Pour éviter qu’on dévoile le vrai scandale qui risque d’éclabousser des proches du régime, le gouvernement invente précipitamment des mesures pour étouffer la crise du passeport et de la carte d’identité.
Bousculé et contraint, le gouvernement n’avait d’autre choix que de s’investir dans la gestion de la crise de passeport et de carte d’identité nationale. Sinon, comment comprendre le mutisme de l’Etat sur une question que tout le monde vit au quotidien, l’obtention des documents aussi importants que le passeport et la carte d’identité nationale ? Au Mali ou dans les chancelleries maliennes à l’extérieur, le traitement fait par les pouvoirs publics de ces précieux sésames est révoltant.
De sources bien introduites, les raisons qui ont poussé le gouvernement à réagir sont nombreuses. Il a fallu qu’une chaine de télévision étrangère puisse faire un reportage jugeant gênant sur l’obtention du passeport pour voir le régime s’agiter. De plus, un groupe de Maliens de l’extérieur se préparaient à travers des chancelleries et ambassadeurs maliens pour dénoncer le système mafia qui entoure cette affaire.
Car, pour se procurer le passeport, des Maliens de la diaspora sont obligés de payer une importante somme d’argent. D’ailleurs, les plus audacieux de nos compatriotes de l’extérieur sont allés jusqu’à vouloir porter plainte contre l’Etat malien. Et le plus irritant pour le gouvernement, des organisations de droit de l’Homme au niveau international veulent désavouer les conditions d’obtention du passeport.
Des Tomy basanés
Le décès d’enfants malades du cœur, faute de passeport est la goutte d’eau qui a débordé le vase. L’écho que l’affaire de passeport a pris sur les réseaux sociaux et le coup de gueule du célèbre artiste Rokia Traoré sont passés par là. Mais, la véritable criante du gouvernement, en précipitant ces mesures est la création d’une commission parlementaire sur le sujet.
Il nous est revenu que cette commission, à peine mise sur place, a fait une découverte stupéfiante. La pénurie du passeport et de la carte d’identité est entretenue par un puissant réseau constitué d’officiers de la police, de hauts fonctionnaires, d’opérateurs économiques et surtout d’intouchables du régime.
Pour éviter un déballage, le gouvernement a pris l’option la plus simple : une batterie des mesures qui auraient pu être envisagées par un directeur de service. Sans oublier que les mesures annoncées interviennent après que le ministre de la Sécurité et de la Protection civile ait été interpellé à trois reprises à l’Assemblée nationale.
Reste à savoir, quelle va être la suite des enquêtes de la commission parlementaire dirigée par un député de la majorité dans un contexte où l’on veut noyer le poisson.
Alpha Mahamane Cissé
Source : L’Indicateur du Renouveau