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GESTION DU POUVOIR : L’épine RPM au pied d’IBK

Depuis son accession au pouvoir en 2013, le président de la République Ibrahim Boubacar Keita n’a connu que d’échecs et cela sur presque tous les plans. Les sources de ces problèmes sont bien connues de tous, mais en premier lieu son parti, le RPM, et surtout le président de ce parti, DR Bocary Treta, soutenu par d’autres caciques, membres fondateurs du parti, qui estiment n’avoir pas été récompensés des efforts consentis depuis la création du RPM, au moment où IBK était en exil forcé, suite à sa défenestration du poste de Premier ministre, par le président Alpha Oumar Konaré. Sans nul doute, certains membres fondateurs du Rassemblement pour le Mali (RPM) dont son actuel président, Dr Bocary Tréta, et beaucoup d’autres barons, font partie de ceux qui ont grossi les rangs des opposants au régime IBK.

C’est vrai que, pendant que la période chaude pour IBK qui venait d’être défenestré de la Primature par le président Alpha Oumar Konaré, l’obligeant à s’exiler pour vivre entre le Gabon et la Côte d’Ivoire, des barons actuels du RPM ont mouillé le maillot pour créer le RPM et le confier à IBK, lui créant aussi et en même temps, un cadre d’expression politique. Ce qui a aussi desserré l’étau dans lequel l’enfermait l’ex président, Alpha Oumar Konaré, qui réclamait sa tête après s’être servi de lui comme un bouclier, pendant six longues années. Tout le problème a commencé quand ceux-ci se sont sentis écartés lors du partage du gâteau, surtout après l’élection d’IBK en 2013. Tréta qui s’attendait à occuper logiquement le poste de Premier ministre s’est retrouvé dans le gouvernement en tant que ministre de l’Agriculture.

Du simple faire-valoir pour calmer les cadres et militants du RPM qui commençaient à se faire les gorges chaudes, surtout lorsque le président IBK, qui venait d’être élu, les a regroupés dans le cadre d’une rencontre tenue avant son investiture, pour leur faire comprendre : « Je ne suis redevable de personne car ma victoire je ne la dois pas au RPM ». Cette annonce diversement interprétée fut en tout cas une sorte de déclaration de guerre du président IBK contre son propre parti politique.

L‘histoire donnera raison aux cadres du RPM avec les premières nominations effectuées par IBK, annonçant déjà la mainmise de la famille présidentielle et ses proches. La nomination de Tréta au poste de ministre de l’Agriculture dans le premier gouvernement dirigé par Oumar Tatam Ly, au lieu de calmer les esprits surchauffés au RPM, en rajoute car, profitant d’une histoire d’engrais frelaté, Tréta, secrétaire général du RPM d’alors, sera éjecté de son fauteuil ministériel.

 

IBK a défaire de lui, au détour d’un remaniement ministériel. Au même moment, d’autres membres fondateurs du RPM broyaient du noir à force d’attendre une nomination qui ne venait pas. Alors, bonjour le désordre ! Le RPM grossit les rangs des opposants à IBK Les caciques du RPM ne vont pas se résigner et croiser les bras pour prier Dieu de faire revenir IBK sur ses pas et leur tendre la main.

Ils vont déclencher une véritable guérilla politique, en faisant semblant d’être toujours sur la même longueur d’ondes que le président de la République, mais en s’attaquant à tous ceux qui lui sont proches, espérant pouvoir ainsi l’isoler an de lui imposer finalement leur diktat.

Les cadres non reconnus sous les couleurs du RPM seront les premiers à en faire les frais, dont des Premiers ministres, ministres, directeurs généraux, simples administrateurs…Personne n’était épargné par cette sorte de chasse à l’homme et l’on comprend aisément pourquoi des informations, parmi les plus sensibles et devant rester confidentielles, étaient étalées sur la place publique, pour dénigrer des ministres et autres proches du président IBK. En un mot, le RPM a combattu tout le monde.

