coudées franches face à un président qui avait fait appel à des membres de la famille et du clan pour diriger le Mali.

Au bout du compte, le banquier (Tatam) a tiré les conclusions nécessaires. Il décida d’abandonner le navire, laissant IBK face aux vagues incessantes.

Le fauteuil primatorial fut alors confié, sans réflexion et en violation flagrante du fait majoritaire,  à Moussa Mara. Pourquoi le Prince de Sébénicoro a-t-il agi ainsi ? Nul ne le pouvait le deviner sur le coup. Mais, à l’épreuve du temps, on s’est rendu compte, en réalité, que l’expert-comptable a été un Premier ministre par défaut pour IBK. Celui-ci, surpris par la démission d’Oumar Tatam Ly, n’a pas cherché loin. Il fallait à IBK un homme de compromission, prêt à tout. Moussa Mara accepte de jouer le jeu. Mais lui aussi, s’est rendu compte de la difficulté de sa tache dès le départ.

Pour composer l’équipe gouvernementale, il avait choisi certains hommes. Mais aucun d’entre eux, ne sera nommé. Et pour cause, le chef de l’Etat ne laissa nul portefeuille à son Premier ministre. Mara avala la couleuvre, sans mot piper.

Populiste et serviable à souhait, Moussa Mara était prêt à tout pour sauvegarder son fauteuil.

Au même moment, l’action gouvernementale se résumait en une succession d’échecs et d’actions folkloriques, sur fond de scandales.

Du point de vue résultat, l’équipe dirigée par Mara ne connait pas plus de succès que celle de Tatam Ly. Mais, la réalité du pouvoir et des décisions était ailleurs ; entre les mains du président et sa famille. C’est dire que le problème actuel du Mali n’est pas un problème de Premier ministre, c’est plutôt Ibrahim Boubacar Keïta, lui-même…qui est le blocage. En effet, avec un président qui a instauré un pouvoir monarchique, un président qui s’est entouré par sa famille, son clan et ses affidés, un président qui a du mal à donner une orientation et une vision claire à la marche de l’Etat, un président qui fait du pouvoir et des attributs du pouvoir un instrument de jouissance, un président qui ramène tout à sa personne, un président qui a tendance à confondre famille et rouage de l’Etat…,que peut alors Modibo Keïta ? C’est là toute la question.

C.H. Sylla

source : L’Aube

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