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Gestion de l’image du régime sur les réseaux sociaux : Moussa Timbiné aux antipodes de Dr Marie Madeleine

La communication est un art. On ne s’y improvise pas ; mais, il faut un savoir faire pour l’exercer.

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L’Honorable Moussa Témbiné, le Premier Vice-président de l’Assemblée Nationale, l’a appris à ses dépens. En traitant les internautes maliens de «drogués», il s’est, en plus de s’attirer le courroux de certains, vu tourner en dérision. Au même moment, la Ministre de la Santé et de l’Hygiène publique, tout en étant, quant à elle, à l’écoute des internautes, informe objectivement sur les réformes majeures du Gouvernement et de son Département. Le fossé entre le jeune censé maîtrisé les réseaux sociaux et la vieille Dame néophyte en la matière est grand. Elle lui fait tout simplement la leçon à lui et beaucoup d’autres.

 

Depuis bientôt cinq jours, toutes les personnes qui surfent sur internet et, plus spécifiquement, les réseaux sociaux ont pu voir de nombreux jeunes se revendiquant « drogués » ou même en quête de «de fournisseur de drogue pour se shooter». Cela peut faire peur et faire penser que la dépravation des mœurs chez les jeunes maliens n’a plus de limite. Mais, heureusement, ne vous inquiétez pas, il n’en est rien.

A cet effet, ce phénomène est né à partir d’une déclaration faite par l’Honorable Moussa Timbiné, Premier Vice-président de l’Assemblée Nationale. Ce jour là, recevant la motion de soutien des membres de l’Association Nationale des Secrétaires et Attachées de Directions du Mali, au Président de l’Assemblée Nationale, l’Honorable Issiaka Sidibé, et à la Secrétaire mise en cause par le journal « Le Figaro », Moussa Timbiné, qui avait déjà signé un communiqué au nom du «Syndicat» de l’hémicycle, s’est emporté.

Sa cible ?

Ce n’était pas le Journaliste, auteur de l’article, mais plutôt les internautes. «  …..les drogués qui sont derrière les réseaux sociaux, qui vilipendent, matin, midi et soir, les dirigeants de ce pays, on en a assez, il faut que  l’Etat s’assume. Et, il faut qu’on arrête de telles pratiques», disait-il devant une pléiade de Députés.

Du berger à la bergère, il n’en fallait pas plus pour voir la toile se déchainer contre lui. Si, au début, il y a eu des attaques frontales pour répondre à l’Honorable Député, désormais, c’est plutôt la dérision qui va l’emporter. Ainsi, depuis quelques jours, on voit le fil de l’actualité des réseaux sociaux submergé par des «Je suis drogué», « J’ai besoin d’une dose», «  Je cherche un fournisseur de yamba» etc. La communauté des bloggeurs du Mali (Doniblog) est allée jusqu’à lancer un Hastag (Je Suis Drogué) qui a vite été viral.

Les réseaux sociaux dérangent ?

Cette réaction du Député montre bien la fébrilité de nos Gouvernants face à un «média» sur lequel ils n’ont aucun contrôle. Contrairement aux médias traditionnels, sur lesquels il existe, malgré la liberté apparente, des formes de pressions et de censures, il n’en est pas de même pour les réseaux sociaux. La première et la dernière tentative de museler les internautes a été lors du procès de Ras Bath au Tribunal de la Commune IV, qui avait viré au drame. Une pratique des Etats dictatoriaux qui n’avait pas donné une bonne image du régime. Ici, contrairement aux médias traditionnels, les acteurs ne sont pas connus et il est plus difficile de les contrôler puisqu’ils sont des millions à pouvoir à leur guise publier ce qu’ils veulent. Si, à juste titre ,Umberto Eco disait : « Les réseaux sociaux ont donné le droit de parole à des légions d’imbéciles qui, avant, ne parlaient qu’aux bars, après un verre de vin et ne causaient aucun tort à la collectivité. On les faisait taire tout de suite alors qu’aujourd’hui ils ont le même droit de parole qu’un prix Nobel de…. ».

