Nommé à la Primature, le 7 juin 2021, par le président de la transition, Assimi Goïta juste après la prestation de serment, le président de Comité stratégique du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces patriotiques (M5-RFP), la gestion de Choguel Kokalla Maïga est décriée par la classe politique avec un assaisonnement de ses anciens alliés du Comité stratégique. Il y a donc lieu de se poser la question suivante : où sont donc passées les 4 thérapies avec lesquelles le chef du gouvernement voulait mettre le Mali sur ses pieds ?
En atterrissant à la Primature à la faveur de la lutte effrénée contre le régime démocratiquement élu de feu Ibrahim Boubacar Kéita et la gouvernance de Bah N’Daw durant la première phase de la transition, Choguel Kokalla Maïga disait avoir 4 thérapies devant lui servir à soigner le Mali des maux qui le rongent depuis l’envahissement djihadiste en 2012.
Elles ont figuré dans le Plan d’action gouvernemental défendu par le chef du gouvernement ce vendredi 30 juillet 2021 devant le Conseil national de transition (CNT) au Centre international de conférence de Bamako (Cicb). Sans aucune surprise, cette feuille de route a été largement adoptée le 2 août 2021 par les conseillers du CNT avec 102 voix, 2 contre et 9 abstentions. Le Plan d’action gouvernemental de la transition a été décliné en 9 objectifs assortis d’un chronogramme détaillé avec un coût estimatif de plus de 2 050 063 000 000 FCFA.
Les 4 thérapies sont les axes autour desquels est bâti le Plan d’action gouvernemental. Il s’agissait pour Choguel du renforcement de la sécurité sur l’ensemble du territoire national, les réformes politiques et institutionnelles, l’organisation des élections générales et la promotion de la bonne gouvernance et l’adoption d’un pacte de stabilité.
Mais force est de constaté que la montagne a accouché d’une souris dans la mise en œuvre de ce Plan d’action car Choguel, en présentant le bilan, s’en glorifiait avant son interpellation au Conseil national de transition. Il s’est avéré que le bilan est négatif car n’ayant pas dépassé les 33% que le jeune politique Sarr a qualifié de note de « renvoi si on est à l’école ». Choguel s’est glorifié des avancées dans la lutte contre l’insécurité qui est en réalité à mettre à l’actif des FAMa. S’étant rendu à l’évidence que le bilan est insuffisant, le locataire de la Primature a justifié l’échec par un changement de la donne.
Mais lorsqu’on regarde la réalité en face, on comprend aisément que l’accalmie du front social également mentionnée comme un acquis de son gouvernement, n’en est pas un. L’Union nationale des travailleurs du Mali (Untm) et la Synergie des syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016 ont mis de l’eau dans leur vin à cause des sanctions de la Cedeao contre le Mali. Alors, il faudra comprendre qu’aucune concession n’a été faite pour favoriser quelque gouvernement que ce soit. Donc Choguel n’a qu’à se désillusionner. Déjà, les signes avant-coureurs d’un réchauffement du front social pointent à l’horizon ! L’on n’a pas besoin de jumelles pour les voir.
La vague de demandes de démission de la part des hommes politiques et anciens alliés de l’actuel patron de la Primature le met dans un climat chaud. Elle le fragilise davantage. Selon les partis de l’ancienne majorité sous IBK et d’autres politiques, il n’est pas l’homme qu’il faut pour l’organisation d’élections crédibles et transparentes. Le Cadre des partis et regroupements politiques pour une transition réussie a incessamment réclamé le départ de Choguel pour son échec à rassembler les Maliens autour de l’objectif commun. Aussi, il est accusé de division au sein du M5-RFP qui l’a porté là où il est aujourd’hui. Choguel n’est-il pas en panne criard de stratégie ? Ce regroupement se déchire au vu et au su de l’homme aux 4 thérapies. La question qui taraude les esprits est de savoir ce à quoi ces panacées servent pour leur détenteur.
C’est désormais un secret de polichinelle que Choguel et ses anciens alliés ne soufflent plus dans la même trompette. Après l’échec de plusieurs tentatives de rectification du Comité stratégique du M5-RFP, une importante brochette d’hommes et femmes du Mouvement se sont donné rendez-vous à la Maison de la Presse, ce mercredi 3 août 2022, pour présenter le M5-RFP Mali Kura dont le président de la Codem, Konimba Sidibé est le premier responsable. Autour de lui, on pouvait voir Sy Kadiatou Sow, Mohamed Aly Bathily, Youssouf Bathily alias Ras Bath.
Ils ont manifesté leur désarroi quant à la gestion du pays par Choguel Kokalla Maïga dont il dénonce le clanisme et le favoritisme. Le temps n’est plus à la lessive du linge sale en famille. La place publique a été nécessaire pour étaler au grand jour les déviations dont Choguel a été capable au sein du Mouvement. Dans la déclaration lue par Mohamed Aly Bathily, avocat de son Etat, il fait savoir que la gestion de la transition s’est illustrée par la division au sein non seulement de son propre Mouvement, mais aussi de l’ensemble de la classe politique, et voire celle des institutions de la transition.
Selon lui, sous la direction de son président, le Comité stratégique, dans un refus avéré du débat, a choisi de diviser en clans ses propres membres. Ne reconnaissant plus l’autorité du Comité stratégique du M5-RFP dirigé par Choguel Kokalla Maïga, selon l’orateur du jour, ils ont décidé de mettre en place le nouveau Comité stratégique qu’ils dédient au Mali Kura. Ainsi, les anciens alliés de Choguel veulent que le M5-RFP soit « un acteur majeur d’une transition de rupture avec les mauvaises pratiques et non une caisse de résonance au service du destin personnel de son président ».
Au regard des demandes répétées de démission par les hommes politiques, la création de ce nouveau Comité stratégique du M5-RFP, en plus de la menace de la Centrale syndicale et des enseignants avec leur article 39, les prochains jours s’annoncent chauds pour Choguel. Par quelle alchimie pourra-t-il sortir la tête de cette épaisse tourmente ?
Bazoumana KANE
Source: L’Alerte