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«Goua-folo» : LA TRADITION CONTINUE

La diversité de nos cultures  ethniques constitue un trésor inépuisable et inestimable.

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Les us et de coutumes hérités de nos ancêtres seront éternellement le socle d’airain du Mali. Certaines traditions ont subi un changement radical à cause de l’occidentalisation  des modes de vie dans nos familles. D’autres, par contre, continuent de faire la fierté du peuple malien.
Le cérémonial du «Goua folo», la première cuisine de la nouvelle mariée, est une tradition qui continue d’être observée par beaucoup de grandes familles. Selon la coutume, chez certaines ethnies, quelques jours après le mariage, la belle famille organise une grande réception à laquelle sont conviées toutes les amies de celle qui vient de quitter le célibat. Le menu de cette fête est établi par la nouvelle mariée. Elle est au centre de toutes les causeries en aparté des épouses et des filles matures ou non, au milieu desquelles elle vit désormais.
En effet, c’est la première fois que la jeune mariée occupe la cuisine pour préparer son premier repas. L’implacable jury des premières épouses qui l’ont précédée dans le foyer conjugal  rendra le verdict après avoir goûté la recette culinaire mijotée par la nouvelle coépouse ou nouvelle belle fille. Ce repas hautement symbolique et traditionnel détermine  l’avenir des rapports de la nouvelle épouse avec les membres de sa belle famille.
Les épouses  honorées  ce jour dans un passé récent ou ancien du titre de cordon bleu continuent de revivre «leur jour de gloire». Certaines  ont accepté de nous partager leur expérience.
Djadji rappelle que la première cuisine est une épreuve redoutable. Elle est facile si la mariée a cultivé des talents culinaires, mais difficile si elle n’a rien appris de la cuisine.  Cette faille est impardonnable dans l’éducation de la jeune fille dans toutes les communautés maliennes. Et les oreilles de sa mère ou de sa tutrice vont siffler chaque fois que les préparations culinaires de «l’épouse incomplète» seront dédaignées par les convives.  Très souvent des bonnes volontés se chargent du renforcement des capacités culinaires de l’incompétente.
Mariée à un  soninké depuis six ans,  mère Djadji se souvient encore de la toute première fois où elle a démontré ses talents culinaires dans sa belle famille. On lui avait demandé de préparer du couscous. Elle relate qu’elle  devait «préparer pour une grande famille. Mais ce jour là j’étais seule dans la cuisine. Aucune des épouses arrivées avant moi dans le foyer conjugal ne m’a assistée. Comme si on leur avait donné une consigne. Heureusement  j’avais appris auprès de ma mère et de ses coépouses tous les secrets de la cuisine malienne» .
Djadji  a passé l’épreuve sans être humiliée. Elle a été couverte de congratulations et de bénédictions par tous les invités. A son tour, elle a appelé sa tante maternelle pour se faire pardonner pour toutes les mauvaises têtes qu’elle affichait au cours de l’initiation à la cuisine. Elle l’a remerciée vivement de lui avoir transmis sans calcul son savoir-faire culinaire.
Le jour de sa première cuisine reste mémorable pour la nouvelle maman Maïmouna. Elle est mariée depuis trois ans, dans une grande famille. Les amis de son mari, ses cousines, cousins, tantes et autres parents ont été  conviés à la maison pour une grande fête. Comme la tradition l’exige, elle devait servir un régal à l’assistance.
«Mes belle-sœurs et les autres femmes de la maison n’étaient pas de bonne foi. Elles pensaient que j’étais une fille de la ville qui n’avait rien appris auprès de sa mère. Elles s’attendaient à un plat médiocre, pas à la hauteur. Mes rivales attendaient impatiemment l’instant où je serai la risée de toute la famille», a-t-elle raconté.
La séreine Maï a préparé du «Yassa» ce jour là. A son retour  du marché, toutes les femmes se sont réfugiées sous la véranda  pour lui signifier qu’elles ne sont pas prêtes à l’aider. Elle nous révèle, souriante, que «j’ai compris qu’elles me lançaient un défi que je devais coûte que coûte  relever. Mais à leur grande surprise, j’ai passé l’épreuve la tête haute. J’ai fait ma cuisine sans demander aucune aide. C’est lorsque le repas fut prêt que j’ai appelé ma belle mère pour savoir le nombre de plats à servir ».
Aux dires de Maï, sa prouesse a été bien appréciée par toute l’assistance ce jour là. Le soir, sa belle mère l’a félicitée pour ses talents de cordon bleu et pour l’avoir honorée.
La solidaire Maï invite toutes les filles à apprendre à faire la cuisine avant leur mariage. «La bonne cuisine fait partie des méthodes traditionnelles de séduction. Elle fait partie intégrante de l’éducation de la petite fille. Si je ne savais pas cuisiner, j’aurais été humiliée dans ma belle famille pour toujours», a-t-elle confessé.
La citadine Assan est mariée à un cousin dont les parents vivent au village. Elle a été obligée d’aller subir l’épreuve de la première cuisine au village. Tout s’est bien passé ce jour là. Elle n’a pas eu de difficulté car elle  savait  déjà préparer des plats succulents. Depuis le bas âge sa mère l’avait initiée à la bonne cuisine.
Lorsque ma belle mère m’a donné du mil pour en faire du couscous, j’ai ri sous cape. Personne ne m’a aidé ce jour là  a-t-elle rappelé fièrement.
Aujourd’hui, à travers Bamako, combien de nouvelles mariées se sont fait humiliées le jour du test de la première cuisine ? Elles récoltent la rançon de leur fainéantise. Elles pleurent des larmes de sang ce jour-là pour n’avoir rien appris avant le mariage. Celles qui croquent la vie à belles dents et dont l’art culinaire est le dernier souci ne savent préparer que des fritures. Le jour de l’épreuve ne leur demandez pas de préparer du riz. Elles ne sauront pas vanner le riz.
Mme Kouyaté se souvient encore du jour où une de ses amies d’enfance préparait pour la première fois dans sa belle famille. « Elle était la seconde épouse de son mari. Donc à la moindre erreur de sa part, elle serait la risée de sa coépouse qui était présente entourées de ses amies. Elle m’a donc passé un coup de fil pour venir la sauver » se rappelle l’amie de toujours. Elle a raconté que cette nouvelle mariée savait faire la cuisine. Mais n’était pas habituée à préparer pour une grande famille. A son arrivée, Mme Kouyaté s’est assise à l’écart.
Elle à  donné des directives par téléphone dont l’écouteur était introduit dans l’oreille de la candidate au titre de cordon bleu. La jeune mariée a réussi à relever le défi.
L’audace paye toujours. Mme Sissoko a révélé que lors de sa première cuisine  elle a réussi un coup de maître. Elle n’était pas seule à préparer le repas. Mme Sissoko était entourée de ses propres sœurs,  de ses belles sœurs et plusieurs amies.

A.D.SISSOKO

Source:L’Essor

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