A cette vérité d’Umberto Eco s’ajoute une autre vérité pour ne pas dire une évidence. L’Internet avec ses lanceurs d’alertes a permis au monde d’être au courant de beaucoup de complots. Le cas du Cyber militant australien, Julien Assange, fondateur du site Wikileaks, est un exemple palpable parmi tant d’autres. Dans une moindre mesure, les images de simples internautes postés sur les réseaux sociaux ont permis aux dirigeants de se rendre compte des vrais problèmes alors que les Rapports de leurs Conseillers jugeaient la situation «normale».

Dr Marie Madeleine la Community manager du régime

L’on a dépassé le stade où il fallait regarder les réseaux sociaux avec méfiance. C’est un outil de notre siècle avec lequel il faut composer. Sur le contient, des dirigeants l’ont compris. Dernièrement, le Président Burkinabè, Roch Marc Kaboré, a donné rendez-vous aux internautes sur Tweeter pour répondre à leurs questions. Dans le gouvernement Modibo Kéïta, s’il y a bien un membre qui accorde de l’intérêt aux réseaux sociaux et aux internautes, c’est bien la Ministre de la Santé et de l’Hygiène publique. Dr Marie Madelaine Togo sait être à l’écoute des internautes et, mieux, d’apporter des réponses à leurs préoccupations. Car, elle, elle a compris qu’au-delà des tons ou propos souvent déplacés, le souci des internautes c’est le bien-être du Mali et des Maliens. Sa dernière réaction aux soucis des internautes date du 19 février dernier. Suite à la dénonciation de la coupure d’eau à la morgue de l’hôpital du Point G elle, elle a fait un post que nous reprenons in extenso : «Après lecture d’un post sur Facebook sur l’état de délabrement et d’hygiène de la morgue de l’hôpital du Point G, je prends bonne note et les dispositions seront prises pour y remédier dans les meilleurs délais, comme cela a été fait à l’hôpital Gabriel Touré suite à la diffusion d’images d’insalubrité qui avaient défrayé la chronique sur les réseaux sociaux en 2015. Cependant, il est à signaler que l’hôpital du Point G est dans une situation financière difficile à laquelle nous sommes en train de faire face : à la date du 29 août 2016, l’hôpital du Point G comptait 1 milliard 300 millions de factures impayées rien que sur l’exercice 2016 (sans compter les impayés de 2012 à 2015). Parmi ces impayés figurent les prestations de dialyse (la subvention de l’Etat de 1 milliard 29 millions de Budget 2016 était entièrement consommée au 31 juillet 2016), l’approvisionnement en oxygène, etc. Aussi, nous avons surtout géré en urgence la prise en charge des activités de dialyse et d’approvisionnement en oxygène en déléguant 557.292.519 francs CFA par divers mandats. Il est à signaler que, depuis le début du mois de février 2017, l’hôpital du Point G a une autonomie de fabrication d’oxygène médical suite à l’installation de générateurs d’oxygène (tout comme à l’hôpital du Mali que l’hôpital Gabriel Touré). Un groupe électrogène de 200 KVA a été installé pour sécuriser les générateurs d’oxygènes de l’hôpital du Point G. L’Etat continue à fournir d’énormes efforts pour le fonctionnement des hôpitaux (plus de 53 milliards de francs CFA pour les 3 dernières années pour ces hôpitaux). Cette année, tous les hôpitaux ont bénéficié d’une augmentation de l’Etat dont l’hôpital du Point G qui a un Budget prévisionnel de 6 milliards 350 millions de francs CFA». Inutile de dire que cette réaction et cette marque d’attention de Madame la Ministre de la Santé a été bien accueillie et appréciée par les internautes qui, en plus d’avoir compris le pourquoi du problème, ont salué les efforts du Gouvernement. Elle a fait de la communication, loin des condescendants qui considèrent les voix contraires comme des «  débatteurs de caniveaux » ou des « drogués ».

Mohamed Dagnoko

Source: LE COMBAT

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