Profitant d’une interview dans le journal Afrique de Tv5, l’ancien ministre de la Défense, mais aussi de l’Administration territoriale sous IBK, Tiéman H. Coulibaly, s’est montré très virulent vis-à-vis de la gestion de la Transition par ses autorités.
L’on a remarqué que ces dernières semaines, plusieurs personnalités politiques se sont montrées très critiques sur la gestion du pouvoir par les autorités maliennes, elles ont été inquiétées voire même arrêtées par la junte militaire. L’on se demande si la transition malienne ne connaît pas une dérive autoritaire.
Tieman Hubert Coulibaly, ancien ministre des affaires étrangères et président de l’UDD, donne son point de vue sur la situation inquiétante de son pays. Il estime de prime abord qu’en réaction aux conclusions des travaux menés par la CEDEAO, ce qui se profile ce sont des sanctions additionnelles à partir du mois de janvier. Selon lui, il faudra tout mettre en œuvre pour éviter ces sanctions aux populations maliennes. « Il s’agira des sanctions économiques et financières dans une situation économique déjà bien dégradée par la Covid-19 et surtout la dégradation de l’environnement international ».
Concernant les élections fin février, il affirme que ce calendrier avait été établi par ceux-là même qui sont aujourd’hui aux commandes conformément à la charte. Toutefois, Tiéman avoue qu’ils avaient avec d’autres partis politiques plaidé en faveur d’un consensus national mais dans la clarté des agendas. « Nous avions demandé à ce que les difficultés techniques soient résolues dans un ensemble cohérent national, mais les autorités maliennes actuelles ont préféré se cacher », lance-t-il.
Toujours selon l’ancien ministre, « si aujourd’hui les assises nationales sont lancées à travers le pays et prétendent que cela pouvait se faire efficacement et en tirer des conclusions qui selon les autorités maliennes pourraient être pertinentes, pourquoi n’avoir pas entrepris les tâches techniques et administratives nécessaires pour l’organisation des élections ? Donc on peut bien dire qu’il y a un agenda caché », a-t-il affirmé sans détour.
Pour lui, les pratiques actuelles représentent un danger pour les acquis démocratiques même si notre démocratie a connu des faiblesses depuis 1991. Cependant il s’étonne qu’aujourd’hui au Mali, dès que vous émettez le moindre son ou que vous bougez la moindre petite oreille, on vous envoie en prison. M. Coulibaly affirme que mettre un individu en prison est un acte grave. « On dit que la détention c’est l’exception, la liberté la règle ». « Nous ne pouvons pas nous permettre de mettre tout le monde en prison dès lors où sont entendus des avis contraires ou contrariants pour certains », lâche-t-il.
Tiéman Coulibaly estime que le Mali assiste aux dérives de la junte qui sapent notre construction démocratique et qui montre en effet que ce régime-là est en train de se diriger vers quelque chose de très autoritaire, voire même dictatorial. Il trouve que ce régime adopte des méthodes fascistes en appelant à la violence ciblée et des appels à la guerre civile.
Concernant sa prétendue fuite, il a tenu à mettre les choses au point : « Je me sens parfaitement libre de rentrer au Mali. Je ne suis pas en fuite car pour l’être, il faudra être poursuivi, chose qui n’est pas mon cas ». Par ailleurs, il soutient que ce qui se passe actuellement au Mali est très dangereux. « Nous entendons des individus qui sont liés au premier ministre ou à la junte qui font des appels à la guerre civile, qui désignent des coupables ». Pour finir, il lance un appel à l’unité et aux discussions afin de trouver un consensus face à la communauté internationale. Malheureusement, il avoue que c’est ce moment qui est choisi par le gouvernement pour se radicaliser et devenir brutal.
Ahmadou Sékou Kanta
Source: L’Observatoire