C’est ce parti qui a été à la base du départ de Moussa Mara de la Primature, comme beaucoup d’autres ministres dont Mohamed Ali Bathily.

Beaucoup d’autres cadres aussi, dont Paul Ismaël Boro, sont allés vers l’Opposition suite à cette guéguerre. Le RPM est la formation politique qui manquait le plus de cadres dans ce pays au moment où IBK accédait au pouvoir en 2013. Surtout de cadres jeunes ! Mais les barons du parti tenaient à imposer leurs militants lors des décisions de nominations sous le prétexte que la priorité doit revenir au parti présidentiel, l’arrogance et le mépris devenant la spécialité de beaucoup d’entre eux, comme si le Mali devait être placé sous leur coupe réglée. C’est dans ce contexte que le congrès du parti s’est tenu, à l’occasion duquel IBK tentait de reprendre en mains le parti en s’appuyant sur un cercle de fidèles soutenu par des proches de la famille présidentielle. Une véritable entreprise de déboulonnement de Tréta et consorts était entreprise au risque de faire éclater le parti en mille morceaux.

Ce que le président IBK, qui séjournait à la Résidence des Hôtes de la Base B, pour être plus près de l’endroit où se tenait le congrès, le CICB, a évité de justesse. En eet, bien que tirant les celles à quelques mètres du lieu du congrès, a finalement dû se résigner à un semblant d’unité, avec Tréta à la tête du parti. Mais la nomination de Abdoulaye Idrissa Maiga comme Premier ministre a beaucoup fragilisé le parti au pouvoir qui était divisé en pro Tréta et pro Abdoulaye Idrissa Maïga, lequel était pressenti pour prendre le poste de président du parti finalement verrouillé par Tréta.

 

En nommant son adversaire comme chef du gouvernement, IBK venait donc de faire un pied de nez à Tréta dont le camp, en riposte, fera tout pour que Abdoulaye Idrissa Maiga échoue, espérant ensuite le remplacer. Ils ont certes gagné le combat du départ de Abdoulaye Idrissa Maïga, mais Tréta sera encore doublé pour le poste de Premier ministre, cette fois-ci par Soumeylou Boubeye Maïga.

Les barons du RPM et le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maiga se regardent en chiens de faïence De nos jours, la mésentente entre le parti au pouvoir et le Premier ministre est un secret de polichinelle. Pour leur choix complaisant des candidats du parti aux législatives prochaines sur fond de violations des textes du parti, le parti au pouvoir se vide au profit de celui du Premier ministre qui s’engraisse ainsi sur les flancs de son allié, le RPM.

 

Comme si cela ne suffisait pas, les personnalités du RPM s’entredéchirent déjà pour le poste de président de l’Assemblée nationale, au lieu de penser à d’abord aider le président de la République à assurer une majorité confortable à l’Hémicycle, en vue de faire passer les nombreux projets de réforme attendus.

Cette guerre de positionnement pour le poste de président de l’Assemblée nationale a amené des membres du Bureau national du RPM à s’immiscer dans les opérations d’investiture dans les structures de base du parti, parce qu’il faut, dès la base, contrôler la liste de candidats aux législatives pour neutraliser toute autre prétention en mesure de faire ombrage à l’ambition de devenir président de l’Assemblée nationale du Mali.

Ce qui, aussi, provoque des frustrations et met le RPM en lambeaux. La conséquence immédiate en est que tous les mécontents, du fait de ses manœuvres guidées par des luttes de clans et d’intérêt, se détournent du parti présidentiel et l’affaiblissent.

D’autres deviennent même de farouches opposants, comme si le RPM était devenu une machine à produire des adversaires du président de la République. Mais Tréta et consorts, ne sont-ils pas en train de scier ainsi la branche sur laquelle ils sont assis ?

Boureima Guindo

 

Source: Le Pays

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